«Les conflits éclatent rarement à cause de l’argent, précise François Morency, planificateur financier et président d’Aviso. Par contre, c’est sur ce terrain que ça se joue.»
En règle générale, l’argent est un moyen d’atteindre certains objectifs qui servent un intérêt commun. Les couples, par exemple, auront à coeur de bâtir une vie commune, tandis que des partenaires d’affaires veilleront à la pérennité de leur entreprise.
Cependant, le tableau peut rapidement s’assombrir en raison d’une mauvaise communication. «Souvent, chacun a un objectif, mais aucun des deux partenaires n’en a parlé à l’autre, constate François Morency. Omettre de formuler ses attentes alimentera des frustrations qui pourront ensuite s’exprimer de bien des façons.»
Mettre les choses au clair
Pour élaborer une planification financière solide, François Morency recommande donc à ses clients de définir leurs objectifs séparément dans un premier temps, puis de répéter l’exercice, de concert cette fois. Cela permet de mettre en place un plan d’action qui visera à atteindre ces objectifs et de déterminer les ressources communes dont ils disposent pour y parvenir.
«Grâce à cette stratégie, les clients bâtissent ensemble, explique-t-il. Par contre, si l’un d’entre eux se considère lésé, cela veut dire que les valeurs de ce partenariat sont fragiles.»
Tony Guzzo, conseiller chez Expertiz services financiers, fait un exercice semblable avec sa clientèle, composée principalement d’entrepreneurs.
Pour mieux comprendre les défis auxquels ses clients font face, Tony Guzzo leur demande systématiquement de dresser la liste de leurs préoccupations, mais aussi des différentes occasions qui s’offrent à eux.
«Évoluer dans une entreprise, c’est être constamment confronté à des changements, qu’ils soient de nature technologique ou liés aux ressources humaines», souligne-t-il.
Cet échange permet aussi de désamorcer d’éventuels différends. «Les clients qui sont impliqués dans un conflit avec leur associé se sentent en général bien seuls, reconnaît Tony Guzzo. Ils se confient donc facilement à moi.»
Le conseiller d’Expertiz refuse de tenir un rôle d’arbitre ; il se voit plutôt comme un «quart-arrière financier». «J’essaie de conscientiser les entrepreneurs en les aidant à dédramatiser et à considérer tous les éléments.»
Pour ce faire, il s’est entouré d’un réseau de professionnels, et il travaille parfois à l’aide d’outils comme les tests psychométriques, qu’il trouve très utiles pour déterminer les valeurs globales d’un individu.
«On éviterait beaucoup de problèmes si l’on prenait la peine de mieux comprendre l’individu derrière l’homme d’affaires avant de s’associer ! Des valeurs, ça ne peut pas se changer», soutient Tony Guzzo.
Se préparer au pire
Puisqu’on ne sait jamais comment un partenariat pourrait se terminer, il ne faut pas négliger d’établir des règles. «Si tu veux la paix, prépare la guerre», rappelle François Morency.
Convention entre actionnaires, évaluation de la valeur de l’entreprise, mises en place d’une méthode de gestion, ou dans le cas des couples, signature d’un contrat de vie commune, il existe une panoplie de moyens pour éviter des litiges.
Cependant, François Morency mise surtout sur l’intelligence financière de ses clients, un outil indispensable pour se développer, tant comme entreprise que comme couple.
Le conseiller peut également choisir de faire appel à d’autres professionnels, notamment un comptable ou un notaire. «Je sais ce que je connais, mais je sais aussi ce que je ne connais pas», dit-il.
Le président d’Aviso émet néanmoins un bémol quand il s’agit d’impliquer un avocat. «Si l’un des deux clients en appelle un, l’autre fera de même. Ça durcira tout de suite le ton.»
En dernier recours
En cas de différends irréconciliables, l’important est de ne pas envenimer les choses, afin que la fin de l’association se passe relativement sans heurts.
«Personne n’est obligé de rester associé à une autre personne, souligne François Morency. Par contre, il faut savoir que le fait de se rendre jusqu’à la liquidation de l’entreprise aura des conséquences fiscales néfastes.»
Et quand le ton monte et qu’il semble de plus en plus difficile d’arriver à une conciliation, les conseillers recommandent souvent la médiation.
«Notre priorité est que les deux parties soient gagnantes, soutient François Morency. Nous essayons à tout prix de dissuader nos clients d’entamer des poursuites.»
«Les clients comprennent qu’en s’engageant sur cette pente, ils atteindront un point de non-retour», indique pour sa part Tony Guzzo.
En effet, ceux qui décident malgré tout d’entreprendre des procédures judiciaires déchantent rapidement et finissent par régler leurs conflits sans se rendre jusqu’à un procès.
Toutefois, la bataille judiciaire semble parfois inévitable. «On le voit dans les conflits familiaux, souvent à cause des successions, dit François Morency. Chacun veut la plus grosse part du gâteau.»
Une situation que l’on peut éviter en se dotant d’un testament clair, bien rédigé. «Ainsi, les volontés du défunt seront respectées, et les biens seront partagés dans l’intérêt fondamental des bénéficiaires», conclut-il.