Le placement indiciel ne cesse de gagner en popularité. Les investisseurs réalisent de plus en plus que les gestionnaires d’actifs rapportent souvent moins que leurs indices de référence après les frais. De ce fait, beaucoup se tournent vers les fonds indiciels et les fonds négociés en Bourse (FNB). À la fin de 2019, 14 % environ des actifs des fonds communs et FNB domiciliés au Canada étaient investis dans des produits indiciels, rapporte Morningstar.
Les produits indiciels ont des ratios de frais de gestion plus faibles que les produits gérés activement. En moyenne, la détention d’un fonds d’action activement géré coûte à un investisseur 2,8 fois plus cher par an qu’un placement indiciel, calcule Morningstar. De plus, les FNB sont connus pour offrir une belle diversification.
Toutefois, ce dernier point n’est peut-être pas aussi simple. La diversification dépend ainsi de la façon dont l’indice est construit et la région qu’il privilégie. Parfois l’investissement indiciel n’offre pas la diversification prévue.
Pour prouver son point, Morningstar détaille le S&P/TSX 60, qui est reproduit par le FNB iShares S&P/TSX 60 Index.
Celui-ci est surtout investi dans les services financiers (31,57 %), mais il mise aussi sur l’énergie (14,93 %), les matériaux de base (12,12 %), les industries (10,95 %) et la technologie (10,69 %). Il a aussi des positions moindres, entre autres, dans les services de communications (6,62 %) et les soins de santé (0,78).
Cet indice piste les 60 plus grandes sociétés au Canada. Les titres sont ensuite pondérés selon leur capitalisation boursière. L’indice représente les plus grosses sociétés canadiennes, toutefois cela ne veut pas dire qu’il est représentatif de l’ensemble des occasions qui sont offertes. Cet indice est en effet surtout investi dans les secteurs des services financiers, des matériaux et de l’énergie, qui constituent à eux trois près de 60 % du portefeuille.
Si on le compare à l’indice américain le S&P 500, suivi par le FNB BMO S&P 500, celui-ci est majoritairement présent dans la technologie (22,36), mais aussi dans les soins de santé (15,53 %), un secteur peu représenté dans l’indice canadien.
Les indices pondérés selon la capitalisation boursière permettent à l’investisseur d’atténuer le risque inhérent en pondérant plus lourdement les grosses sociétés.
Toutefois, les avantages découlant de la diversification disparaissent dès qu’un indice devient concentré dans un secteur donné. Une leçon que les Canadiens ont douloureusement apprise au début des années 2000.
La pondération des actions technologiques dans l’Indice composé S&P/TSX a ainsi été de 40 % à un moment. Pire, une seule action, Nortel, constituait un pourcentage de 35 % de l’indice. Difficile de parler à ce moment-là de diversification.
Bien que la concentration d’actions et de secteur soit loin de ce qui avait été observé peu avant la bulle technologique, le S&P 500 est tout de même particulièrement concentré dans des sociétés technologiques. Cela représente près du quart de son portefeuille.
Cela prouve que l’indexation ne supprime pas automatiquement le risque de concentration sectorielle. Les investisseurs ont donc tout intérêt à prêter attention aux pondérations sectorielles de leur portefeuille. Si les avoirs commencent à représenter un ou deux secteurs économiques au lieu d’une combinaison représentative de l’ensemble de l’économie, les investisseurs devraient envisager de rééquilibrer leur portefeuille, signale Morningstar.