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La Banque d’Angleterre est à nouveau intervenue le 11 octobre dernier pour assurer la stabilité financière sur les marchés. Son action ne rassure toutefois pas les investisseurs puisque le gouverneur de celle-ci a prévenu que son intervention n’était que « temporaire », selon l’Agence France-Presse.

« Nous pensons qu’un rééquilibrage doit être fait et mon message aux fonds impliqués et à toutes les compagnies gérant ces fonds est celui-ci : il vous reste trois jours », a ainsi prévenu le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey.

La flambée des taux d’emprunt de l’État s’accompagne d’un plongeon du cours de ces titres, signe même de la défiance des investisseurs qui préfèrent se départir de ces titres. Or, ces actifs sont très prisés des fonds de pension britanniques.

En raison de la chute de la valeur de ces actifs, les fonds de pension sont dans l’obligation de réinjecter des liquidités, ce qui les force à vendre rapidement des titres, d’où un risque de spirale baissière incontrôlée.

La Banque d’Angleterre est intervenue pour rompre ce cercle vicieux.

Le Fonds monétaire international (FMI) a rappelé que le rôle des banques centrales est notamment d’assurer la stabilité financière. « D’une part, elles continuent le resserrement monétaire face aux pressions inflationnistes et en même temps font face à des poches de dysfonctionnement des marchés, dans le cas du Royaume-Uni », a commenté le conseiller économique du FMI Pierre-Olivier Gourinchas.

Pour rappel, à la fin septembre, la banque centrale avait lancé un programme de rachat de bons du Trésor à long terme pouvant aller jusqu’à 65 milliards de livres. Le 10 octobre, elle a porté lundi la taille maximale de ses opérations quotidiennes à 10 milliards de livres. Le jour suivant elle a élargi son action aux « bons indexés » sur l’inflation.

« On était sur la voie du resserrement monétaire, de vendre des bons et de relever les taux », comme la plupart des banques centrales pour lutter contre l’inflation, a continué Andrew Bailey. « Et dans le même temps, on a eu à décider d’acheter des obligations pour garantir la stabilité financière »

Toutefois, la débâcle a commencé quelques jours avant, soit le 23 septembre avec la présentation du « plan de croissance » de Liz Truss composé d’un colossal soutien aux factures électriques combiné à de vastes baisses d’impôts, sans que ces actions soient pleinement chiffrées ou financées.

Le Chancelier de l’Echiquier, Kwasi Kwarteng, a souligné la faiblesse de cette proposition. « Les objectifs de la politique budgétaire devraient être alignés sur ceux de la politique monétaire. Si vous avez une banque centrale qui essaie de resserrer » ses taux face à une inflation élevée comme c’est le cas au Royaume-Uni, et qu’en même temps le gouvernement « veut stimuler la demande » avec un plan budgétaire massif, « c’est comme d’avoir une voiture avec deux personnes qui essaient de tourner le volant dans une direction différente », a-t-il fait valoir.

Les marchés de ce pays risquent de rester turbulents jusqu’à la présentation de ce dernier prévu le 31 octobre prochain.