La firme l’a comparé avec le RFG moyen de toutes les séries de fonds, lesquelles incluent les fonds structurés en société et les séries destinées aux investisseurs institutionnels et aux épargnants autonomes qui utilisent des plateformes de courtage en ligne (voir le tableau 2).

«Les résultats d’analyse sont assez clairs. Pour les grandes séries vendues à la majorité des investisseurs, on ne décèle presque aucun changement», dit Reid Baker, directeur des opérations analytiques et des données de Fundata Canada.

«Les différences se trouvent dans les séries plus exclusives. Il semble que la plupart des épargnants n’ont pas bénéficié de frais plus bas ; ce sont plutôt les investisseurs institutionnels, les clients plus fortunés ayant des comptes à honoraires et les investisseurs autonomes qui en ont bénéficié.»

Phénomène généralisé

Ce phénomène s’observe dans cinq grandes catégories de fonds.

Par exemple, dans la catégorie des actions canadiennes, le RFG moyen des produits courants est passé de 1,94 % au 31 décembre 2012 à 1,92 % au 31 décembre 2015, une faible baisse de deux points de base.

La catégorie des actions américaines affiche la baisse la plus importante au cours de la même période : le RFG a glissé de sept points de base, et est passé à 2,02 %. Dans deux autres catégories, les baisses sont infinitésimales.

Et dans la catégorie des actions mondiales de petite et moyenne capitalisation, on assiste même à une hausse assez importante, le RFG moyen ayant grimpé de 2,38 % à 2,5 % dans les produits courants.

La situation est tout autre du côté des séries qui englobent les produits «d’élite», puisque dans cette même catégorie (actions mondiales de petite et moyenne capitalisation), les frais ont chuté de 26 points de base, et se sont établis à 1,79 %.

Les baisses de frais sont également beaucoup plus marquées pour toutes les autres catégories : les fonds d’actions mondiales (baisse de 24 points de base) ; les fonds d’actions de marchés émergents (baisse de 23 points de base) ; les fonds d’actions américaines (baisse de 13 points de base) ; et les fonds d’actions canadiennes (baisse de 9 points de base).

Pour les plus fortunés

Sans avoir recours à des analyses statistiques, et s’appuyant uniquement sur leur expérience sur le terrain, certains conseillers constatent les mêmes mouvements en matière de frais de gestion.

Ainsi, Stéphane Beaulieu ne voit que des baisses minimes dans les produits visant les investisseurs courants. «Là où les firmes ont vraiment coupé dans leurs revenus, c’est dans leurs séries « élite »», souligne le vice-président, investissement, chez Mica Cabinets de Services financiers, à Québec.

Même son de cloche de la part de Maxime Gauthier, chef de la conformité et représentant en épargne collective chez Mérici Services Financiers, à Sherbrooke. «Depuis 12 à 18 mois, on assiste à une pression à la baisse des frais de gestion, remarque-t-il. Mais c’est très variable. Certains abaissent de façon globale les frais de leurs fonds, de 5 à 10 points de base. Toutefois, ce sont surtout les séries pour clients plus fortunés qui en bénéficient, avec des réductions qui sont parfois de l’ordre de 30 points de base.»

Ces baisses de frais ne sont pas nécessairement perceptibles pour l’épargnant, précise Maxime Gauthier. Elles résultent parfois d’une baisse de revenus qu’encaissent les firmes de fonds. D’autres fois, elles se reflètent en partie dans la commission de suivi du conseiller, ou encore, dans la structure d’honoraires.

«La baisse n’apparaît pas nécessairement sur le relevé de compte du client, note Maxime Gauthier, mais elle a pour résultat d’augmenter le rendement net de frais du fonds sous-jacent.»

Rabais familial

Stéphane Beaulieu constate des réductions sensibles de frais dans les fonds qui s’adressent à des portefeuilles disposant d’un actif élevé – à partir de 150 000 $, par exemple -, et qui visent une «communauté» d’investisseurs vivant à la même adresse ou regroupés en famille.

«Récemment, deux firmes ont mis en avant des programmes avec réduction tarifaire automatique. Chez l’une de ces firmes, un client bénéficie d’une tarification réduite dès qu’il dispose de 250 000 $, indique-t-il.

«L’offre est bonifiée pour toucher une famille entière, et non pas seulement les personnes habitant à la même adresse. Si un enfant du titulaire possède un portefeuille de 12 000 $ seulement, il profite aussi de la réduction de frais, même s’il n’habite pas sous le même toit que son parent.»

Il s’agit d’un cas parmi de nombreux autres. «La plupart des firmes ont leur modèle particulier [visant les investisseurs plus fortunés], mais toutes ont un plan de réduction de frais de gestion», précise Stéphane Beaulieu.