Selon moi, la tendance la plus intéressante est celle des lancements de produits à émission simplifiée. Quand je dis «intéressante», je ne pose pas un jugement de valeur, je veux dire qu’elle m’intrigue. Peut-être même qu’elle m’inquiète.
Évidemment, ces produits répondent à un besoin – ils n’existeraient pas autrement. Ils intéressent particulièrement les jeunes, qui affectionnent le processus de souscription simple et souvent fait en ligne. Ils apprécient aussi la vitesse à laquelle la police est émise, car ces produits ne nécessitent généralement pas d’examen médical. Évidemment, ces polices d’assurance couvrent typiquement des montants moins élevés.
Cependant, bien que ces produits d’assurance vie et de prestation du vivant puissent être distribués par l’intermédiaire d’un conseiller, ils sont souvent vendus par vente directe au consommateur, sur Internet.
Il sera intéressant de suivre l’évolution de ce canal de distribution direct. Je n’ai rien contre la souscription directe en ligne pour des produits «de commodité» comme l’assurance voyage, mais à mon sens, des produits d’assurance vie, même simplifiés, sont de nature plus complexe. Ils doivent être intégrés dans un plan financier d’ensemble dont le conseiller est habituellement le maître d’oeuvre.
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L’ours dans l’ombre du taureau
Un des aspects qui me fascine le plus dans mon rôle d’observateur de l’industrie financière, c’est notre incapacité de prédire l’évolution des marchés.
Durant l’été, les marchés boursiers nord-américains ont atteint de nouveaux sommets historiques. Depuis la reprise de 2009, le S&P 500 a grimpé de façon vertigineuse, enregistrant des gains annuels (excluant dividendes) de 23,5 %, 12,6 %, 0 %, 13,3 % et 29,6 %. Et en 2014, bien qu’il ait trébuché un peu cet été, l’indice montre un gain de 5,8 % au moment de mettre sous presse.
Cette fulgurante poussée boursière s’est faite sans grande croissance économique. En fait, l’an dernier, Forbes a comparé la croissance moyenne du PIB des États-Unis par décennie depuis 1948 (1948-1957, 1958-1967, etc.). La pire décennie aura été celle 1998-2007, avec 2,99 %, mais depuis 1968, cette moyenne oscille entre 2,99 % et 3,18 %.
Sauf pour la période actuelle, 2008-2013, où la croissance est à un anémique 0,73 %. Même en retirant les années 2008 et 2009 du lot, la période 2010-2013 traîne, avec une croissance de 1,95 %. Et le premier semestre de 2014 s’est amorcé en dents de scie. Il va sans dire que cette maigre croissance a été atteinte au prix d’immenses efforts de stimulation économique.
Voilà sans doute pourquoi il règne un certain scepticisme sur les marchés. On est bien loin de l’«exubérance irrationnelle» dont parlait Alan Greenspan il n’y a pas si longtemps. Depuis quelques années, mais surtout en 2014, de plus en plus d’experts lancent un cri d’alarme : une correction serait imminente. On parle même de «cacophonie» en page huit de ce journal, bien que plusieurs autres spécialistes croient que les marchés ont encore un potentiel de hausse.
Mais les bulls me paraissent de moins en moins nombreux, et de plus en plus discrets par rapport aux bears. Petite digression : connaissez-vous l’origine de cette métaphore, et savez-vous pourquoi l’ours a hérité du mauvais rôle, symbolisant la baisse des marchés ? Après tout, c’est un animal fort et agile.
Plusieurs hypothèses existent, mais la plus probable, à mon avis, est simplement la façon dont ces deux animaux attaquent. Le taureau encorne sa cible et la projette vers le haut. L’ours, lui, la frappe de façon descendante. Pour la victime du coup, le résultat est tout aussi douloureux, mais pour illustrer une tendance de marché, l’image est intéressante.
Bref, une visite de l’ours cet automne serait inopportune, mais elle est peut-être un mal nécessaire afin de diminuer un peu la pression sur les marchés, avant de reprendre cette belle poussée.
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Avoir 15 ans
Nous peaufinons toutes les éditions de ce journal avec beaucoup de soin, mais le prochain journal sera bien spécial, car il soulignera le 15e anniversaire de Finance et Investissement.
J’en suis très fier, cela va de soi. Mais plutôt que de relater les grands jalons de notre évolution, nous avons choisi, dans un cahier détachable, de porter un regard rétrospectif sur l’évolution de l’industrie financière.
Pour les plus jeunes, ce sera une occasion de mieux connaître l’industrie, et pour les plus aguerris, de vous rappeler certains grands moments. Et pour tous, la chance de réfléchir à son passé et à son avenir.
Ce cahier sera publié dans notre édition d’octobre. Bonne lecture !