La Bourse de Montréal veut renverser la vapeur et changer les perceptions. Le message est on ne peut plus clair : ce n’est pas le produit financier qui est risqué, mais «ce qu’on en fait» qui l’est potentiellement. Gladys Karam souligne qu’un produit ne peut être «spéculatif en soi».

N’empêche, les conseillers sont frileux à l’égard des produits dérivés. Pour changer les perceptions, la Bourse de Montréal mise plus que jamais sur l’éducation.

Laurent Terrasse, directeur du marketing à la Bourse de Montréal, préfère parler d’éducation plutôt que de marketing.

«Nous nous sommes rendu compte que nous pouvions faire de la publicité et de la promotion. Mais ce qu’on nous demande, c’est surtout de l’éducation et de la formation, qu’elle soit en salle, en ligne, en groupe ou en personne», dit-il.

Pour sonder les perceptions sur le terrain, l’équipe Développement des affaires de la Bourse de Montréal est en contact étroit avec les conseillers en placement.

L’objectif : mieux cerner leurs besoins pour adapter les actions et les stratégies en conséquence. À titre d’exemple, dit Gladys Karam, «ils se plaignent souvent qu’il est difficile d’expliquer ce qu’est une option et la manière de l’utiliser. Nous offrons donc de la formation à leur client.»

Formation

Informer les investisseurs du potentiel qu’offrent les options pousse ces derniers à faire pression auprès de leurs conseillers ou des gestionnaires de portefeuille afin qu’ils entament les démarches pour obtenir une licence qui permet de recourir à ce type de produits dérivés.

En effet, c’est là que réside le noeud du problème, selon Gladys Karam. Contrairement aux États-Unis, les conseillers de plein exercice canadiens ne sont pas obligés de suivre une formation en options pour obtenir leur accréditation. «Ici, une formation en actions suffit», rappelle-t-elle.

S’ils veulent négocier des options, aussi bien canadiennes qu’américaines, les conseillers doivent suivre une formation supplémentaire traitant spécifiquement de ces produits. La vaste majorité ne le fait pas et, du coup, ne négociera jamais d’options.

Depuis des années, la Bourse de Montréal fait pression sur les autorités responsables pour qu’elles intègrent ce volet à la formation de base.

«Nous disons qu’un conseiller en placement doit connaître plusieurs outils et ne pas miser uniquement sur les actions. Il faut qu’il sache que d’autres outils permettent d’augmenter le rendement ou de protéger un portefeuille», dit-elle.

Séduire les jeunes

Outre les ateliers d’information et les formations, la Bourse tente de séduire les jeunes de la finance. «Ils sont plus ouverts à l’utilisation d’outils différents. Nous leur disons : voici une façon de vous différencier.» Qui plus est, les options leur permettraient d’accéder à une clientèle de choix, selon elle.

À ce sujet, elle indique que de nombreuses études montrent que les clients plus fortunés et plus scolarisés sont davantage tentés par les options.

«Pour les jeunes, il s’agit d’une niche qui leur permettra d’offrir quelque chose de plus à des investisseurs.»

Au cours des dernières années, la Bourse de Montréal a multiplié les formations auprès de cette clientèle. À titre d’exemple, elle chapeaute depuis trois ans un concours de simulation de négociation d’options.

Le concours fera encore appel au simulateur de négociation de la Bourse de Montréal, auquel s’intègre cette année le nouveau calculateur d’options, qui peut aussi être utilisé comme outil mobile distinct.

Ce concours remporte un certain succès. Ainsi, 12 établissements se sont ajoutés aux sept universités québécoises participantes au cours de la première année. Cinq provinces participent.

Cette année, près de 800 équipes sont inscrites au concours, ce qui représente une augmentation de 367 % par rapport à l’an dernier.

Bien qu’optimiste, Gladys Karam est réaliste. Elle sait qu’il reste beaucoup à faire avant que ces produits fassent partie de la culture d’investissement au pays.