Le point de presse était mené par un trio d’organismes formé de la Chambre de commerce de Montréal, du Centre financier international de Montréal et de Finance Montréal.

Michel Leblanc, Jacques Girard, président du conseil du Centre financier de Montréal, et Jean Houde, président du conseil Finance Montréal, reprochent au ministre des Finances du Canada, James Flaherty de s’obstiner à poursuivre une voie qui contrevient aux intérêts de Montréal avec son projet coopératif de commission des valeurs mobilières unique.

Leurs trois dirigeants n’ont pas été tendres envers le projet de commission unique. Ils ont de concert demandé que le premier ministre Stephen Harper « rappelle à l’ordre » James Flaherty.

« Regardons ce qui s’est passé dans les dernières années, le ministre était convaincu qu’il était dans son droit et il a été débouté par la Cour suprême. Je ne comprends pas qu’il n’ait pas encore compris qu’il n’avait pas de raison d’envahir ce champ de compétence provincial », a soutenu Jean Houde. La bataille qui s’est jusqu’à maintenant jouée sur le terrain juridique doit maintenant aussi être menée dans l’arène politique, selon les trois organismes.

« Nous lançons un appel à tous pour se positionner contre cette commission et ça commence tout d’abord par la mobilisation politique. Nous réclamons de la part des politiciens une motion unanime pour défendre Montréal », a ajouté Michel Leblanc. Les acteurs du milieu des affaires montréalais ont notamment interpellé directement le chef du Nouveau parti démocratique (NPD) Thomas Mulcair et au chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau.

Perte de l’intelligencia financière locale

Les trois porte-parole maintiennent que l’économie de la province de Québec profite d’un champ de compétence provincial des valeurs mobilières. « La présence d’un régulateur au Québec joue un rôle stratégique pour le maintien des emplois qualifiés ainsi que dans l’attraction d’investissements directs étrangers dans l’industrie financière québécoise », a souligné Jean Houde.

En ce qui a trait à la métropole, ils craignent notamment une érosion de la main-d’œuvre locale dans le domaine financier. « Montréal comprend quatre universités et les étudiants ont le droit de s’attendre à trouver un emploi dans la ville où ils font leurs études. »

Lier la langue

Jacques Girard a quant à lui mis de l’avant l’argument du choix de la langue de travail: « Les expériences de centralisation passées laissent croire que les citoyens qui désirent être servis en français pourraient avoir de la difficulté puisque le siège social de cette commission serait situé à Toronto .»

Pour sa part, Michel Leblanc considère qu’en plus de la question du français, le projet du ministre Flaherty ne prend pas en compte des sensibilisations juridiques du code civil par rapport au « common law ».

Michel Leblanc a aussi mentionné que les régulateurs en valeurs mobilières du Canada pourraient apporter des améliorations au système de passeport qui permet de faciliter les relations d’affaires interprovinciales. Il ajoute que ces derniers doivent se rencontrer au mois de décembre.

« Ce projet est à l’opposé du concept de fédération centralisée promu par Ottawa. Nous demandons au gouvernement d’être cohérent et de travailler dans l’intérêt des différents centres régionaux comme Calgary et Montréal », a indiqué Jacques Girard.

« C’est encore une fois un exemple d’un gouvernement qui essaie d’obtenir quelque chose par la porte d’en arrière », a conclu Michel Leblanc.