Un homme couché dans un lit les yeux grand ouvert.
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Et ces difficultés affectent de nombreux aspects liés à leur emploi dont l’absentéisme, le présentéisme, la performance, la productivité et par-dessus tout, la santé mentale. Dre Maude Bouchard, neuropsychologue et spécialiste du sommeil, énumère les leviers d’actions sur lesquels peuvent miser les conseillers pour tomber plus facilement dans les bras de Morphée et ainsi favoriser leur mieux-être et celui de leur firme.

Dre Bouchard, qui est aussi directrice de la recherche et du développement chez HALEO, une clinique virtuelle du sommeil offrant ses services aux entreprises, met d’abord en lumière l’impact crucial du sommeil des équipes sur l’environnement de travail. « Les gens qui souffrent d’insomnie ont 2,5 % plus de chance de partir en congé d’invalidité et les coûts de remplacement peuvent être élevés », mentionne-t-elle.

Elle spécifie que les erreurs et les accidents causés par un sommeil inadéquat peuvent engendrer de graves conséquences pour les entreprises autant sur le plan monétaire que sur la sécurité des individus. « Que ce soit un travailleur qui fait une erreur de mouvement dans une usine ou un professionnel qui se trompe dans un chiffre par manque de concentration, les coûts liés à cela peuvent être énormes », illustre-t-elle. Donc, quand et comment agir ?

Périodes occupées

Les périodes de fin d’année, des impôts et des REER sont certainement plus occupées pour les conseillers et le flot élevé de travail peut entraîner des problèmes de sommeil chez certains d’entre eux. L’aide qu’apportera un employeur à son personnel par rapport à cet enjeu ne devrait toutefois pas avoir lieu durant la période concernée. Celui-ci devrait plutôt sensibiliser ses troupes à l’importance de maintenir une saine hygiène de sommeil à longueur d’année.

« Ce qui est intéressant et important pour les travailleurs dont la charge de travail augmente grandement à certaines périodes de l’année, c’est surtout de considérer le “avant et après ”. En général, durant le “pendant”, on a un peu moins de contrôle sur l’ampleur de la tâche et le stress est plus grand. L’idéal est donc d’essayer de mieux gérer son sommeil avant la période occupée pour mettre toutes les chances de son côté », explique Dre Maude Bouchard.

Cette dernière mentionne que les conseillers ne doivent pas non plus négliger la période qui succède les moments chargés de l’année, c’est-à-dire en s’assurant de profiter de ceux-ci pour récupérer.

Horaire adapté aux différences individuelles

Les conseillers devraient donc intervenir sur leur sommeil au moment où leur horaire contient plus d’espace libre pour le faire. Tout d’abord, il s’agirait de ne pas se comparer aux autres, car les besoins physiologiques et psychologiques en la matière peuvent varier d’un individu à l’autre. Un dirigeant de firme aurait intérêt, par exemple, à offrir de la flexibilité dans les horaires et l’environnement de travail en fonction de chacun de ses employés.

En effet, s’il est vrai que certaines personnes ont besoin de peu d’heures de sommeil pour être fonctionnel, par exemple, il demeure que pour la plupart des gens la situation est toute autre. « Il est difficile d’aller à l’encontre de la partie de nous qui est déterminée génétiquement. Certains peuvent fonctionner avec 5 ou 6 heures de sommeil, mais ce n’est pas le cas de la majorité. L’important est réellement de respecter son besoin individuel », souligne la neuropsychologue.

Dre Bouchard remarque aussi que les mentalités changent et que les employeurs sont de plus en plus conscients qu’ils doivent encourager leur personnel à privilégier un sommeil de qualité et de saines habitudes de vie. « Il y a eu une ‘mode’ où les gens qui disaient ne pas dormir beaucoup était quasiment vénérés et où peu d’heures de sommeil rimait avec plus de productivité. Je constate que cette croyance s’estompe de plus en plus. Les employeurs réalisent que la privation de sommeil et les troubles de sommeil ça a des impacts négatifs autant sur la productivité que sur la santé des individus », rapporte-t-elle.

Conseils en rafale

La spécialiste rappelle quelques conseils simples pour maintenir une bonne hygiène de sommeil : réduire sa consommation d’alcool et de café, bouger davantage, éteindre tous les écrans et tamiser les lumières au moins 15 minutes avant l’heure du coucher. Finalement, s’assurer de s’exposer à la lumière du matin et dans la journée lorsque c’est possible. Avoir une fenêtre qui surplombe son bureau ou à tout le moins une lampe de luminothérapie est donc à privilégier pour tous ceux qui doivent travailler à l’ordinateur, c’est-à-dire, disons-le, à peu près tous les conseillers de nos jours !