Puisque l’assurance vie universelle est composée d’une portion assurance et d’une portion placement, l’assuré peut en effet comprimer l’assurance pour mettre l’accent sur l’accumulation.
«Par contre, l’assurance vie universelle s’adresse davantage à l’investisseur aguerri. Si l’assuré est conservateur dans ses placements, il vaudrait mieux opter pour l’assurance vie entière avec participation, où le portefeuille est géré comme un fonds équilibré de grande taille, par des professionnels», signale Bernard Larivière, président de Banque Nationale Planification et avantages sociaux.
«Par ailleurs, si le client veut avoir la possibilité de sortir du capital en cas d’urgence, l’assurance vie universelle est généralement plus avantageuse, note Louis Lavoie, directeur, vente de produits d’assurance à la Financière Sun Life. Dès le départ, l’assuré a accès à des liquidités.»
Dans le cas de la vie entière, l’objectif est généralement à long terme.
L’assurance vie Protection de Sun Life par exemple n’a aucune valeur de rachat durant les quatre premières années. La valeur de rachat est ensuite modeste jusqu’à la 11e année, où elle devient intéressante.
Il existe cependant des contrats vie entière plus coûteux qui donneront une valeur de rachat plus rapidement.
Ceci dit, Bernard Larivière déconseille fortement d’employer l’assurance permanente comme coussin de sécurité. «Ce n’est pas le but de ce produit, dit-il. Le CELI est un meilleur outil.»
«L’assurance permanente est un produit moins intéressant pour l’épargne, ajoute Jimmy Bouchard, directeur, développement des produits et protection chez SFL Cité de Montcalm. C’est davantage un produit à prendre une fois que le REER et le CELI sont maximisés.»
«En effet, le gain réalisé sur une assurance permanente est égal à la valeur de rachat moins le coût de base rajusté, continue-t-il. Et ce montant est traité [fiscalement] comme des intérêts, imposables à 100 %.»
Il existe toutefois une façon avantageuse sur le plan fiscal d’accéder aux capitaux. La technique consiste à donner la police d’assurance en garantie à une institution financière afin d’obtenir un prêt. Au décès, le solde impayé, accru des intérêts, est déduit du capital assuré.
Le levier d’emprunt de l’assurance permanente est également intéressant pour les sociétés. Ces dernières peuvent donner la police en garantie pour l’obtention d’un prêt commercial qui pourrait en outre financer une expansion.
Il est toutefois plus facile d’emprunter de la sorte avec l’assurance vie entière. «Le prêt peut alors atteindre 90 % de la valeur de rachat de ce contrat, explique Bernard Larivière. Du côté de la vie universelle, l’assuré peut emprunter 90 % de la valeur des titres à revenu fixe, mais seulement 50 % de celle des actions.»
Notons toutefois que si la valeur du portefeuille de l’assurance vie universelle chute, le prêteur pourrait exiger un remboursement partiel de l’avance.
La succession
L’avantage principal de l’assurance vie permanente est que les prestations versées aux bénéficiaires au décès du rentier sont non imposables.
L’avantage est encore plus important si l’assurance est détenue par une société, puisque la prime est alors payée avec des revenus imposés à un taux moindre que pour un particulier.
Le client pourrait donc désirer maximiser son capital-décès. Dans ce cas, l’assurance vie universelle pourrait alors être considérée en raison de sa souplesse. En effet, pour une prime donnée, la vie universelle permet notamment de réduire la portion accumulation pour accroître la couverture d’assurance du client.
«Il faut toutefois faire attention au dosage, prévient Suzanne Alepin. Parfois, le client soutient que son objectif est [de maximiser le] capital-décès, puis deux ans plus tard, il a besoin de liquidités et aimerait puiser de l’argent sur sa police…»
D’autre part, l’assuré pourrait être tenté par une autre option qui permet d’ajouter les fonds accumulés dans le produit au capital-décès. «À ce moment-là, à moins d’être un très bon investisseur, l’assurance vie entière avec participation est plus intéressante, pense Bernard Larivière. Parce qu’elle garantit d’avoir un rendement annuel de plus de 5 ou 6 % à long terme.»
Le paiement
Un autre objectif du client pourrait être de payer sa police sur une période de un à trois ans afin de faire fructifier rapidement l’argent à l’abri de l’impôt. Une fois de plus, l’assurance vie universelle est plus flexible : «Elle s’achète en un, deux ou trois versements annuels, note Bernard Larivière, alors que l’assurance vie entière nécessite généralement des versements sur une période d’au moins sept à dix ans.»
Comme il existe des règles gouvernementales quant aux montants maximaux pouvant être inclus dans une police au cours d’une année, l’assureur devra parfois créer un compte accessoire dans lequel il placera une partie du versement, qu’il transférera peu à peu dans la police.
«Cette stratégie peut en outre être avantageuse si un professionnel ou un entrepreneur a accumulé trois millions en liquidités dans son entreprise, dit Jimmy Bouchard. L’assurance vie universelle lui permettra de maintenir l’accès à des liquidités, de faire fructifier rapidement l’argent à l’abri de l’impôt et de se constituer un capital-décès non imposable.»
Les frais
Enfin, si le client est allergique aux frais, il devrait savoir que l’assurance vie universelle a mauvaise réputation. Elle comporte en effet des frais de gestion associés aux produits de placement qui s’ajoutent à ceux de l’assureur.
«Ces dernières années, les compagnies d’assurance ont cependant fait des efforts pour réduire l’écart de frais entre un fonds d’actions détenu par cette assurance et un fonds équivalent vendu librement, dit Bernard Larivière. Les fonds offerts par l’intermédiaire du contrat vie universelle tendent maintenant à avoir les mêmes frais de gestion que s’ils avaient été achetés dans un REER.»
À ces coûts, il faut ajouter des frais d’annulation. «Sur certaines polices d’assurance vie universelle, ils sont de 250 $ durant les dix premières années», précise Louis Lavoie.
«Par contre, il ne faut pas se leurrer, remarque Bernard Larivière, les contrats vie entière ont aussi des frais d’annulation, mais ils sont invisibles, car ce sont des frais indirects qui résultent en une valeur de rachat moins importante.»
«Autre chose à considérer, ajoute Jimmy Bouchard, le contrat vie entière a l’inconvénient de comporter des frais pour le mode de paiement mensuel, très populaire auprès des clients.»
Les assureurs estiment en effet qu’ils font alors une avance aux clients. Ils appliquent donc un taux d’intérêt de 8 à 10 % sur la prime annuelle pour établir la prime mensuelle. Pour une prime annuelle de 4 827 $, cela peut représenter des frais d’intérêt de 387 $ par an.
«Lorsque le client tient à tout prix au mode de paiement mensuel, remarque Jimmy Bouchard, il faut en tenir compte dans la comparaison.»