La Banque Scotia a été critiquée mardi pour ne pas agir assez rapidement face au changement climatique, à l’occasion de l’assemblée annuelle de ses actionnaires, alors que les remarques préparées de son chef de la direction Brian Porter, qui a raté la réunion en raison de la COVID-19, se concentraient surtout sur les défis économiques auxquels sont confrontés les Canadiens.
S’exprimant lors de la 190e assemblée annuelle de la banque, au Scotiabank Centre, la Fondation de la famille Trottier, un actionnaire de la Banque Scotia, a félicité la banque pour avoir reconnu le changement climatique comme un risque majeur, mais a déploré le fait qu’elle n’agissait pas avec suffisamment d’urgence.
« L’an dernier, le financement de la Scotia pour les combustibles fossiles a augmenté de 87 %, ou 14 milliards de dollars (G$) en chiffres absolus, pour atteindre un montant stupéfiant de 30 G$, a souligné Eric St. Pierre, directeur général de la Fondation de la famille Trottier, lors de l’assemblée. Alors que des engagements sont pris sur papier, la réalité est que les combustibles fossiles sont massivement financés. »
Suite à cela, un porteur de procuration a évoqué l’approche de la banque en matière d’émissions de gaz à effet de serre de la portée 3 et ce que son groupe considère comme un manque de cibles de réduction dans le plan de carboneutralité de la banque pour ce groupe d’émissions dans tous les secteurs, mais surtout pour secteur du pétrole et du gaz naturel. Les émissions de la portée 3 couvrent les émissions indirectes échappant au contrôle direct d’une entreprise.
Pendant ce temps, des militants du groupe écologiste Greenpeace ont tenté de perturber l’assemblée, critiquant la Banque Scotia pour son approche vis-à-vis des combustibles fossiles et son adhésion à l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP), un groupe de pression du secteur pétrolier. La banque et le lobby ont tenu mardi une conférence sur le pétrole et le gaz naturel ensemble à Calgary.
La Banque Scotia a cependant pris de nombreux engagements en matière de changement climatique. En mars, elle a publié ses objectifs initiaux pour atteindre la carboneutralité, qui comprennent la réduction de l’intensité des émissions, mais pas des émissions absolues, de ses portefeuilles de pétrole et de gaz naturel, d’énergie et de services publics.
La banque a également souligné dans son rapport sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) annuel qu’elle avait atteint une réduction de 25 % de ses émissions de gaz à effet de serre des portées 1 et 2, qui mesurent les émissions sur lesquelles les entreprises ont un contrôle plus direct, quatre ans avant son objectif de 2025.
« Les facteurs ESG font partie intégrante de notre stratégie commerciale (…) et de notre fonctionnement en tant que banque », a affirmé le directeur financier, Raj Viswanathan.
En l’absence de Brian Porter, Raj Viswanathan a livré une version condensée de ses remarques préparées qui couvraient les pressions inflationnistes sur les Canadiens, la croissance de l’économie et les pénuries de main-d’œuvre, ainsi que la critique de la taxe fédérale sur les banques prévue dans le cadre du budget du gouvernement fédéral de jeudi. Il a notamment fait valoir que cette taxe était une « réaction instinctive qui envoie le mauvais message à la communauté mondiale des investisseurs ».
Au sujet de la relance de l’économie canadienne et de l’amélioration du niveau de vie, Brian Porter a suggéré dans le texte de ses remarques que le Canada devrait créer une version moderne de la Commission Macdonald, qui, selon lui, a ouvert de nouveaux marchés commerciaux et d’exportation, stimulé de nouvelles entreprises et industries et inauguré « une nouvelle ère de croissance et de prospérité pour les Canadiens ».
Brian Porter avait également prévu de parler de la confiance de la Banque Scotia dans ses investissements dans le numérique, de ses intentions de financer la croissance interne et de l’amélioration de la valorisation boursière de l’entreprise.
Outre l’empreinte carbone de la Banque Scotia, les actionnaires ont également soulevé la question des frais liés au courtage à commissions réduites Scotia iTrade, aux activités chiliennes de la banque et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.