Or, voilà que l’entreprise dirigée par l’ambitieux François Desjardins émet des actions pour la quatrième fois depuis son entrée en fonction le 1er novembre 2015. Cette fois, la Banque Laurentienne émet 144 millions de dollars (M$) d’actions à 54,80$ chacune,
En réaction, l’action a perdu 3% à 55,06 $ le 9 janvier.
Obligée de racheter 136 millions de prêts problématiques vendus à un tiers, le plus récent placement vise à gonfler son ratio de capitaux propres de première catégorie de 7,9 à 8,5%.
Cela se compare à 9,2% pour Canadian Western Bank et à une moyenne de 11% pour les six grandes banques.
Les quatre émissions – totalisant 605 M$ et réalisées à des prix variant entre 47,80 et 54,80$ – ont ajouté rien de moins que 40% aux actions en circulation depuis 2015, calcule Nick Stogdill, de Credit Suisse, qui recommande de vendre le titre.
Un rare analyste apte à commenter diminue d’ailleurs son cours cible de 57 à 55$, pour s’ajuster à l’ajout d’encore 7% aux actions en circulation.
«Son évaluation est de 22% inférieure à celle de ses grandes cousines, mais nous percevons peu de potentiel de gain en raison de ses moins bonnes perspectives de croissance», écrit M. Stodgill.
L’analyste s’attend en effet à ce qu’un contrôle plus serré dans l’octroi des hypothèques freine sa croissance interne à l’avenir.
Deux controverses
La banque justifie la dernière émission d’actions par le rachat en décembre d’actions privilégiées.
Pourtant, le 11 décembre, un communiqué indiquait: «la banque dispose de liquidités disponibles pour procéder au rachat des prêts hypothécaires touchés (par des pratiques non conformes) et ses sources de financement sont diversifiées».
Malgré ces émissions en série et les récentes controverses entourant des pratiques antisyndicales alléguées et des hypothèques non conformes qu’elle doit racheter, l’action de la banque a un cours plus élevé qu’elle avait en février 2015 (50$), lors de l’annonce de la nomination de M. Desjardins.
Par contre, l’action est en deçà du sommet de 61,44$ atteint en février 2017.
L’institution a bénéficié de la bonne économie québécoise, où l’emploi, est fort, et de l’effet d’entraînement de la bonne performance de son industrie qui s’est appréciée de 10% en 2017.
Deux gros achats pour prêter aux entreprises
La Banque Laurentienne aussi conclut deux gros achats, soit le portefeuille canadien de financement d’équipements de CIT Financial, en octobre 2016 et celui du prêteur américain et canadien dans le secteur du financement d’inventaire non bancaire NorthPoint Commercial Finance, en août 2017.
Ces deux transactions ont ajouté plus de 2 milliards au portefeuille de prêts pour les équipements et de financement aux entreprises.
Rappelons que la Caisse de dépôt et placement du Québec avait appuyé l’achat de NorthPoint en achetant 25M$ d’actions 51,70$ chacune. Son bloc s’élève à 6,85% selon Reuters.