Une photo du bâtiment de la Banque du Canada.
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Dans le texte d’un discours destiné à la Chambre de commerce du Grand Sudbury, Toni Gravelle a indiqué qu’il était possible que l’offre se rétablisse plus vite que la demande si les entreprises rouvraient rapidement, mais que les consommateurs restaient prudents.

Il a précisé qu’il serait essentiel pour le conseil de direction de la banque centrale de comprendre, d’ici la mi-juillet, comment la pandémie a affecté la demande, l’emploi et la capacité de l’économie à produire des biens et services.

La banque centrale dévoilera le 15 juillet une mise à jour de ses prévisions économiques pour le pays, dans son Rapport sur la politique monétaire, et elle fera sa prochaine annonce au sujet de son taux d’intérêt directeur.

Mercredi, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 0,25 %, tout en indiquant que l’économie semblait avoir évité le scénario le plus pessimiste en ce qui a trait à la pandémie de la COVID-19. Le même jour, Tiff Macklem a succédé à Stephen Poloz dont le passage de sept ans à la tête de l’institution s’est terminé mardi.

Tiff Macklem a participé en tant qu’observateur aux délibérations du conseil de direction de la banque ces derniers jours, selon le communiqué, ajoutant que le nouveau gouverneur « est d’accord avec la décision sur le taux et les mesures annoncées ».

L’économiste principal de la CIBC, Royce Mendes, a indiqué qu’il ne faudrait peut-être pas attendre trop longtemps avant que M. Macklem ne mette son empreinte sur la politique bancaire, puisqu’il reste « beaucoup de travail à faire pour ramener l’économie à la vie ».

La prochaine annonce au sujet du taux directeur de la banque centrale est prévue pour la mi-juillet. Elle sera accompagnée d’une mise à jour de son Rapport sur la politique monétaire, dont la dernière édition remonte au mois d’avril.

« Compte tenu du niveau élevé d’incertitude, il faut attendre et voir comment se comportera l’économie », a écrit Benjamin Reitzes, de la Banque de Montréal, dans une note sur la décision relative au taux. « Si le gouverneur Macklem a de nouvelles idées, il devra attendre la réunion de juillet. »

Taux directeur inchangé

L’économie semble avoir évité le scénario le plus pessimiste en ce qui a trait à la pandémie de COVID-19, a estimé mercredi la Banque du Canada, en maintenant son taux directeur à 0,25 %, un niveau qu’elle considère être sa valeur plancher.

La banque centrale a également modifié certains programmes destinés à faciliter les flux de crédit, pointant vers une amélioration des indicateurs du marché et de l’économie dans son ensemble.

Dans l’ensemble, la banque centrale a affirmé mercredi qu’elle jugeait que l’impact de la pandémie sur l’économie mondiale avait atteint un sommet, mais a couvert ses perspectives en avertissant que l’incertitude quant au déroulement de la reprise restait élevée.

Depuis que la pandémie a frappé le Canada et que les restrictions de santé publique ont essentiellement paralysé l’économie en mars, le pays a enregistré une baisse historique des emplois et de la production.

Les plus récentes données fédérales montrent maintenant que près de 8,4 millions de personnes ont demandé la prestation canadienne d’urgence destinée aux travailleurs touchés par la crise.

Ces chiffres sont utilisés comme approximation du marché du travail global, car la prestation est versée à toute personne sans emploi ou gagnant moins de 1000 $ par mois en raison de la COVID-19.

L’enquête de Statistique Canada sur le marché du travail pour le mois de mai sera dévoilée vendredi et les prévisions tablent sur de nouvelles pertes d’emplois, en plus des trois millions de pertes cumulées en mars et avril.

La banque centrale a également mis à jour mercredi ses prévisions pour le produit intérieur brut (PIB), et mise désormais sur un déclin d’entre 10 % et 20 % pour le deuxième trimestre, par rapport au quatrième trimestre de 2019, alors qu’elle évoquait en avril une baisse d’entre 15 % et 30 %.

La banque s’attend à ce que l’économie renoue avec la croissance au troisième trimestre, grâce aux dépenses publiques et à la baisse des taux d’intérêt, qui « amortissent l’impact des fermetures sur le revenu disponible et aident à jeter les bases d’une reprise ». Malgré cela, elle note que les perspectives pour le second semestre 2020, et plus tard, restent « fortement brouillées ».

« Quiconque croit que nous aurons une reprise en forme de V se trompe, je pense », a affirmé mardi le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty, à un comité sénatorial.

Il a estimé que pour relancer l’économie, il faudrait une stratégie « cohérente à travers les frontières provinciales et territoriales », qui tienne compte des préoccupations de santé publique pour gérer la pandémie, afin que les entreprises, les travailleurs et les consommateurs sentent « qu’il est de nouveau sécuritaire de faire des affaires ».