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La star de la téléréalité américaine Kim Kardashian a écopé récemment d’une amende d’1,7 million de dollars (M$) de la Securities and Exchange Commission (SEC). Elle avait omis de divulguer une rémunération de 250 000 $ pour recommander à ses quelques 331 millions de fans sur Instagram d’investir dans des jetons EthereumMax, une cryptomonnaie qui s’est ensuite effondrée.

La vedette de télé-réalité, influenceuse et femme d’affaires prétendait qu’il « ne s’agissait pas d’un conseil financier, mais de partager « les recommandations d’amis » à propos du jeton. Les volumes d’échange sur la cryptomonnaie avaient atteint 600 M$ à la suite de sa publicité, effectuée en juin 2021.

Des particuliers ruinés par leurs placements dans le cryptoactif ont déposé une plainte en action collective en début d’année contre la vedette.

La star, qui est à la tête d’une fortune estimée à plus de 2 G$ par le magazine Forbes, s’est engagée auprès de la SEC à ne pas faire la promotion de cryptoactifs pendant trois ans. Cet accord lui permettra d’aller de l’avant avec ses nombreuses autres activités commerciales, une ligne de maquillage et de sous-vêtements sculptants. En septembre, elle a lancé la société de capital-investissement SKKY Partners, en association avec Jay Sammons, un ancien de Groupe Carlyle.

Les régulateurs s’intéressent aux finfluenceurs

L’affaire Kardashian a braqué les projecteurs sur les finfluenceurs, ces influenceurs qui traitent de sujets financiers sur les réseaux sociaux.

Le président de la SEC, Gary Gensler, a rappelé que « lorsque des célébrités ou des influenceurs cautionnent des opportunités d’investissement, y compris des cryptoactifs, cela ne signifie pas que ces produits d’investissement conviennent à tous les investisseurs ».

Les régulateurs prennent diverses mesures pour protéger les épargnants de ces risques. La North American Securities Administrators Association (NASAA) a récemment publié un avis mettant en garde les investisseurs contre les finfluenceurs. « Les recommandations d’investissement des finfluenceurs sont divertissantes et hyperémotionnelles, mais nombre d’entre eux ne sont pas des professionnels de la finance agréés », a indiqué l’organisme, ajoutant que les influenceurs omettent souvent de mentionner qu’ils sont rémunérés pour leurs conseils.

Des zones grises dans l’encadrement

Les régulateurs canadiens tentent de protéger les investisseurs en crypto-monnaies ainsi que les investisseurs victimes d’escroqueries par « affinité », souligne FAIR Canada, un organisme de promotion des droits des investisseurs.

La British Columbia Securities Commission (BCSC) a par exemple proposé de nouvelles règles sur les promotions d’investissement s’appliquant à ces influenceurs. Selon ces règles, une personne qui fait la promotion d’entreprises ayant des liens avec la Colombie-Britannique doit divulguer la rémunération reçue, la possession de titres dans l’entreprise et « d’autres faits qui pourraient affecter son objectivité ». La Commission des valeurs mobilières de l’Ontario envisage de mettre en place des règles similaires.

Au Québec, la Loi sur les valeurs mobilières et le règlement 31-103 de l’Autorité des marché financiers (AMF) sur les obligations et dispenses d’inscription s’appliquent aux activités des influenceurs. Cependant, il reste des zones grises, car le cadre juridique ne s’applique pas aux influenceurs qui exercent leur activité en dehors du pays, indiquait récemment Cinthia Duclos, directrice générale du Laboratoire en droit des services financiers à Finance et Investissement.

3 questions pour évaluer les finfluenceurs

Leurs conseils sont-ils douteux ? Les clients doivent se méfier des conseils imprudents qui les incitent, par exemple, à éviter de payer leurs dettes.
Leurs références sont-elles vérifiables ? On peut s’adresser à une organisation accréditée, telle que la Chambre de la sécurité financière, pour vérifier si l’influenceur est enregistré.
Leurs résultats sont-ils étayés ? Vous pouvez inciter les clients à effectuer leurs recherches pour savoir sur quelles données s’appuient les rendements annoncés.

Source : North American Securities Administrators Association (NASAA).