Cette situation est problématique pour les investisseurs, affirme Mehran Nakhjavani. «La surexposition aux sociétés d’État et au secteur financier pose deux problèmes cycliques et un problème structurel.»
Pourquoi les SOE sont à risque
Tout d’abord, la santé financière des SOE demeure fragile, même si elles ont amélioré leur bilan en 2016 en raison du plan de relance du gouvernement chinois dans les secteurs immobilier et manufacturier. «Ces mesures sont temporaires et sont sur le point de disparaître dans un contexte où le gouvernement serre la vis au secteur immobilier», dit l’associé de MRB.
Par ailleurs, on assiste de facto à un resserrement monétaire en Chine, alors que les taux d’intérêt augmentent et que les marges d’intérêt nettes des banques – la différence entre les intérêts perçus et les intérêts réglés par une institution – sont sous pression, fait remarquer Mehran Nakhjavani. «Cela plombera les bénéfices des banques en 2017.»
Enfin, au niveau structurel, la gouvernance des SOE est un enjeu majeur pour les investisseurs, selon lui. «En tant qu’investisseur, vous ne savez jamais si les actifs seront injectés ou retirés de l’entité dont vous détenez les actions. Il s’agit d’un problème généralisé en Chine.»
Bien qu’il existe dans le pays des recours légaux contre les entreprises privées qui ont des mauvais comportements, il est pratiquement impossible de poursuivre une société d’État en Chine, insiste l’analyste de MRB.
Investir dans les entreprises dynamiques
En Chine, les spécialistes s’entendent pour dire que les entreprises les plus intéressantes (en l’occurrence, des sociétés privées) sont disponibles sur le marché des actions de catégorie A, qui sont négociées à la Bourse de Shanghai et à la Bourse de Shenzen.
Pour y accéder, les investisseurs peuvent notamment passer par le Shanghai-Hong Kong Stock Connect et le Shenzhen-Hong Kong Stock Connect. Il s’agit de deux plateformes qui ont été respectivement lancées en 2014 et en 2016.
Par exemple, le Shenzhen-Hong Kong Stock Connect permet aux investisseurs étrangers de négocier 881 titres. Selon le Financial Times, cette plateforme leur offre une plus grande exposition au secteur technologique chinois que la Bourse de Shanghai.
Toutefois, il y a d’autres stratégies pour s’exposer aux entreprises privées chinoises inscrites en Bourse.
Alfred Lee, gestionnaire de portefeuille chez BMO gestion mondiale d’actifs, suggère d’investir via les fonds négociés en Bourse (FBN), car ils permettent de s’exposer aux actions des sociétés inscrites à la Bourse de Hong Kong (de catégorie H).
Les FNB permettent aussi d’investir dans les entreprises chinoises disponibles aux États-Unis via les certificats américains d’actions étrangères (ADR) et dans les actions négociées, par exemple, à la Bourse de New York, comme le géant du commerce de détail Alibaba (BABA).
Le gestionnaire suggère le FINB BMO actions chinoises (Toronto, ZCH). Ce dernier investit dans l’ensemble du marché boursier chinois en détenant un panier d’ADR incluant le géant Internet BAIDU, qui est aussi coté au NASDAQ (BIDU).
Par contre, il n’est pas obligatoire de passer par un FNB pour détenir des ADR et des actions d’entreprises chinoises cotées en Bourse aux États-Unis : les investisseurs peuvent acheter directement ces titres libellés en dollars américains.
Les investisseurs peuvent aussi acheter directement les actions négociées au Shanghai-Hong Kong Stock Connect et au Shenzhen-Hong Kong Connect.
Par contre, faire l’évaluation d’une action chinoise n’est pas une «mince affaire», souligne Jean-René Ouellet, spécialiste du Groupe Conseil en portefeuilles chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD).
«Les règles comptables n’y sont pas exactement les mêmes. Alors, le recours à des ADR devient une alternative intéressante, puisqu’ils imposent des standards de divulgation d’information plus transparents», dit-il en précisant que VMD préconise les secteurs plutôt axés sur la consommation, les technologies et les télécommunications.
Pour investir dans ces secteurs, les FNB sont une stratégie intéressante tout comme les fonds communs de placement (FCP). «Si les FCP ont moins bonne presse récemment, des marchés où les rendements sont très variés selon les instruments peuvent s’avérer propices à la gestion active», souligne Jean-René Ouellet.
Tout comme Mehran Nakhjavani de MRB, il se méfie de certains fonds indiciels où le secteur financier chinois est surreprésenté. Par contre, Jean-René Ouellet indique que certains FNB offrent une bonne exposition aux secteurs plus dynamiques en Chine, tels que le Deutsche X-Trackers Harvest CSI 300 China A-Shares (NYSEARCA, ASHR) ou le KraneShares Trust (NASDAQ, KWEB).
Le ASHR offre aux investisseurs l’accès aux actions de catégorie A inscrites sur les Bourses du Shenzhen et de Shanghai. Pour sa part, le KWEB expose les investisseurs aux CSI Overseas China Internet Index. Il est surtout composé de titres de télécommunications (73 %) et de technologies (18 %), en plus d’inclure des entreprises de moyennes et petites capitalisations.
Il existe aussi des produits financiers strictement canadiens pour investir dans les entreprises chinoises. Outre le ZCH de BMO, il y a le iShares China Index (Toronto, XCH) et le Horizons China High Dividend Yield (Toronto, HCN).