« Ce que nous avons vu dans un sous-secteur des actions, particulièrement celles qui rapportent le plus d’argent, c’est qu’elles distribuent un pourcentage plus élevé de leurs bénéfices qu’elles ne l’ont jamais fait », selon Stephen Groff, membre de l’équipe qui gère le Fonds américain de dividendes Cambridge CI (300 millions de dollars (M$) d’actifs sous gestion). « Et les gens paient plus cher pour ces bénéfices. Ou alors, en d’autres termes, ils empochent un rendement moins élevé. Ce n’est pas une bonne combinaison pour le sous-secteur des actions américaines aux dividendes les plus élevés. »
Invoquant les recherches sur l’univers des fonds à grande capitalisation effectuées par Robert W. Baird & Co., société de services financiers établie à Milwaukee, Stephen Groff note que ces quarante dernières années, le ratio de versement médian du quartile le plus élevé des sociétés à dividendes a progressivement augmenté, passant de 60 % à plus de 75 %. En guise de comparaison, le ratio de distribution médian de cet univers est passé de moins de 20 % à environ 30 %.
« Si les sociétés affectent une portion de plus en plus importante de leurs bénéfices à leurs actionnaires, c’est qu’elles sont payées pour le faire, indique Stephen Groff. Dans le marché d’aujourd’hui, si l’on augmente ses dividendes, les investisseurs sont contents, un point c’est tout, même si à long terme ce n’est pas une bonne chose pour l’entreprise. »
De plus, ces cinquante dernières années, note Stephen Groff, le rabais traditionnel entre le ratio cours-bénéfices du quartile le plus élevé des sociétés versant des dividendes par rapport à l’univers, qui avait existé pendant des dizaines d’années, a virtuellement disparu. « Le fossé existe depuis longtemps et c’est logique parce que beaucoup de ces sociétés sont matures et ne grandissent pas aussi vite, dit Stephen Groff. Mais alors que les gestionnaires de fonds affectent plus d’argent aux actions axées sur le revenu, cela a réduit le rabais. Les actions qui ont le rendement en dividendes le plus élevé sont disproportionnellement chères par rapport à leurs homologues à rendement plus faible. »
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Selon lui, les investisseurs qui ont acheté des fonds négociés en bourse centrés sur les sociétés qui paient les ratios les plus élevés encourent des risques considérables. « Ces FNB ne font que pister les actions qui ont les plus gros dividendes, souligne Stephen Groff. Il n’y a pas d’analyse fondamentale. Personne ne demande : La société est-elle gérée par des gens intelligents? Les intérêts des gestionnaires sont-ils alignés sur ceux des actionnaires? Les gestionnaires font-ils bien leur travail d’affectation du capital? »
Il avance que les investisseurs devraient s’inquiéter de questions comme les évaluations. « Par rapport à la croissance que nombre de ces entreprises peuvent générer, je crois que beaucoup d’entre elles sont assez chères. Si les taux d’intérêt se mettent à bouger, je me demande ce qu’il adviendra de ces actions, souligne Stephen Groff. Elles sont évaluées comme des obligations. Elles pourraient être vulnérables. »
Gestionnaires spécialistes de la sélection des actions, Stephen Groff et le stratège boursier principal Robert Swanson croient qu’il est plus logique de se concentrer sur les sociétés qui ont des ratios de versement plus faibles. « C’est là que se trouve la valeur. Nous ne trouvons pas de valeur dans le quartile le plus élevé des sociétés versant des dividendes. Elles ont une marge de sécurité plus petite, dit-il. Il faut nous assurer, pensons-nous, que nous sommes rémunérés pour le risque que nous prenons. Chaque action doit être un choix logique dans une perspective ascendante. »
Et de fait, le rendement en dividendes d’une société est secondaire, croit Stephen Groff. « Le dividende n’est qu’une petite facette dans le tableau d’ensemble. Une société peut avoir un dividende fantastique tout en étant un mauvais investissement, dit-il. Pour nous, ce n’est pas le dividende qui motive une décision. C’est la société elle-même. »
Les attributs qu’il recherche comprennent une gestion alignée sur les actionnaires, des avantages concurrentiels qui permettent à la société de générer des rendements très élevés et de grandir, et une bonne affectation du capital. « Avoir une équipe de gestion qui sait ce qu’il faut faire des flux de trésorerie est de la plus haute importance. Si c’est aussi important pour un fonds à dividendes, c’est parce que certaines sociétés ne cessent d’accroître leurs dividendes, mais plus vite que leurs bénéfices. Voilà pourquoi leurs ratios de distribution continuent d’augmenter, ce qui, à long terme, n’est pas viable », dit Stephen Groff.
« Parfois, une société ferait mieux de diminuer son endettement, d’investir dans l’entreprise ou de faire l’acquisition d’un concurrent, ajoute-t-il. Pour nous, il est important qu’une société de gestion sache affecter son capital. C’est ce qui fait la différence entre une société convenable et exceptionnelle.
Parmi les noms que cite Stephen Groff dans son portefeuille concentré de 30 sociétés, il y a Thomson Reuteurs, un chef de file mondial de l’information pour les sociétés juridiques et de services financiers. Bien que l’action verse un dividende de 3,2 %, il se concentre davantage sur l’efficience opérationnelle croissante de la société.« Elle rationalise ses produits et investit dans la croissance, et elle utilise les flux de trésorerie pour racheter des actions, ce qui, à notre avis, est logique », dit-il, ajoutant que le ratio de distribution se situe entre 40 % et 50 % des bénéfices ajustés. « Le dividende est entièrement en sécurité. »
Dans la même optique, Stephen Groff aime bien Walgreens Boots Alliance, chaîne de produits pharmaceutiques et médicaux issue de la fusion de Walgreen et Alliance Boots.
« Le produit combiné de cette fusion gagne en efficience, souligne Stephen Groff, ajoutant que les changements sont sous l’impulsion de la nouvelle direction. La société génère des flux de trésorerie disponibles robustes. À long terme, elle a assez de marge de manœuvre pour racheter des actions et augmenter les dividendes. » La firme paie un dividende de 1,5 %, ajoute-t-il, et son ratio de distribution est de 38 %.
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