Les Québécois ne recevront pas d’autres chèques, mais les crédits d’impôt et autres aides fiscales, comme l’Allocation famille, seront bonifiés, indexés au-delà de l’inflation.
C’est donc une aide indirecte de 8,7 milliards de dollars (G$) sur cinq ans qu’annonce le ministre des Finances, Eric Girard, dans la mise à jour économique et financière qu’il a présentée mardi.
Il prévoit aussi des investissements additionnels de 4,3 G$ sur cinq ans notamment pour le logement, les banques alimentaires, les sociétés de transport, la lutte à l’itinérance et aux changements climatiques.
« Même si plusieurs gestes ont été posés dans les dernières années afin de mieux soutenir financièrement les Québécois, le gouvernement estime nécessaire d’en faire plus », peut-on lire dans les documents présentés mardi.
Dès le 1er janvier 2024, les contribuables pourront bénéficier d’une indexation de 5,08 %, par exemple des prestations d’aide sociale et de l’Allocation famille. Le taux d’inflation en septembre était de 4,8 %.
La prestation d’aide sociale de base pour une personne seule passera de 8700 $ à 9144 $, une hausse de 444 $. Le montant maximal de l’Allocation famille passera de 2782 $ à 2923 $, soit 141 $ de plus.
Le gouvernement estime que les Québécois empocheront un « montant considérable ». Il souligne que l’indexation de 5,08 % s’ajoute à l’indexation « importante » de l’an dernier, qui atteignait 6,44 %.
Par exemple, pour un couple ayant des revenus égaux totalisant 100 000 $ et deux enfants d’âge scolaire, l’effet cumulatif sera de 2271 $, si l’on considère la baisse d’impôt qui est également entrée en vigueur cette année.
Près de cinq millions de Québécois ont bénéficié cette année d’une baisse d’impôt. Le gouvernement Legault avait distribué des chèques de 500 $ au printemps 2022, puis de 400 $ à 600 $ à l’automne de la même année.
Des gestes « ciblés »
Le ministre des Finances profite de la mise à jour économique pour confirmer un investissement de 1,8 G$ sur cinq ans afin de construire 8000 nouveaux logements sociaux et abordables.
En vertu d’une entente de principe conclue le 13 octobre dernier, le gouvernement fédéral de Justin Trudeau financera la moitié de cette mesure.
Eric Girard a aussi annoncé une aide d’urgence pour les banques alimentaires, qui recevront dès cette année plus que ce qu’elles demandaient: 21 M$.
Il confirme également un investissement de 124 M$ sur cinq ans pour lutter contre « la hausse préoccupante » de l’itinérance.
De plus, 329 M$ seront investis dans la formation en construction. Tel qu’annoncé par le premier ministre François Legault, des formations accélérées et rémunérées seront offertes dans cinq domaines prioritaires.
La mise à jour économique confirme également que 265 M$ seront déboursés pour éponger une partie des déficits des sociétés de transport.
Enfin, tout un volet est consacré à l’accroissement du « potentiel économique » du Québec. Le gouvernement Legault dépensera 1,3 G$ sur cinq ans pour bonifier le crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation.
Retour à l’équilibre budgétaire en 2027-2028
Selon l’analyse du ministère des Finances, « la persistance de l’inflation et les taux d’intérêt demeurant à des niveaux élevés freineront l’activité économique cette année et l’an prochain ».
La croissance économique cette année se situe à 0,6 % comme prévu, mais pour 2024, l’activité économique est révisée à la baisse, passant de 1,4 % à 0,7 %.
À noter que le déficit budgétaire est en hausse de 1,1 G$ par rapport à ce qui était attendu en mars dernier; il s’établit à 6,1 G$.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement maintient son objectif de revenir à l’équilibre budgétaire en 2027-2028. Pour ce faire, il pige 1 G$ dans sa « provision pour éventualités ».
Il maintient aussi son objectif de réduire le poids de la dette nette à 30 % du PIB d’ici 2037-2038.
Attentes de l’opposition
Lundi, le Parti libéral du Québec (PLQ) avait fait part de ses attentes en vue de la mise à jour économique.
Dans un communiqué, le porte-parole du PLQ en finances, Monsef Derraji, a réclamé une aide « tangible » pour faire face à « l’explosion du coût de la vie, à la pénurie de main-d’œuvre et à la crise du logement ».
Il a entre autres proposé d’éliminer la taxe de bienvenue sur l’achat d’une première propriété en compensant pleinement les municipalités.
Jamais les Québécois n’ont payé aussi cher pour leurs besoins de base, a également souligné, dimanche, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon.
Il a invité le gouvernement à « prendre compte de la réalité, c’est-à-dire qu’un nombre grandissant de personnes n’arrivent pas à payer leur épicerie, à économiser pour une maison et à joindre les deux bouts ».
Le porte-parole de Québec solidaire (QS) en finances, Haroun Bouazzi, a abondé dans le même sens.
Le gouvernement Legault doit poser des gestes concrets « pour soulager les ménages québécois frappés par la crise du coût de la vie », selon lui.
Québec devrait notamment planifier la construction de 10 000 logements en deux ans, annuler 20 % des dettes étudiantes et octroyer des bourses plus généreuses, a-t-il soutenu.