L’indice boursier FTSE 100, qui a baissé de 5 % dans les jours qui ont suivi le vote, est maintenant environ 10 % plus élevé que la veille du référendum, selon le stratège.
La livre sterling s’est quant à elle dépréciée, passant de 1,50 à 1,30 livre pour un dollar américain (et dépréciée de 10 % par rapport au dollar canadien). Depuis le début du mois de juillet, la devise britannique s’est stabilisée autour de ce niveau.
Dans une récente note, Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins, affirme que plusieurs facteurs contribuent à l’amélioration de la conjoncture au Royaume-Uni, au premier chef, qu’il n’y a pas encore eu officiellement de Brexit.
Ainsi, malgré le vote du 23 juin, le Royaume-Uni fait toujours partie de l’Union européenne, et le gouvernement britannique «ne semble pas enclin à entamer rapidement des négociations», fait remarquer Francis Généreux. Les négociations pourraient s’étendre jusqu’à 2019, voire 2020.
De plus, sur le plan économique, non seulement l’économie britannique a résisté au résultat du référendum, mais elle continue de surprendre.
L’économie britannique surprend
Par exemple, en août, l’indice PMI (Purchasing Managers Index) dans le secteur des services au Royaume-Uni a bondi pour franchir le cap des 50 et s’est s’établi à 52,9, selon la firme d’analyse économique IHS Markit (un indice supérieur à 50 indique une expansion économique).
En juillet, il était à un plancher depuis sept ans à 47,4. Le PMI du secteur manufacturier a aussi franchi la barre des 50, passant de 48,3 en juillet à 53,3 en août.
De plus, la Bourse britannique performe bien depuis le début de l’année par rapport à d’autres marchés stratégiques pour les investisseurs. Ainsi, tandis que le FTSE 100 progressait de 9,5 %, l’Euro Stoxx 50, l’indice phare de la zone euro reculait de 8,7 %, selon Bloomberg.
Le FTSE 100 a même mieux performé que le Dow Jones (4,2 %), le S&P 500 (5,2 %) et le Nasdaq (4,9 %). C’est dire la bonne performance du marché britannique, malgré le Brexit.
Comment investir au Royaume-Uni
Dans ce contexte, où pourraient investir les investisseurs qui souhaitent s’exposer au marché britannique ? Plusieurs stratégies peuvent être déployés, dit Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins. Un investisseur peut, par exemple, acheter un fonds négocié en Bourse (FNB) qui investit à 100 % sur le marché britannique.
Michel Doucet aime bien le iShares MSCI United Kingdom Small Cap (BATS ; EWUS) de BlackRock. Comme son nom l’indique, ce fonds se concentre sur les petites capitalisations boursières du pays.
Le FNB investit dans 11 secteurs. Les trois principaux sont les sociétés financières, la consommation discrétionnaire et les titres industriels. Depuis le début de l’année, le fonds a reculé de 7,8 %, en raison du résultat du référendum du 23 juin. Mais depuis trois mois, il a enregistré un rendement de 6,6 %.
Les investisseurs peuvent aussi acheter directement les titres de grandes multinationales britanniques, selon Michel Doucet.
Il suggère des titres – disponibles aux États-Unis, en dollars américains – comme la pétrolière BP (New York, BP), le fabricant de boissons alcoolisées Diageo (New York, DEO), le fabricant de produits de consommation Unilever (New York, UN) ou le fabricant de médicaments GlaxoSmithKline (New York, GSK).
«Ce sont des entreprises qui ont l’avantage d’avoir une exposition beaucoup plus forte à l’extérieur du Royaume-Uni, dit-il. Par exemple, seulement 20 % des revenus de BP proviennent du marché britannique.»
Depuis trois mois, les quatre titres se sont appréciés : BP (3 %), Diageo (11,2 %), Unilever (6,1 %) et GlaxoSmithKline (6,4 %).
Les entreprises exportatrices du Royaume-Uni pourraient profiter à court terme d’une livre sterling plus faible, souligne pour sa part Luc Vallée.
L’incertitude persiste
Malgré les occasions d’investissement, de l’incertitude demeure en raison du Brexit, fait remarquer le stratège de VMBL.
Il y a tout d’abord la nouvelle relation économique que le Royaume-Uni essayera d’établir avec l’Union européenne. Dans le meilleur des mondes, Londres aimerait avoir le libre-échange. Mais Bruxelles le voudra-t-elle ?
Dans le cas d’un refus de l’UE, le retour des tarifs douaniers pourrait nuire aux entreprises britanniques comme Unilever, affirme Luc Vallée : «Si de nouveaux tarifs entre le Royaume-Uni et les autres pays de l’UE sont ultimement implantés, ceux-ci nuiront aux entreprises».
En fait, les autorités européennes n’ont pas le choix de serrer la vis aux Britanniques, selon plusieurs observateurs.
En effet, accorder par exemple le libre-échange au Royaume-Uni pourrait envoyer le message qu’on peut quitter l’Union et ses inconvénients, mais tout en profitant de ses avantages à l’extérieur du marché commun.
L’enjeu est avant tout politique : les autorités européennes veulent à tout prix éviter de créer un précédent qui pourrait inciter un autre pays à claquer la porte.
Par exemple, la tenue possible d’un référendum sur l’appartenance à l’UE ou à la zone euro est un scénario plausible – même à long terme – aux Pays-Bas et en Autriche, selon Eurasia Group, une firme de New York spécialisée en risque politique.
Dans quatre autres pays, soit en France, en Italie, en République tchèque et au Danemark, l’idée de tenir un référendum sur l’appartenance à l’UE ou à la zone euro fait partie du débat public.
Par contre, la tenue d’un référendum est improbable dans un avenir prévisible, selon Eurasia Group.