Observateur privilégié de l’évolution de l’écosystème fintech, Philippe Daoust, qui est notamment impliqué dans un rôle-conseil auprès de l’accélérateur d’entreprises montréalais Holt Fintech Accelerator, est d’avis que le travail des conseillers va nécessairement évoluer de manière à leur permettre d’avoir beaucoup plus de temps à consacrer à leur clientèle.
« Est-ce que la blockchain va affecter le travail des conseillers ? Sans doute. Que ce soit l’intelligence artificielle (IA) ou le Data analytics (DA), qui connaît aujourd’hui une très belle progression, il est certain qu’on voit apparaître une série d’outils pour assister les conseillers et leur permettre de prendre des décisions plus rapidement, mais sans les remplacer dans leur travail. Ces outils vont surtout permettre aux conseillers de consacrer plus de temps à leurs clients. »
Une récente étude publiée par la société-conseil Accenture offre une perspective assez semblable de l’évolution que devrait connaître le travail du conseiller à mesure que la technologie va se développer et être accessible. Évoquant un modèle de « conseil hybride humain/algorithme », l’étude conclut que les conseillers traditionnels, plutôt que de s’éclipser devant les robots-conseillers, vont voir leur rôle-conseil grandir afin de servir davantage leurs clients à mesure que l’automatisation supprimera des tâches à caractère administratif, notamment.
Concernant le robot-conseiller, Philippe Daoust ne constate pas pour l’instant un mouvement d’adoption massif au Canada, bien que « la base de clientèle augmente chez Nest Wealth et Wealthsimple », et qu’il réponde à certains besoins.
Philippe Daoust évoque par exemple des clients très fortunés, qui vont utiliser le robot-conseiller pour boursicoter et se faire plaisir. « Ils vont sur Wealthsimple ou Nest Wealth, ouvrent un compte et expérimentent. Mais ce qu’on voit, c’est qu’ils ont toujours leurs conseillers ».
Puis, il y a les milléniaux, dont un certain nombre utilisent ces outils automatisés comme véhicule principal de placement. C’est le cas par exemple lorsqu’ils sont en train de construire leur richesse, mais n’ont pas encore le niveau d’actif pouvant justifier, selon eux, le recours à un conseiller, qu’ils pourraient rencontrer une ou deux fois par année.
Aussi, ces investisseurs ont souvent le goût de savoir ce qui se passe et le robot-conseiller répond très bien à cette préoccupation. « Mais à mesure que leur richesse augmente, ils vont pour la plupart se diriger vers des conseillers également. Bien sûr, il y aura toujours une partie de la population qui va vouloir tout faire par elle-même, mais rappelons qu’il y avait déjà des solutions pour servir ce type d’investisseurs », ajoute Philippe Daoust.