Quand Maxime Gauthier s’est joint à l’équipe de Mérici services financiers en 2006, son patron Michel Boutin et lui n’ont pas annoncé d’emblée qu’ils partageaient un lien familial. Ce n’est généralement qu’au détour d’une conversation que les autres employés apprennent que le président fondateur de l’entreprise est l’oncle de celui qui est maintenant chef de la conformité et représentant en épargne collective.
Dans certaines entreprises familiales, les autres employés peuvent avoir une perception négative de la situation, et y voient un traitement de faveur de la part du patron envers le membre de sa famille.
« Le patron doit être en mesure d’évaluer objectivement son employé, de lui dire s’il ne fait pas l’affaire et surtout, de ne pas démontrer de favoritisme, bien que ce soit un membre de sa famille, signale Monette Malewski, présidente et directrice générale pour le Groupe M Bacal. Sinon, c’est l’entreprise qui en souffrira. »
Heureusement pour le duo oncle et neveu, il n’est pas coutume d’avoir à faire face à ce genre de réaction de la part des autres employés.
« C’est rarement arrivé que le lien familial que j’ai avec Maxime pose problème pour les autres employés, explique M. Boutin. Lorsque ça a été le cas, c’est qu’il y avait un problème plus important derrière qui n’avait aucun rapport avec le fait que je travaille avec mon neveu. »
Des conflits plus importants
Il est presque inévitable que des conflits surgissent quand on se côtoie tous les jours. Mais lorsqu’il y a un désaccord professionnel entre deux membres d’une même famille, les parties pourraient avoir tendance à prendre la critique plus à cœur.
« J’aimerais dire que quand j’ai un conflit avec ma mère au bureau, je ne le prends pas plus personnel, mais c’est faux, illustre Lianne Ulin, qui est la fille de Monette Malewski. Ça peut faire un peu de peine, mais on passe rapidement par-dessus. »
Maxime Gauthier et Michel Boutin vivent sensiblement la même situation. « On a tous les deux un caractère fort, ajoute Maxime Gauthier. Quand on a un désaccord, on boude pendant 10 minutes et après on s’explique. »
Attention de ne pas infantiliser son employé !
Un parent voit toujours son enfant comme son bébé même une fois rendu à l’âge adulte. Certains ne pourraient s’empêcher d’infantiliser leur enfant, plutôt que d’assurer son indépendance professionnelle.
Or, le contraire est aussi vrai. Il peut arriver que l’enfant veuille suivre le même chemin que son parent.
« Monette ne m’a jamais infantilisée, raconte Lianne Ulin. Par contre, je me suis mis beaucoup de pression pour avoir autant de succès qu’elle, et je me disais que je ne serais jamais capable d’atteindre son niveau. J’ai appris au fil du temps que je devais forger ma propre carrière sans nécessairement suivre la même piste que ma mère. »
La communication est la clé de la réussite
Comme patrons, Michel Boutin et Monette Malewski le répètent souvent : il faut que la communication soit ouverte entre les membres de la famille pour qu’il soit possible de travailler ensemble de manière harmonieuse.
« Maxime et moi, on se dit les vraies affaires et pour nous ça fonctionne très bien, soutient Michel Boutin. Je suis toujours ouvert à la discussion. »
« Il est très important que les deux parties aient une bonne ouverture d’esprit, ajoute Monette Malewski. Les plus vieux ne devraient pas être réfractaires aux changements, et les jeunes devraient respecter les protocoles en place même s’ils semblent vieillots. »
Ne pas hésiter à demander de l’aide extérieure !
À l’aide d’un conseiller en entreprise familiale, le Groupe M Bacal a instauré plusieurs règles pour s’assurer que tout se déroule bien au bureau. L’un des éléments mis de l’avant a consisté à ne pas mélanger la vie de travail et la vie de famille.
« On ne parle pas de nos affaires personnelles au bureau et de nos affaires de bureau à la maison, explique Monette Malewski. De toute façon, nous sommes tellement occupés que les occasions ne se présentent pas souvent ! »
Satisfaite de son expérience avec le consultant en entreprise familiale qui les a aidés, Monette Malewski a récemment entrepris une formation pour soutenir les entreprises familiales dans leur désir de se structurer. Sa fille suivra la même formation prochainement.
« Il faut être patient et prendre le temps de bien faire les choses, conclut Lianne Ulin. Ça nous a pris plusieurs années avant d’y arriver, mais nous y sommes maintenant et on s’amuse au travail, c’est le plus important. »