Si la volatilité résultant du conflit entre la Russie et l’Ukraine peut inciter certains clients à prendre la poudre d’escampette, elle peut aussi représenter une opportunité d’achat pour certains.
Les marchés mondiaux ont connu une plus forte volatilité à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, plusieurs titres enregistrant d’abord une baisse avant de rebondir. Le S&P 500 a de nouveau baissé le 28 février, se dirigeant vers son deuxième mois consécutif de baisse.
Si la plupart des gens s’inquiètent avant tout du bilan humain du conflit en Ukraine, les conseillers reçoivent également des questions sur les marchés.
Allan Small, conseiller en placement principal au Allan Small Financial Group chez iA Private Wealth, a déclaré que sa clientèle d’environ 400 familles se divise en deux camps : un groupe s’inquiète de l’aggravation de la situation en Ukraine, tandis que la seconde cohorte voit une opportunité d’ajouter des titres à leurs portefeuilles à un prix bon marché.
« De nombreux clients individuels m’ont demandé si c’était le début d’une liquidation plus importante », rapporte Allan Small.
Il ne le pense pas, en partie à cause de la baisse qui s’est déjà produite cette année. Avant la guerre en Ukraine, les marchés étaient déjà « sur les nerfs » en raison de la hausse des taux d’intérêt.
Allan Small note que le S&P 500 est en « territoire de correction », avec une baisse de près de 10 % sur l’année, en date de lundi après-midi, tandis que le NASDAQ est plus proche du territoire de marché baissier, avec une baisse de 13 % cette année. Il a ajouté que le marché peut changer très rapidement et que la panique pourrait disparaître.
« Je parle souvent de ne pas essayer de chronométrer les marchés, ce qui est évident. Les gens comprennent le risque que cela représente, mais combien d’entre eux suivent réellement ce conseil ? », s’interroge-t-il.
« [Les clients] viennent encore me voir et me disent : « Voici de l’argent. Peut-être devrions-nous le garder jusqu’à ce que les choses s’améliorent ». Mon commentaire est le suivant : « Nous ne savons pas quand cela arrivera. Lorsque les choses s’améliorent, les marchés sont déjà plus élevés ». »
Allan Small affirme que sa recommandation aux clients à la recherche de croissance pendant cette période est similaire à ce qu’il a recommandé dans le passé, à savoir « acheter lors des creux, mais acheter de manière sélective ».
Cela signifie qu’il faut rechercher des sociétés qui ont « des bénéfices de bonne qualité », comme Goldman Sachs, Amazon et Nvidia, illustre-t-il.
Il suggère aux investisseurs de ne pas se concentrer uniquement sur les ramifications économiques qui découleront de la situation entre la Russie et l’Ukraine dans les semaines à venir, mais aussi sur l’action des banques centrales en matière de taux d’intérêt. Il prévoit que la Réserve fédérale et la Banque du Canada vont hausser leurs taux.
« Il faut être très sensible à cela, du point de vue de l’investissement, encore plus qu’à ce qui se passe à l’étranger, car je pense… que cela sera plus important pour les marchés pendant une plus longue période », assure-t-il.
Jay Smith, gestionnaire de portefeuille et conseiller en placement chez CIBC Wood Gundy, rapporte que quelques-uns de ses clients sont très inquiets, mais que la plupart ont traversé suffisamment de crises pour pouvoir passer outre à celle-ci.
« Ce qui rend les gens extrêmement nerveux, ce sont les sociétés de croissance, car elles se négocient à des multiples cours/bénéfices plus élevés », selon lui.
Jay Smith a récemment modifié les parts d’actions des portefeuilles qu’il gère, passant d’une répartition moitié valeur, moitié croissance à 65 % valeur, 35 % croissance, en prévision d’une hausse des taux d’intérêt, qui « réduirait les flux de trésorerie des entreprises ».
Jay Smith indique que certains clients lui ont demandé s’il était possible de vendre quelques positions en franchise d’impôt pour essayer de les racheter à un prix inférieur. Sa réponse est qu’il a réduit ses investissements depuis quatre mois.
« Peut-être aurez-vous raison : vous vendez, le marché baisse, et vous rachetez. Mais que se passe-t-il si vous avez tort ? Dans ce cas, vous devez acheter à un niveau beaucoup plus élevé. Et souvent, pour en sortir, vous devez payer l’impôt sur les plus-values », avertit-il.
Jay Smith ajoute que « c’est le moment » pour les conseillers de tenir la main de leurs clients et de les consoler. Si leurs clients disposent de liquidités, ils devraient acheter. S’ils n’en ont pas, c’est probablement le mauvais moment pour vendre, conclut-il.