La banque centrale a maintenu son taux directeur inchangé, comme prévu, et n’a pas semblé être impatiente de le modifier dans un avenir proche. Contrairement à ses récentes déclarations, l’annonce de mercredi n’a fait aucune mention du besoin éventuel de nouvelles hausses de taux.
Le taux directeur reste ainsi à 1,75 %, un niveau considéré stimulant pour l’économie, pour une quatrième annonce consécutive. Cette pause fait suite à une séquence qui a vu le gouverneur Stephen Poloz annoncer un total de cinq hausses entre l’été 2017 et l’automne dernier.
L’économie fonctionnait presque à plein régime pendant la majeure partie de 2017 et 2018, a indiqué la banque, avant de connaître une décélération soudaine dans les trois derniers mois de l’année dernière.
Ce ralentissement était attribuable en grande partie à la chute des prix du pétrole et à la faiblesse inattendue des investissements et des exportations, et la banque centrale a souligné que ses effets s’étaient prolongés jusqu’en 2019.
« Au Canada, on s’attend maintenant à ce que la croissance au premier semestre de 2019 soit plus lente qu’escompté en janvier », a affirmé la banque dans un communiqué, insistant au passage sur le fait que le logement et la consommation avaient été plus faibles que prévu, ce qui a contribué au ralentissement de la croissance.
Dans ses dernières prévisions trimestrielles, également publiées mercredi, la Banque du Canada a dit s’attendre à une croissance du produit intérieur brut réel de 1,2 % en 2019, en baisse par rapport à sa prévision de janvier de 1,7 %. La banque centrale prévoyait une croissance annualisée de seulement 0,3 % pour les trois premiers mois de 2019.
Après la publication de son rapport, le dollar canadien a subi des pressions et a chuté de près d’un demi-cent US.
Plus forte croissance en 2020
Malgré tout, la banque centrale a également prédit des jours meilleurs.
L’économie devrait accélérer au deuxième trimestre grâce à un renforcement de l’activité de logement, des dépenses de consommation, des exportations et des investissements des entreprises, a prédit la banque. Elle s’attend à ce que l’économie reprenne son élan tout au long de 2019 avant de retrouver une croissance supérieure à son potentiel de 2,1 % en 2020 et de 2,0 % en 2021.
Malgré les améliorations attendues, la banque a évité d’évoquer de futures hausses de taux dans son communiqué de mercredi.
« Compte tenu de l’ensemble de ces évolutions, le conseil de direction juge qu’un taux directeur expansionniste demeure justifié », a-t-elle affirmé.
« Nous continuerons d’évaluer le degré approprié de la détente monétaire à mesure que les nouvelles données seront disponibles. »
En mars, l’annonce de la décision de la banque centrale sur son taux directeur avait évoqué une « incertitude accrue quant au moment des futures hausses de taux ». Dans son communiqué de janvier, elle affirmait que le taux de référence devrait grimper avec le temps pour atteindre une fourchette « neutre », qu’elle estimait se situer entre 2,5 % et 3,5 %.
Outre le changement dans le ton de sa déclaration, la banque centrale a également mis à jour mercredi son estimation de la fourchette neutre, qui est le niveau privilégié lorsque l’économie fonctionne au maximum de sa capacité et que l’inflation se situe dans sa zone cible d’entre 1,0 % et 3,0 %.
Ainsi, la nouvelle fourchette neutre est légèrement inférieure et se situe entre 2,25 % et 3,25 %.
De nombreux économistes s’attendent à ce que la banque laisse son taux directeur inchangé au moins jusqu’à la fin de l’année. Certains préviennent même qu’une réduction de taux pourrait intervenir avant la prochaine hausse.
La Banque du Canada fera sa prochaine annonce sur sa politique monétaire le 29 mai.
Stephen Poloz a souligné la dépendance de la banque à l’égard des données, et la déclaration de mercredi a indiqué que la banque accorderait une attention particulière à l’évolution des dépenses des ménages, des marchés pétroliers et des politiques commerciales mondiales.
La banque prévoit une expansion progressive des investissements hors du secteur pétrolier et gazier, avant qu’ils entraînent une croissance solide dans la deuxième moitié de 2019. Elle s’attend à ce que celle-ci provienne de la réaction des entreprises aux contraintes de capacité, à une hausse de leurs profits d’exploitation et aux incitations à l’investissement des gouvernements fédéral et ontarien.
Les exportations de biens et de services, en particulier, devraient croître parallèlement à la demande étrangère, bien que la banque ait noté qu’il subsistait une incertitude en raison des tensions commerciales mondiales.
La banque prévoit que la consommation continuera de croître avec la hausse des salaires, même si les ménages sont lourdement endettés, et que les effets de ralentissement des récentes mesures en matière de logement s’atténueront avec le temps.