Dans le cadre de son architecture ouverte BNI confie exclusivement à d’autres firmes la gestion de portefeuille des fonds composant sa gamme. Elle collabore déjà avec certains gestionnaires du Québec, incluant Jarislowsky Fraser et Corporation Fiera Capital. La société a néanmoins amorcé en 2017 l’analyse détaillée d’une dizaine d’autres gestionnaires québécois.
« Nous n’avons pas nécessairement envoyé d’argent aujourd’hui, mais nous avons pris la peine de les rencontrer. C’est une première action concrète et ce n’est pas terminé. Nous allons effectuer d’autres rencontres en 2018 », précise Jonathan Durocher.
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Il y a beaucoup de talent en gestion de fonds au Québec, selon lui. « On constate un savoir-faire intéressant, que ce soit dans le monde du smart beta, de la gestion de type hedge fund, ou du secteur obligataire. Il y a des gestionnaires performants qui apparaissent dans nos rapports. Qu’ils soient qualifiés d’émergents ou qu’ils soient rendus au-delà de ce stade, nous avons un meilleur travail à faire pour connaître les gestionnaires québécois ».
Si le talent est l’un des facteurs qui motive BNI, la recherche d’innovation en est un autre. « C’est le fun de confier des mandats à Goldman Sachs et nos clients en bénéficient, mais en même temps, il y a des talents locaux qui font des choses super intéressantes. On ne veut pas se limiter à l’innovation des grandes firmes américaines et on veut continuer à s’améliorer ».
Le défi d’une architecture ouverte tient beaucoup dans le fait que le choix des gestionnaires est pratiquement infini, signale Jonathan Durocher. « Il y a constamment des gens qui viennent nous voir avec de nouvelles idées, que ce soit au niveau actif ou passif. Il faut donc éviter de courir après la performance, être patient et nous assurer de comprendre ce que le gestionnaire est censé faire afin de voir s’il le fait réellement ».
Architecture ouverte
Jonathan Durocher considère que l’année 2017 a été très bonne pour BNI, même supérieure en plusieurs points en comparaison des années précédentes, mais il est d’avis que le marché ne cesse d’évoluer et que cela nécessite de constants ajustements.
« Bien que notre offre soit toujours assez étoffée, nous avons beaucoup simplifié nos solutions d’investissement pour l’ensemble de nos réseaux », évoque-t-il. Jonathan Durocher signale un recentrage sur des mandats clés, ce qui s’est traduit par la fusion d’une vingtaine de fonds au cours de l’année, de même que par une offre aux investisseurs incluant des regroupements de ménages et des rabais de frais de gestion.
Cette simplification de l’offre de service, qui reflète le « parcours du client, qui vieillit et prend davantage conscience du facteur risque », selon Jonathan Durocher, est largement supportée par la technologie.
Plusieurs investissements en matière technologique ont été faits en 2017, confirme-t-il. BNI a notamment adopté la plateforme d’analyse de risques des classes d’actifs multiples de FactSet, un fournisseur mondial d’informations financières intégrées et d’applications d’analyse.
« FactSet nous permet de maximiser la technologie dans la sélection de nos portefeuilles, mais aussi de voir si le gestionnaire ajoute vraiment de la valeur ou s’il est juste chanceux. Cela nous aide beaucoup quand quelqu’un vient nous voir en disant : j’ai la meilleure solution d’investissement », illustre Jonathan Durocher.
La technologie de FacSet est d’ailleurs mise à profit dans le processus de sélection des gestionnaires de portefeuille et s’est ajoutée au processus de gouvernance OP4 (Organisation, Personnel, Processus, Portefeuille et Performance) de BNI, à travers lequel ils étaient déjà systématiquement analysés. « Quand on fait un changement de mandat, ce n’est pas juste une question de performance. D’autres facteurs sont pris en compte », confirme Jonathan Durocher.
L’architecture ouverte ne se limite pas à un choix de gestionnaire de portefeuille, selon Annamaria Testani, vice-présidente, Ventes nationales chez BNI: «C’est un système qui nous oblige à opérer un processus de validation qui va bien au-delà de connaître la personne responsable ou l’équipe de gestion. La réalité, c’est que nous devons avoir un bon processus et suivre nos critères, sans nous laisser attirer par des tendances.»
Selon elle, trois facteurs doivent être considérés lors du choix d’un nouveau gestionnaire : spécialité, sécurité et engagement. « Si le talent est présent, le processus va nous le confirmer. L’écosystème dans lequel évolue le gestionnaire est-il sécuritaire ?, car on est quand même une banque. Puis, à quel point le gestionnaire, au-delà de la gestion de portefeuille, est-il prêt à s’impliquer pour nous aider à mieux travailler ensemble, que ce soit par exemple par l’entremise de communications ou par le développement de nouvelles solutions d’investissement ? »
Le désir de bâtir une relation forte tient notamment au fait que BNI veut éviter d’avoir 50 ententes avec 50 gestionnaires différents, « car il y a quand même un niveau de service au-delà de la gestion du portefeuille, indique Annamaria Testani. Si je n’ai pas plusieurs choix de solution d’investissement au sein d’une entreprise, je dois me demander à quel point j’amène quelque chose de bien pour les investisseurs canadiens », dit-elle en citant l’exemple de BNY Mellon. « Nous avons amorcé notre relation avec un mandat et 300 M$ d’actifs. Nous en sommes aujourd’hui à trois mandats et près de 2 G$ d’actifs ».
Elle précise également que la taille d’une entreprise n’est plus un facteur aussi déterminant lorsque vient le moment de sélectionner un nouveau gestionnaire. « La digitalisation facilite les choses. Auparavant, une firme avait besoin de 20 analystes alors qu’aujourd’hui, elle a accès à un algorithme, illustre Annamaria Testani. C’est pourquoi je ne vois rien qui empêche de faire mieux au Québec et on se doit de faire nos devoirs en ce sens ».