La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a affiché un rendement de 10,4 % en 2019 dans le cadre d’une année ayant incité le bas de laine des Québécois à conclure que le temps était venu de rééquilibrer son portefeuille immobilier.
En raison des changements de comportement des consommateurs, qui se tournent de plus en plus vers le commerce en ligne, Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier de la Caisse, a ainsi l’intention de se départir d’environ le tiers des 25 centres commerciaux détenus au Canada et au Québec. Dans la province, la CDPQ est propriétaire de neuf centres commerciaux, comme le Fairview Pointe-Claire, le Complexe Les Ailes et le Laurier Québec.
« Je pense qu’en termes de disposition, les efforts seront à faire au cours des deux prochaines années », a expliqué la présidente et cheffe de la direction d’Ivanhoé Cambridge, Nathalie Palladitcheff, jeudi, dans le cadre du dévoilement des résultats annuels de la CDPQ.
Dans l’ensemble, le gestionnaire de régimes de retraite et d’assurance publics et parapublics a réalisé sa meilleure performance en cinq ans en 2019, même si son résultat a été inférieur à son indice de référence de 11,9 %. Sur cinq ans, la Caisse dit avoir livré un rendement de 8,1 %, soit environ un point de pourcentage de plus que son indice de référence.
L’année a toutefois été difficile dans le secteur de l’immobilier, où la Caisse a vu la valeur de son portefeuille fondre de 2,7 %, alors que l’indice de référence prévoyait une croissance de 1,4 %. La diminution de la valeur de ses propriétés résidentielles à New York, où le cadre réglementaire a freiné la hausse des loyers, a aussi pesé dans la balance.
Nathalie Palladitcheff, qui n’a pas caché son insatisfaction à l’égard des résultats de la dernière année, ne s’est pas avancée sur le nom des propriétés qui pourraient être vendues au Canada.
« Il y a 25 centres commerciaux et nous considérons qu’il y aura 25 solutions, a-t-elle dit. Cela ne veut pas dire qu’il y aura 25 ventes, 25 restructurations ou 25 transformations. Chaque cas est vraiment particulier. »
Dans le monde, Ivanhoé Cambridge est propriétaire de 46 centres commerciaux, dont 18 au Brésil, où deux sites ont été vendus l’an dernier. D’autres transactions sont au menu dans ce pays.
Les actifs immobiliers de la CDPQ, qui figurent dans la catégorie des actifs réels, étaient de l’ordre de 39,7 milliards de dollars (G$) à la fin décembre, ce qui représente environ 11,7 % de l’actif net de 340,1 G$ de l’institution. Du côté des infrastructures, la performance a été de 7,1 % en 2019, alors que l’indice de référence était de 17,7 %.
Sur la prudence
Si 2019 a été une année record sur les marchés boursiers, l’approche prudente de la CDPQ s’est traduite par un résultat de 17,2 % dans ce secteur, sous l’indice de référence de 18 %.
« Pour moi, ne pas être allé chercher le 0,8 % ne m’empêche pas de dormir, a expliqué le président et chef de la direction de la Caisse, Charles Émond, qui a succédé à Michael Sabia le 1er février dernier. Avec moins de risques, le portefeuille, dans son ensemble, répond exactement aux attentes. »
Ce résultat est également en partie attribuable à SNC-Lavalin, qui a connu une année difficile à la Bourse de Toronto en 2019. La Caisse est le plus important actionnaire de la firme d’ingénierie et de construction, avec une participation d’environ 20 %, ou 35 millions d’actions. En ce qui a trait aux placements privés, dans des sociétés qui ne sont pas cotées en Bourse, le rendement a été de 10,5 %, en deçà de l’indice de référence fixé à 11,8 %.
Quant au secteur des revenus fixes, où l’on gère notamment des obligations ainsi que d’autres instruments de crédit, il a surpassé son indice de référence grâce à un rendement de 8,9 %.
Alors que l’on traverse le « plus long cycle de marchés haussiers de l’histoire », ce qui a profité à son prédécesseur, M. Émond a dit s’attendre à ce que la prochaine décennie soit plus « exigeante », ce qui vient, à son avis, valider l’approche prudente de la Caisse.
« Nous ne cherchons pas ici à suivre la vague, a-t-il dit. Nous cherchons des rendements fiables, une performance stable et une stratégie moins vulnérable aux aléas du marché. »
Dans la province
Au Québec, la CDPQ a chiffré ses nouveaux investissements et engagements à 3,3 G$. Son actif total dans la province totalise maintenant 66,7 G$, ce qui constitue une progression d’environ 4,6 %.
L’institution, qui souhaite réduire son empreinte carbone de 25 % par dollar investi d’ici 2025, est toujours l’actionnaire majoritaire de Ciment McInnis, l’exploitant de la cimenterie gaspésienne de Port-Daniel, un projet marqué par les dépassements de coûts. Cette usine est un important émetteur de gaz à effet de serre.
« Est-ce qu’à terme, le rôle de la Caisse est d’exploiter une usine de ciment? La réponse est non », a dit M. Émond, sans s’avancer sur le moment où pourrait survenir une transaction.
Dans le passé, le gestionnaire de régimes de retraite avait sondé le terrain pour voir si un acquéreur était intéressé, mais cela ne s’était pas concrétisé. M. Émond a estimé qu’il s’agissait d’un actif qui se portait « mieux » depuis quelques années.