«Il est difficile aujourd’hui d’assurer la pérennité du conseil financier indépendant. Les lois, les règlements et toute l’industrie évoluent beaucoup. Il faut réviser nos standards professionnels. Les consommateurs en sortirons gagnants, tout comme les conseillers indépendants et le marché lui-même», dit Flavio Vani.
Ce constat, Flavio Vani l’a fait devant une centaine de membres du RICIFQ réunis, vendredi, au Club de golf Métropolitain, à Anjou, lors du deuxième congrès annuel du regroupement.
« Il faut amener tous les conseillers au même niveau. Tout le monde doit connaître les assurances et les placements, tout cela ensemble», explique Flavio Vani lors d’un entretien avec Finance et investissement.
«Auparavant, les banques faisaient des transactions bancaires, les compagnies d’assurance vendaient des assurances, les courtiers en valeur mobilière vendaient des produits de valeurs mobilières et les fiducies étaient fiduciaires. Aujourd’hui ce n’est plus le cas», constate Flavio Vani.
Le projet
Appuyé sur une uniformisation de la formation des conseillers, le projet mis de l’avant par le RICIFQ vise à transformer la Chambre de la sécurité financière (CSF) en ordre professionnel.
«J’ai discuté avec monsieur Luc Labelle (le président et chef de la direction de la CSF) et il me dit que la Chambre est l’ordre, mais je m’excuse, elle n’est pas l’ordre. Elle est quasiment un ordre et quand on est quasiment quelque chose, on n’est pas cette chose-là, illustre Flavio Vani.
« La Chambre c’est la police. Elle est là pour défendre les gestionnaires, mais les lois sont différentes selon les intervenants auxquels elles s’appliquent et même pour la police ça devient difficile de faire respecter la loi », ajoute-t-il.
Flavio Vani cite en exemple la personne qui se fait prendre avec un méfait par rapport à la distribution de fonds mutuels. «S’il a aussi un permis en assurance-vie, il peut continuer à travailler dans le secteur de l’assurance-vie», dénonce-t-il.
L’ordre professionnel évoqué par Flavio Vani aurait la responsabilité d’encadrer des conseillers évoluant dans l’ensemble des disciplines de l’industrie.
«Prenons l’exemple des avocats, évoque Flavio Vani. Lorsqu’ils sortent de l’université, ils sont titulaires d’un diplôme en droit et peuvent travailler dans tous les champs de spécialité qui les intéresse. Personne ne leur demande un permis en droit criminel, en droit des affaires ou en droit familial.»
«C’est notre plan et nous ne sommes pas seuls à y croire», dit Flavio Vani. Il évoque le projet de création d’un ordre professionnel déposé par un député provincial de l’Ontario en février 2014.
Greg Pollock, président et chef de la direction de la Financial Advisors Association of Canada (ADVOCIS) participe d’ailleurs au congrès RICIFQ 2014 dans le but d’exposer les impacts de ce projet de loi sur les conseillers et leurs clients.
Propager le message
Avec le soutien de ses 500 membres, le RICIFQ désire faire connaître son projet. Flavio Vani prévoit inscrire «dès que possible» le RICIFQ au Registre des lobbyistes du Québec afin de pouvoir devenir un interlocuteur auprès du Gouvernement du Québec. Aucun échéancier n’est toutefois connu.
Questionné sur la précédente démarche de l’Institut Québécois en planification financière (IQPF), Flavio Vani ne voit pas le résultat alors obtenu comme une fatalité. «L’IQPF, c’est un organisme sans but lucratif. C’est un club social qui offre des cours à ses membres. Ils ne représentent personne et leur intérêt ne concerne qu’une discipline parmi d’autres.»
Le congrès en bref
Le deuxième congrès annuel du RICIFQ présente six allocutions. Parmi les intervenants, Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques se demande notamment si les ordres professionnels «défendent le public ou leurs membres.»
Peter Intraligi, président et chef de l’exploitation d’Invesco Canada évoque pour sa part l’effet de la réglementation sur les commissions. Il cite pour ce faire les expériences britannique et australienne.
Le congrès se déroule toute la journée vendredi et se terminera par l’assemblée générale annuelle.
Photo : Richard Cloutier