Il reste que ce genre de choc nous force à nous demander ce qu’il adviendrait si nous devions partir plus tôt que prévu, ou encore, dans une perspective moins sombre, ce qu’il adviendrait si nous décidions de quitter l’industrie ou de prendre notre retraite plus rapidement que prévu.

Je vous propose donc un survol rapide d’éléments à considérer au cas où… Parce qu’un conseiller averti en vaut deux et que vous n’êtes pas obligé d’être le cordonnier mal chaussé qui recommande à ses clients de prévoir l’imprévisible sans l’avoir fait vous-même.

La relève

Qui sera cette (ou ces) personne en qui vous avez assez confiance pour prendre votre relève et pour servir vos clients comme ils sont en droit de l’être ?

Savent-ils que vous leur confiez cette tâche importante ? Leur en avez-vous simplement parlé ? Sont-ils d’accord, et si oui, à quelles conditions ?

Ne faites pas l’erreur d’être présomptueux, et ne croyez pas que quelqu’un fera quelque chose simplement parce que vous pensez qu’il le fera ou parce que c’est votre volonté. Vous pourriez être surpris, et pire, vos clients pourraient en faire les frais.

Votre fils, pour qui vous projetez tous les succès futurs, veut-il vraiment prendre la relève ? Votre fille qui est déjà votre adjointe a-t-elle d’autres ambitions ? Peut-être que tout ira selon vos plans, mais vous auriez intérêt à vérifier plutôt qu’à décider.

Peut-être est-ce votre associé ou partenaire, ou encore un collègue, que vous souhaitez voir prendre votre relève. Le sait-il ? En a-t-il l’ambition ? Cette personne peut-elle raisonnablement prendre votre relève, s’occuper de vos clients sans délaisser les siens et fournir de bons services malgré tout ?

Une relève identifiée et formée ne devrait pas être un luxe. Considérez cela comme une assurance qualité pour vos clients. Eux qui vous ont fait confiance, vous leur devez bien ça, non ?

Le contrat

Votre relève est identifiée, formée et consentante ? Bravo !

Avez-vous un contrat qui lie le tout ? Un contrat pour lequel votre courtier ou votre cabinet est intervenu à titre de tiers signataire, qui lie toutes les parties et qui détermine les conditions dans lesquelles le transfert pourra s’effectuer ?

Il n’est pas forcément nécessaire de rédiger un contrat de 92 pages qui couvre toutes les éventualités. Toutefois, un document qui atteste de la volonté commune des parties, avec intervention de votre courtier ou de votre cabinet simplifiera les choses au moment de partir à la retraite ou encore à votre décès.

Lorsque la formule est connue, et qu’elle comprend idéalement le prix, il est facile de l’appliquer. Cela évite tracas et litiges.

Les dossiers

Dans quel état sont vos dossiers ? Une autre personne, disons votre relève, peut-elle s’y plonger et en extraire facilement les données pertinentes dans un délai acceptable et avec une certaine facilité, ou vos dossiers ressemblent-ils à un tas de feuilles pêle-mêle, si tant est que vous en ayez ?

Vos clients vous font confiance, et ils vous perçoivent comme un vrai professionnel. À ce titre, ils peuvent raisonnablement s’attendre à ce que la personne qui prendra votre relève soit à même de poursuivre votre travail. Cela commence donc par des dossiers qui ont un sens.

Dans la même veine, les accès et les mots de passe de vos logiciels, sites et autres outils professionnels sont-ils consignés en un endroit accessible pour votre relève ?

En effet, une clé, ça se retrace, car elle ne vous suivra pas là où vous allez. Mais un mot de passe…

La clientèle

Finalement, vos clients connaissent-ils vos plans ? Sans entrer dans le détail, à moins que votre retraite ne soit proche, vous auriez avantage à laisser savoir à vos clients qu’ils ne seront pas laissés en plan, parce que vous en avez un, justement.

Cela aura pour effet de les rassurer, de montrer votre professionnalisme et de faciliter la tâche à celui ou celle que vous avez choisi une fois le moment venu. Autrement dit, que du bon si vous le faites bien.

Pour conclure, vous gagnez votre vie en pensant à l’avenir de vos clients. Vous leur conseillez d’épargner, de souscrire de l’assurance, au cas où, etc. Suivez vous-même ce principe que vous leur demandez de suivre.

Nous ne souhaitons jamais le pire, mais nous devons nous y préparer. La réalité se charge parfois de nous le rappeler.

*Avocat, chef de la conformité et représentant en épargne collective Mérici Services Financiers Inc.