Les changements de marché peuvent être dévastateur pour un investisseur qui ne s’y attend pas et n’y est pas préparé. Par exemple, le passage de la croissance à la valeur peut avoir de graves conséquences pour quelqu’un de lourdement investi en actions de croissance de haute technologie, affirme Peter Hodson, CFA, est fondateur et chef de la recherche de 5i Research, dans un article du Financial Post.
Après un long cycle de marchés haussiers, la volatilité a refait son apparition sur le marché et certains pensent que nous sommes sur le point de connaître un ralentissement économique. Pour aider vos clients à aborder plus sereinement cette période plus difficile, voici cinq choses que vous devriez considérer.
1) Garder les actions à dividendes à l’œil
Les investisseurs ont boudé les actions à dividendes cette année car ils anticipaient une hausse des taux d’intérêt. Même les titres classiques comme BCE et Enbridge ont connu une chute de respectivement 5 % et 9 %. Mais maintenant que la Réserve Fédéral américaine et la Banque du Canada s’inquiètent du ralentissement de la croissance, les investisseurs présagent de la possible fin de la hausse des taux.
Ainsi, ces actions à dividendes que les investisseurs évitaient cette année pourraient devenir intéressantes. Selon la situation économique en 2019, ce type de titres et les fiducies de placement immobilier et les jeux de redevances pourraient bien mieux s’en tirer que cette année, déclare Peter Hodson.
Michel-Olivier Marcoux, représentant de courtier en épargne collective et conseiller en sécurité financière chez Gestion de patrimoine ASF, garde également les actions à dividende à l’œil.
« Généralement, ce sont les grandes compagnies qui versent des dividendes, c’est rare qu’une petite entreprise verse des dividendes stables. C’est sûr que les grandes compagnies bien établies sont souvent plus stables en fin de cycle, donc c’est une bonne idée d’en avoir », explique-t-il.
2) Ne pas ignorer le style croissance
Lors de périodes de ralentissement économique, il est possible de continuer à être un investisseur qui opte pour une approche de style croissance, mais la prudence est de mise. Vous devez opter pour une croissance fiable. Recherchez des sociétés avec des bilans solides, une forte part de marché et un pouvoir de fixation des prix, conseille Peter Hodson.
Sachez qu’un titre de croissance à 75 fois le rapport cours-bénéfice va être plus vulnérable sur un marché faible qu’un titre de croissance à 35 fois le rapport cours-bénéfice.
Selon Michel-Olivier Marcoux, il ne faut effectivement pas négliger le style croissance, mais s’assurer de miser sur la qualité. Il aurait toutefois plus tendance à recommander un mélange du style croissance et du style valeur.
« Je pense que les deux styles sont importants à avoir et ça nous permet de ne pas avoir à ‘‘timer’’ le marché et regarder quand les fonds de type croissance vont mieux et quand les fonds de type valeurs vont mieux », précise-t-il.
3) Ne paniquez pas
Les récessions, même si l’une est sur le point de commencer, ne sont généralement pas si mauvaises, affirme Peter Hodson. En ce moment, les investisseurs regardent avec crainte la courbe de rendement inversée car celle-ci a prédit presque toutes les récessions de ces 50 dernières années.
Les investisseurs ont toutefois tendance à oublier que les marchés, en moyenne, se sont bien comportés au cours de la période qui a suivi la première inversion des rendements jusqu’à la véritable récession. Depuis 1978, l’inversion de la courbe se produit généralement 21 mois avant la véritable récession et l’indice S&P 500 augmente en moyenne de 12,7 % pendant cette période, note Peter Hodson.
Il vous reste donc encore du temps pour changer votre portefeuille si vous voulez adopter une approche plus défensive. Ensuite, rappelez-vous qu’il y a toujours des opportunités de gagner de l’argent.
Quand la courbe s’inverse, Michel-Olivier Marcoux, lui, commence à positionner ses portefeuilles pour la tempête. Particulièrement les portefeuilles de ses clients qui ne sont pas à l’aise avec la volatilité, qui s’approchent de la retraite ou de la période où ils vont avoir besoin de décaisser.
4) Les secteurs à considérer
Dans les marchés plus défensifs, certains secteurs ont tendance à mieux performer. C’est le cas du secteur des biens de consommation courante, de celui des services publics et le secteur des télécoms, affirme Peter Hodson.
Michel-Olivier Marcoux est pour sa part d’avis que tout ce qui est fournisseur d’électricité, de gaz ou les compagnies qui fournissent de l’eau sont des compagnies qui sont certainement les moins risquées. Les gens sont encore obligés d’utiliser de l’eau et de l’électricité, même en période de récession.
Il estime aussi que les compagnies qui proposent des produits moins chers comme les restaurants McDonald, Wallmart ou Dollarama ont également tendance à être stables. Les récessions affectent généralement davantage la classe moyenne, car c’est elle qui risque de voir ses revenu et ses placements diminuer et qui sera le plus susceptible d’être forcée de réduire son rythme de vie. Mais ces compagnies continuent d’offrir des services peu chers que ces consommateurs peuvent encore se permettre.
Dans une économie nerveuse, les investisseurs recherchent davantage de fiabilité, de flux de trésorerie constants, et des entreprises susceptibles de résister à la récession. Ce type de titres offre une certaine stabilité.
5) Assurez-vous de la qualité de vos titres
Une période économique qui tourne au ralenti ne laisse pas la possibilité aux investisseurs de « jouer ». Lorsque les taux et l’économie changent, il y a plus d’incertitude. Les investisseurs ne devraient donc pas miser sur des entreprises trop valorisées ou les choisir d’après des dépliants publicitaires.
Par exemple, de manière générale, les titres dans des secteurs comme le cannabis et la blockchain fonctionneront moins bien dans un tel environnement. Notez également que lorsque les investisseurs ont peur, les petites entreprises sont vendues en premier.
Ainsi, si vous envisagez de collectez des fonds, commencez par vendre les petites entreprises et les sociétés spéculatives.
« Les titres spéculatifs comme la blockchain ou le cannabis peuvent se faire frapper qu’il y ait une récession ou pas », souligne Michel-Olivier Marcoux. « Toutefois, en période de récession, c’est sûr que ça peut être parfois les premiers à partir. »
Selon lui, il est également possible que les titres comme Amazon se fassent frapper plus forts que les autres.
« C’est rendu à un niveau presque spéculatif tellement c’est haut. Donc un tel titre peut être frappé plus fort. »
Pour lui, il faut faire attention aux titres spéculatifs, mais davantage à la grosseur des entreprises, car encore une fois les entreprises à petite capitalisation sont les plus susceptibles d’être frappées.
« Par contre, je ne dis pas de vendre toutes nos petites compagnies ou toutes les petites capitalisations, parce que le jour où la récession termine, ce sont elles qui vont être très fortes, en période de début de cycle. Elles vont beaucoup augmenter. Je pense que ça revient toujours au fait d’être bien balancé. Je pense qu’en ayant un portefeuille bien diversifié, on peut réussir à avoir un rendement sur le long terme qui va être bon », conclut-il.