Le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), en collaboration avec le Centre canadien antifraude ont lancé le Projet CHAMELEON afin de sensibiliser les entités financières et les entreprises de services monétaires, aux techniques de blanchiment des produits de ce type d’arnaques.
« Cependant, les entités déclarantes – et leur personnel de première ligne, tout particulièrement – doivent connaître les facteurs contextuels qui peuvent indiquer que leurs clients sont susceptibles d’être victimes d’une arnaque amoureuse, et avoir conscience du fait qu’un tel crime pourrait être difficile à détecter au moyen d’un simple examen des opérations », indique-t-on.
Les victimes d’arnaques amoureuses effectuent généralement des opérations qui ne correspondent pas à leur profil, comme envoyer des fonds directement à des personnes avec lesquelles elles n’ont aucun lien apparent, signale notamment le CANAFE. Ce type de fraude se caractérise aussi souvent par une augmentation soudaine du nombre de télévirements ou virements de fonds par courriel.
Ainsi, il peut arriver que les victimes vendent ou regroupent des actifs, par exemple ses cartes de crédit, prêts, épargne-retraite, polices d’assurance et se départir d’actifs par exemple maison, véhicule, placements, REER, afin de financer des virements pour le compte d’un arnaqueur, envoyant de plus en plus d’argent au fil du temps à mesure que les arnaqueurs gagnent leur confiance. Des destinations internationales communes de ces virements sont les États-Unis, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Ghana, le Burkina Faso, l’Afrique du Sud, le Mali, le Royaume-Uni, la Malaisie, la Turquie, les Philippines et le Bénin. Des virements retournés ou annulés peuvent indiquer que l’arnaqueur a été arrêté ou que la victime s’est rendu compte qu’elle se faisait arnaquer.
Dans de nombreux cas d’arnaques amoureuses, les arnaqueurs tentent de se servir des victimes comme porteur d’argent à leur insu pour faciliter le passage des produits de la criminalité entre les mains d’autres victimes, arnaqueurs ou de tierces parties. Dans ces cas, les victimes servent d’intermédiaire pour distancer les fonds des arnaqueurs et brouiller les pistes. Par conséquent, il pourrait être difficile de déterminer si un client est une victime, un arnaqueur, un blanchisseur, ou joue une combinaison de ces rôles puisque les opérations effectuées par des porteurs d’argent peuvent ressembler à des activités de transit, qui peuvent notamment consister en de multiples virements de tierces parties vers le compte de la victime qui sont suivis de retraits en espèces. Ces opérations pourraient également prendre la forme de télévirements ou d’achats de mandats-poste/traites bancaires.
Le CANAFE invite les entités déclarantes à porter attention aux clients qui effectuent des opérations au profit d’autres personnes, présentes ou non à ce moment-là, ou qui ne sont pas en mesure de donner l’information attendue à propos des opérations qu’ils effectuent. De plus, certaines victimes peuvent donner aux arnaqueurs un accès direct à leurs comptes bancaires en leur révélant leur nom d’utilisateur et leur mot de passe pour ouvrir une session ou en leur prêtant leur carte bancaire.
Il est conseiller aux entités déclarantes d’inviter les victimes potentielles d’arnaques amoureuses de communiquer avec le Centre antifraude du Canada au 1-888-495-8501 ou de déclarer directement au CANAFE toute opération douteuse lorsqu’il y a soupçon d’une arnaque amoureuse en inscrivant la mention Projet CHAMELEON.