Le Groupe Banque TD pourrait être frappé de sanctions plus sévères que prévu, estime un analyste bancaire après la parution d’un reportage indiquant que l’enquête dont l’institution financière fait l’objet aux États-Unis est liée au blanchiment de profits illicites tirés du fentanyl.
L’analyste Gabriel Dechaine, de la Banque Nationale, a déclaré dans une note que le pire scénario parmi les multiples enquêtes américaines auxquelles la TD fait face doit être réévalué à la suite des informations rapportées jeudi par le « Wall Street Journal ».
Le média a indiqué que l’enquête du ministère américain de la Justice se concentre sur la façon dont les trafiquants de drogue chinois auraient utilisé TD pour blanchir au moins 653 millions de dollars américains (M$ US) et auraient soudoyé des employés de TD pour ce faire.
TD n’a pas commenté directement l’article, mais elle a déclaré que ses défenses anti-blanchiment d’argent étaient déficientes.
« Les criminels cherchent constamment à utiliser les banques pour blanchir de l’argent. Malheureusement, notre programme américain (de lutte contre le blanchiment d’argent) n’a pas réussi à contrecarrer efficacement ces activités. C’est inacceptable, et nous devons et nous ferons mieux », a réagi la porte-parole Elizabeth Goldenshtein dans une déclaration.
La banque continue de coopérer avec les forces de l’ordre et les régulateurs, et un effort global est en cours pour renforcer son programme de lutte contre le blanchiment d’argent, a-t-elle ajouté.
D’après Gabriel Dechaine, la gravité des allégations signifie que TD pourrait non seulement faire face à des amendes bien supérieures aux 500 M$ à 1 milliard de dollars (G$) que de nombreux investisseurs anticipaient, mais également à des restrictions plus sévères imposées par les régulateurs à ses activités commerciales.
« Nous pensons que les investisseurs doivent accorder davantage d’importance aux pires scénarios pour l’action », a-t-il écrit dans une note.
Les amendes cumulées pourraient facilement atteindre 2 G$, tandis que les régulateurs pourraient mettre en place des restrictions, notamment des limites à la croissance du bilan, qui pourraient affecter les opérations bancaires pendant des années, a avancé Gabriel Dechaine.
Dans le pire des cas, le problème pourrait éroder le potentiel de bénéfices futurs de la TD de plus d’un milliard de dollars, a-t-il affirmé. Il a abaissé son objectif de prix pour les actions de la banque cotées au TSX de près de 9 %, à 84 $.
Les informations entourant le trafic de drogue surviennent la semaine même où TD a annoncé qu’elle avait pris une provision initiale de 450 M$ US dans le cadre de l’enquête réglementaire américaine en cours sur son programme de conformité en matière de lutte contre le blanchiment d’argent.
La banque a déclaré mardi que ses discussions avec trois régulateurs américains et le ministère de la Justice étaient en cours et qu’elle prévoyait des sanctions financières supplémentaires.
Par ailleurs, le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada a imposé jeudi une amende de 9,2 M$ à la banque pour non-respect des mesures contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Le cours de l’action de la Banque TD a chuté de près de 6 % à 74,80 $ vendredi à la Bourse de Toronto.