Selon une étude réalisée en 2015 par Moneysense, élever un enfant au Canada coûterait en moyenne 13 000 $ par année, soit plus de 272 000 $ de sa naissance à sa maturité.
C’est pour cela que Bruno Therrien, planificateur financier chez IG Gestion de Patrimoine, estime qu’il est important de préparer ses clients à un tel événement au lieu d’avancer là-dedans sans trop se poser de questions et devoir faire face à de désagréables surprises qui pourraient avoir un impact néfaste à long terme sur les finances.
« Au même titre que lorsqu’ils ont un gros projet comme l’achat d’une maison, partir en affaires ou la retraite, vos clients devraient faire un plan et prévoir ce que cette naissance pourrait coûter. Ils doivent intégrer cela à leur plan financier », conseille-t-il.
Cette planification est d’autant plus importante qu’un tel événement est très lié aux émotions et que, de ce fait, les parents ont tendance à s’oublier et oublier leurs besoins futurs. À son avis, il est possible de trouver un juste équilibre et faire en sorte que tout se déroule bien à condition de s’y prendre à l’avance.
« Il faut toujours trouver un équilibre, parce qu’on peut souhaiter le mieux pour son enfant, souhaiter qu’il aille dans les meilleures universités, puisse faire tout ce dont il rêve, mais notre enfant ne nous fera pas vivre lorsque nous serons à la retraite », prévient-il.
Combien planifier?
Il est évidemment difficile de répondre à une telle question. La somme à prévoir varie beaucoup d’une famille à l’autre. Il y a bien des moyennes et des statistiques, mais personne n’est jamais exactement sur la moyenne, note Bruno Therrien. Certains dépensent bien plus, d’autres bien moins.
« C’est pour cela qu’il est important de faire cet exercice de budgétisation sur une base individuelle », insiste-t-il.
Certains sont capables de se débrouiller avec quelques milliers de dollars, décident d’utiliser des couches jetables, sans compter qu’un nouveau venu dans la famille pourrait impliquer l’achat d’un plus grand logement ce qui aurait évidemment des conséquences sur le budget familial.
Selon Bruno Therrien, l’exercice de budgétisation devrait se découper en deux étapes : avant la naissance de l’enfant et après sa naissance.
Avant la naissance
« La budgétisation devrait commencer au moment où les gens décident qu’ils veulent avoir un enfant », propose Bruno Therrien.
Il est nécessaire de se renseigner sur les prestations parentales qui peuvent être offertes par l’employeur et ce qu’il y a pour le congé parental au niveau du Québec. Il est important de regarder la longueur du congé et l’impact de celui-ci sur les finances du foyer.
Quel parent devrait prendre le congé parental? Certains calculs sont nécessaires. Ensuite, il faut revoir le plan financier actuel pour établir les montants à épargner en vue de la venue du bébé et des choses qu’il faudra acheter : table à langer, biberon, berceau, poussette, couche, etc.
Un premier enfant coûte toujours plus car les parents partent de zéro. Un conseiller pourrait proposer aux parents d’aller se promener dans des ventes de garage ou sur Internet. Il est ainsi possible que la poussette coûte 100 $ au lieu de 300 ou 400 $. Il y a également des lots de vêtements que l’on peut acheter ce qui pourrait grandement aider, surtout que les bébés grandissent très rapidement et qu’il est donc inutile d’acheter des vêtements trop coûteux.
Il est aussi important de s’informer sur les assurances, comme l’assurance vie, invalidité ou maladie grave.
« Là c’est un gros piège, parce que les parents ont tendance à se dire : je dois assurer mon enfant. Mais on l’assure pourquoi? J’ai déjà vu des gens prendre plus d’assurance sur la tête de leur enfant que sur la leur. Mais si l’enfant décède, financièrement parlant, il ne laisse pas les parents dans le trouble alors que l’inverse est vrai », constate Bruno Therrien.
Évidemment, il est toujours possible de considérer ces assurances comme un investissement à long terme, mais que vaudront 100 000 $ d’assurance dans 25-30 ans, s’interroge le planificateur financier. Certains employeurs offrent des programmes d’assurance collective qui permettent d’assurer l’enfant à même le forfait familial, ce qui pourrait être une solution simple et avantageuse.
S’il est important de considérer quelles assurances sont nécessaires pour bébé, il est essentiel de mettre à jour ses propres assurances ainsi que son testament afin d’inclure notamment des volontés concernant l’éducation, la garde du futur enfant, son héritage et nommer un tuteur pour les enfants mineurs en cas de problème.
À la naissance du bébé
La plupart des prestations gouvernementales se déclenchent automatiquement lorsqu’on inscrit son bébé en tant que citoyen. Ainsi il y a l’Allocation canadienne pour enfant, un montant fixe qui est calculé selon le revenu familial, qui est automatiquement versée.
Cependant, on peut également prévoir un Régime enregistré d’épargne-études (REEE) car le gouvernement offre une subvention de 25 % minimum aux gens qui y cotisent. Cette prestation peut même être plus grande selon le revenu des parents. Le gouvernement espère ainsi inciter les jeunes à poursuivre leurs études post-secondaires sans que la notion financière soit une embûche.
Quant au frais de garde, ils se calculent par jour. Si les parents font affaires avec un CPE accrédité, ceux-ci s’élèvent à environ 8 $ par jour. Toutefois, ils peuvent être plus hauts selon le revenu de la personne, il est donc important de vérifier dans quelle tranche on se trouve.
Concernant les études, bien que certains articles que nous ayons récemment publiés font état du fait que de nombreux parents sont contraint de choisir entre leur épargne-retraite ou aider leurs enfants pour les études, Bruno Therrien affirme que celle-ci ne devrait pas être un problème à condition que les parents aient fait un budget.
« Si notre enfant étudie au Québec, les sommes ne sont pas astronomiques. Bien sûr, s’il doit quitter le foyer familial et qu’il y a des frais de loyer et d’épicerie c’est une autre histoire, mais la scolarité ne devrait pas remettre en question notre financement au REER. La question à se poser serait plutôt de l’ordre de : est-ce que je cotise pour les études de mes enfants où on fait le voyage dans le sud qu’on désirait faire », déclare-t-il.
Selon lui, si elle est bien préparée, la venue d’un enfant ne devrait pas remettre en question le plan financier. Un planificateur financier peut aider à bien préparer l’arrivée de celui-ci et l’intégrer au budget familial afin de ne pas remettre en question la retraite des parents. « Tout est une question de choix et d’équilibre », conclut-il.