Le thème principal du budget fédéral sera l’égalité des sexes, et il sera largement question, selon ce qu’a laissé entendre le ministre des Finances, Bill Morneau, des efforts pour accroître le nombre de femmes sur le marché du travail.
Le budget doit inclure notamment un congé de paternité de cinq semaines, à l’image de celui du Québec, comme moyen d’encourager les Canadiens à partager plus équitablement les responsabilités parentales.
Il devrait préciser comment le gouvernement entend respecter sa promesse d’ajouter 500 M$ à la Prestation fiscale pour le revenu de travail (PFRT), à partir de l’année prochaine. La PFRT permet aux travailleurs qui gagnent généralement le salaire minimum, ou moins, d’engranger plus de revenus par l’entremise d’un crédit d’impôt remboursable.
Il doit aussi comporter les fonds nécessaires pour combler les écarts de salaire entre les sexes dans les lieux de travail sous compétence fédérale et des efforts pour accroître la diversité des soumissionnaires dans les marchés publics.
Et pour la première fois dans l’histoire canadienne, le document budgétaire dans son ensemble a été soumis à une analyse selon le sexe, qui implique d’évaluer comment des mesures risquent de toucher différemment les hommes et les femmes.
Plan d’assurance médicaments
Le budget fédéral mettra sur pied un comité consultatif avec l’ex-ministre ontarien de la Santé à sa tête pour réfléchir à l’idée d’instaurer un régime d’assurance médicaments pancanadien, selon certaines sources au gouvernement.
Eric Hoskins avait donné un gros indice sur le lancement de ce projet en annonçant sa démission à titre de ministre de la Santé de l’Ontario, plus tôt lundi, affirmant qu’il voulait continuer de travailler à « bâtir le système de santé pour tous les Canadiens ». Il a ajouté que « ce chemin et ce parcours se préciseront dans les prochains jours ».
Lors d’échanges avec La Presse canadienne, de hauts responsables du gouvernement, qui se sont exprimés sous le couvert de l’anonymat puisque la nouvelle n’était pas encore publique, ont confirmé qu’Ottawa lancerait cette initiative et que M. Hoskins y jouerait un rôle de premier plan.
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Le gouvernement espère avoir un plan qu’il pourra mettre en place dans le prochain budget, juste à temps pour les élections fédérales de 2019, probablement afin de couper l’herbe sous le pied du chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, qui a promis de faire de ce programme l’une de ses priorités.
Eric Hoskins, qui a été ministre de la Santé pendant quelques années, a acquis de la crédibilité auprès des autres provinces, ce qui pourrait l’aider dans un contexte où les gouvernements ont eu du mal à s’entendre sur les médicaments qui devraient être couverts ou non.
Certaines organisations, dont le Congrès du travail du Canada, ont exhorté le gouvernement fédéral à élaborer un plan pour « concevoir et implanter un programme d’assurance médicaments universel, complet et national qui couvrirait tous les Canadiens ».
Dans ses recommandations prébudgétaires, l’organisation avait déclaré que le système actuel était inefficace et coûteux, et qu’il délaissait environ 3,5 millions de Canadiens qui ne peuvent pas se permettre d’acheter les médicaments dont ils ont besoin.
Selon le groupe syndical, le Canada est le seul pays développé dans le monde à avoir un système de santé universel qui ne comprend pas un programme d’assurance médicaments.
Dans sa déclaration, lundi, M. Hoskins n’a pas justifié son départ, mais il a laissé des indices sur son avenir.
Pendant son règne comme ministre de la Santé, le gouvernement ontarien a présenté un plan d’assurance médicaments qui couvre 4400 médicaments pour les adultes âgés de moins de 25 ans. Cette stratégie, qui était une partie importante du dernier budget ontarien, est entrée en vigueur en janvier.
La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a remercié M. Hoskins pour son travail et a annoncé que Helena Jaczek lui succèderait comme ministre de la Santé.
« Je suis reconnaissante à Eric pour le travail qu’il a accompli afin de continuer à améliorer le système de santé de classe mondiale de l’Ontario et de mieux soutenir les patients et les familles », a-t-elle déclaré.
« Il a également joué un rôle clé en s’assurant que l’Ontario est à l’avant-garde des efforts déployés pour donner de l’expansion à notre système de santé grâce à des initiatives inédites comme l’Assurance-santé Plus, qui offre la gratuité des médicaments d’ordonnance à tous les jeunes de moins de 25 ans. »
Un système coûteux, mais générant des économies
Le directeur parlementaire du budget avait calculé à l’automne qu’un système d’assurance médicaments pancanadien coûterait plus de 19 G$. Cependant, il contribuerait à diminuer les prix des médicaments de 4 G$ annuellement.
Ces économies proviendraient largement de l’achat en vrac de médicaments, ce qui permettrait à Santé Canada de négocier de meilleurs prix avec les pharmaceutiques, et d’augmenter l’utilisation des médicaments génériques.
Cette politique pourrait aider les Canadiens, qui choisissent parfois de ne pas prendre des médicaments, ou de ne pas les renouveler en raison de leurs prix élevés. Selon un sondage d’Angus Reid publié en 2015, ce serait le cas du quart des Canadiens.
Selon le rapport du directeur parlementaire du budget, pour l’année budgétaire 2015-2016, les Canadiens avaient dépensé environ 28,5 G$ en médicaments d’ordonnance, sans compter ceux qui ont été administrés aux patients dans des hôpitaux.
Sur cette facture, les provinces et le gouvernement fédéral ont payé 13,1 G$, les assurances privées, 10,7 G$ et les Canadiens, 4,7 G$.
Selon les calculs du directeur parlementaire du budget, environ 24,6 G$ auraient pu être couverts par un programme national d’assurance médicaments. Les 3,9 G$ restants étaient des médicaments qui ne sont pas couverts en ce moment.
Eric Hoskins, qui était député depuis 2009 et ministre de la Santé depuis 2014, est le quatrième ministre de premier plan du gouvernement Wynne à annoncer son départ à quelques mois des élections.