Les ménages ne comptant qu’une seule personne au Canada totalisaient 4 millions de Canadiens, soit 28 % de la population, ce qui est davantage que ceux formés d’un couple avec enfants, selon les plus récentes données de Statistique Canada, celles de 2016, publiées en mars dernier.
Des facteurs clés
Certains facteurs de protection deviennent plus importants pour une personne seule. « L’assurance salaire est la variante la plus significative », estime Yves Lavigne, planificateur financier et président du cabinet Services financiers Yves Lavigne, situé à Montréal. « L’épargnant doit pouvoir continuer à payer le loyer, l’épicerie et l’hypothèque. Je pense aussi à l’assurance maladies graves et à l’assurance invalidité. C’est davantage important quand quelqu’un est seul. »
Yves Lavigne donne comme exemple la personne qui a omis de contracter une assurance invalidité et qui se trouve soudainement dans l’incapacité de travailler pour une longue période. Cette personne pourrait alors connaître de graves problèmes financiers, voire perdre sa maison.
« Nous voyons souvent, chez la personne seule, un niveau d’anxiété accru », observe de son côté Daniel Guillemette, fiscaliste, conseiller en sécurité financière et président de Diversico, Experts conseils, dont le siège social est situé à Brossard. « Elle n’a peut-être pas toujours été empathique et aidante envers les gens, et sera portée à croire qu’au moment où elle-même aura besoin d’aide, personne ne viendra à son secours. Elle doit vraiment s’auto-suffire. »
Daniel Guillemette précise que l’entretien avec une personne seule tourne souvent autour de legs à une ou à des œuvres de charité, ou à un ami ou parent proche, et de l’importance de maximiser ses placements. « Ce n’est pas compliqué parce qu’il y a beaucoup moins d’enjeux », reconnaît-t-il.
Parmi les divers types de ménages composés de personnes vivant seules, il y a celui formé par les nouveaux diplômés, qui souhaitent vivre bientôt en couple. Ce type de ménage compose 20 % des clients suivis par Stéphane Roy, planificateur financier et président de Sommet Groupe financier Inc., qui compte des bureaux à Laval, à Québec et à Gatineau. « Ces jeunes ont plus de chances que leur vie change à court, à moyen ou à long terme. Mes recommandations se fondent sur leurs objectifs. »
Les similarités
Pourtant, les trois conseillers interrogés sont unanimes. Leur approche avec les personnes seules ne diffère pas de celle adoptée avec le reste de leur clientèle! « Sur le plan des recommandations, je dirais qu’il n’y a pas tant de divergences entre une personne seule et une personne en couple parce que je me base sur ses besoins, ses aspirations, ses rêves et ses contraintes », soutient Daniel Guillemette.
Yves Lavigne est du même avis. « Nous devons nous baser sur les besoins, toujours, toujours. Nous devons considérer l’ensemble du dossier du client, ce que j’appelle la forêt. Ça nous aide à donner de bonnes recommandations. » Il répète que tout client doit viser l’indépendance financière pour pouvoir pallier toute éventualité, qu’il s’agisse de séparation, de maladie ou de décès. « Si les conjoints ne sont pas mariés, ils ne lèguent rien. Dans ce cas, le testament devient un instrument bien important », prévient Yves Lavigne.
« Quand on vit en couple, il est logique de ne pas se fier à l’autre. Dans les cas que j’ai vus, si un des conjoints devient par exemple invalide, l’autre risque de moins travailler », fait remarquer Stéphane Roy.
Avec les nouveaux diplômés, Stéphane Roy se penche sur leur budget, soit leurs revenus et leurs dépenses, l’impôt à payer ainsi que la marge de manœuvre qui leur permet de se divertir. Il y ajoute ce qu’il appelle son échelle de privation, qui s’étend de 1 à 10. Le client qui se situe à 1 adoptera un mode de vie spartiate pour rembourser rapidement ses dettes ou son hypothèque. À l’autre bout de l’axe, un autre client ne s’inquiétera pas d’un important crédit contracté, confiant qu’il pourra l’acquitter à temps.
En somme, le conseil en planification financière se compare à un art sur le plan de l’écoute, croit Daniel Guillemette. « Certains clients sont maladroits pour exprimer ce qu’ils pensent ou ce qu’ils ressentent. Le conseiller qui a vraiment réussi à parfaire son art comprend le volet non verbal et creusera davantage sur ce qui est dit ou mal dit. C’est vraiment là que ça se passe. »