L’or et l’argent intéressent vos clients ? Il existe de nombreuses façons d’investir dans ces métaux précieux, les deux plus simples et les plus populaires étant les fonds communs et les fonds négociés en Bourse (FNB).
Choix des experts
Pour les spécialistes québécois que Finance et Investissement a consultés, le mode d’investissement privilégié est les fonds communs. Et plus particulièrement, pour certains de ces experts, les fonds adossés à la denrée comme le Fonds de lingots d’or et le Fonds de lingots d’argent de Sprott Asset Management.
Pourquoi cette préférence ? «C’est le fonds de ce type qui procure le meilleur rendement [5,1 % sur cinq ans]», répond simplement Larry Bathurst, associé fondateur de Planex Solutions financières, à Saint-Jérôme, qui investit lui-même dans le Fonds de lingots d’or de Sprott.
Toutefois, reconnaît-il, peu de ses clients sont enclins à ce genre de placement.
C’est dans ce fonds qu’investit également Hugo Bonenfant.
Le fait qu’un fonds d’or soit adossé directement au métal précieux est essentiel à ses yeux. Hugo Bonenfant tient à posséder des unités de fonds «contre promesse de livraison», précise-t-il, et c’est ce que le fonds de Sprott lui assure.
Depuis le lancement du fonds SPDR Gold Shares (GLD) en 2004, l’investissement dans les FNB de lingots d’or ou d’argent a fait bon nombre d’adeptes. Selon le World Gold Council, ces FNB représentent déjà environ 2,75 % de toute la demande mondiale d’or.
«Un FNB représente la façon la plus facile d’acheter de l’or ou de l’argent», affirme Martin Lefebvre, vice-président, stratégie de placement et répartition de l’actif, de la Banque Nationale.
Bien entendu, on peut aussi acheter les titres d’entreprises aurifères et argentifères. «Il y a plus de potentiel de gain à participer aux titres de sociétés qu’à acheter les métaux eux-mêmes. L’investisseur participe aussi à la distribution de dividendes», dit Martin Lefebvre.
Cela dit, le choix des sociétés comporte sa part de risques. «C’est pourquoi il vaut mieux investir dans un fonds commun qui, lui, fait la sélection de titres», précise-t-il.
Produits moins communs
Une autre façon d’investir dans l’or consiste à acquérir un certificat auquel correspond une certaine quantité de métal précieux. Cette quantité peut être «assignée» ou «non assignée».
Si elle est assignée, cela signifie que l’épargnant qui veut obtenir livraison de son or recevra le lingot numéroté qui correspond à son certificat. Si elle est non assignée, l’épargnant recevra n’importe quel lingot dans un délai qui peut s’avérer plus ou moins long.
«C’est un peu comme la surréservation (overbooking) dans les avions ; on peut très bien perdre sa place et devoir attendre le prochain vol», souligne Laurent Biron.
Les produits financiers dérivés (options et contrats à terme, contrats gré à gré) sont un autre moyen d’investir dans l’or et l’argent.
Cette solution est davantage utilisée par les investisseurs institutionnels ; pour le simple épargnant, il est plus sage de ne pas y recourir. «C’est excessivement spéculatif, avertit Martin Lefebvre. À tout le moins, il vaut mieux y investir avec l’aide d’un spécialiste.»
Détenir de l’or véritable
Enfin, l’or et l’argent peuvent être détenus sous trois formes physiques : bijoux, pièces de monnaie et lingots.
Sous forme de bijoux, ils constituent un investissement assez courant en Asie, mais pas en Occident, où l’on prise davantage leur valeur esthétique et le prestige lié à des marques, explique Peter Hug, directeur du négoce international chez Métaux Kitco, à Montréal.
Les pièces de monnaie circulent surtout dans les réseaux de collectionneurs, des réseaux qu’un site Internet comme eBay a beaucoup renforcés.
«Pour des raisons de marketing, des pièces de monnaie en or peuvent se vendre auprès d’un autre collectionneur deux fois le prix de la quantité d’or qu’elle contient, explique Peter Hug. Mais un investisseur, ou une firme comme Kitco, n’achèterait jamais de telles pièces pour plus que leur valeur en or.»
Enfin, certains acheteurs, au lieu d’acquérir des fonds communs ou des FNB, même s’ils sont adossés directement à des réserves de métal précieux, préfèrent acheter la matière première elle-même.
Certains l’achètent pour l’entreposer chez eux, d’autres la confient à une firme comme Kitco, qui l’entrepose pour des frais variant de 0,25 % à 0,75 % de la valeur, en fonction des quantités détenues.
Les premiers font partie de la catégorie de gens que Peter Hug appelle «les illuminés», ceux qui pensent que la civilisation est au bord du gouffre. «Ils ont tendance aussi à avoir une collection étendue d’armes à feu et à stocker de la nourriture six mois à l’avance. Je suis trop vieux maintenant pour en débattre avec eux.»
Ce type d’acheteurs, plus nombreux aux États-Unis qu’au Canada, est étonnamment important, juge Peter Hug : il équivaudrait à environ 15 % du marché du détail, si on en exclut les FNB, les institutions financières et les banques centrales.
Enfin, un certain nombre d’épargnants qui tiennent à détenir la matière première l’entreposent chez des firmes comme Kitco.
«Toutefois, c’est la façon la moins efficace de couvrir un portefeuille, parce que vous payez des frais supplémentaires pour l’entreposage et le coulage des lingots», précise Peter Hug.