«Il faut sensibiliser le couple au fait que, comme pour tout projet, la naissance d’un enfant doit être planifiée, pense Maryse Filion, directrice régionale principale de Gestion de patrimoine TD. Les conjoints ne doivent pas attendre la grossesse pour commencer à y penser. Idéalement, ils doivent y penser deux ans à l’avance ou dès que l’idée d’un enfant est soulevée.»

En effet, une étude de Banque TD révèle que les coûts liés à la venue d’un bébé peuvent s’élever à 10 000 $ pendant la première année. Sur huit mois, cela représente une épargne de 1 250 $ par mois, alors que sur deux ans, le montant de l’épargne est de 417 $ par mois.

«Épargner en prévision de la grossesse est essentiel, renchérit Guylaine Dufresne, directrice de la planification financière chez Banque Laurentienne, car il peut y avoir des imprévus, comme une naissance prématurée, un bébé en mauvaise santé, ou l’abolition du poste d’un parent durant son congé. Il faut donc avoir un bon coussin de sécurité.»

Baisse des revenus

Le congé de maternité et le congé parental provoquent normalement une baisse des revenus du couple, alors que les frais fixes (loyer, électricité, etc.) restent inchangés. Seules les dépenses de travail sont réduites.

Généralement, une partie des revenus de travail est remplacée par le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), qui propose deux formules à peu près équivalentes, le régime de base et le régime particulier.

«Le choix des parents se résumera à décider s’ils veulent recevoir plus d’argent pendant une plus courte période ou en recevoir moins pendant une plus longue période, dit Natalie Hotte, fiscaliste et planificatrice financière chez Banque Nationale Gestion privée 1859. Il y a un calcul à faire qui dépendra des situations de chacun.»

Selon le choix, le RQAP versera 70 ou 75 % des revenus bruts pendant le congé de maternité et de 55 à 75 % pendant le congé parental. Toutefois, comme le revenu maximum assurable en 2014 est de 69 000 $, les prestations imposables maximales s’élèvent à 51 750 $.

«Par conséquent, les individus mieux rémunérés subissent davantage la baisse de revenu, dit Guylaine Dufresne. En contrepartie, ils ont une plus grande capacité d’épargne.»

Il reste que pour y voir plus clair, le conseiller devrait évaluer le revenu net du couple durant le congé.

Certains crédits d’impôt et certaines prestations gouvernementales, notamment ceux qui sont destinés aux enfants, augmentent lorsque le revenu baisse.

«Par ailleurs, il y a moins de déductions à la source sur les prestations du RQAP, qui pourraient de plus être imposées à taux moindre», note Nathalie Jacques, planificatrice financière chez Financière Sun Life. Une de ses clientes a d’ailleurs eu un revenu net stable durant son congé.

«Les personnes qui prennent leur congé parental à l’automne doivent faire attention, car les prestations parentales du RQAP sont imposées sans qu’on tienne compte des autres revenus gagnés dans l’année, prévient Guylaine Dufresne

Lors de la production de la déclaration de revenus, la facture fiscale finale pourrait être plus élevée que prévu, car les retenues à la source des revenus du RQAP seront moindres que celles que l’employeur aurait normalement faites si l’employé avait continué de travailler.

Les clients qui se trouvent dans cette situation devraient donc épargner afin de composer avec cette facture fiscale.

Agir durant le congé

Comme la baisse de revenu touchera la personne qui prend un congé, il est avantageux que ce soit le conjoint dont les revenus sont les moins élevés qui s’occupe du nouveau-né.

«Inévitablement, un des conjoints verra son revenu baisser, souligne Natalie Hotte. Alors, si les dépenses sont payées 50-50, pensez à recommander à vos clients de rajuster le tir.»

Pour ce faire, il y a plusieurs scénarios possibles. Le conjoint actif peut contribuer au REER du conjoint, ou payer davantage de dépenses familiales pour que l’autre puisse épargner davantage.

«Si le couple prévoit prolonger le congé, il peut être intéressant de mettre en place une stratégie de fractionnement de revenu, note Nathalie Hotte. Le conjoint qui travaille pourrait alors payer toutes les dépenses pendant que l’autre épargne. De cette façon, le conjoint dont le revenu est plus bas déclarera les revenus de placement.»

Chose certaine, le couple doit éviter de s’endetter à la naissance d’un enfant. «En reprenant le travail, le parent pourrait se rendre compte que son horaire ne concorde pas avec celui de la garderie et être obligé de chercher un nouvel emploi, note Guylaine Dufresne. Quant aux travailleurs autonomes, leurs revenus sont généralement plus bas après un congé prolongé.»

«Pour maintenir l’équilibre budgétaire, il est préférable d’analyser le budget poste par poste et de réduire les dépenses là où cela fait le moins mal (par exemple, sorties, restaurants, vacances)», dit Natalie Hotte.

Ces compressions budgétaires valent mieux que des retraits des REER. «Au pire, dit Maryse Filion, recommandez à vos clients de cesser les cotisations au REER pour les reprendre par la suite.»

Selon elle, si le couple n’est pas très endetté, emprunter peut même être une solution plus intéressante que de retirer de l’argent des REER.

Par ailleurs, «si le conjoint inactif contribue au REER durant son congé, évaluez s’il n’est pas plus avantageux de reporter la déduction à l’année où il reprendra le travail», dit Natalie Hotte.

En supposant une cotisation de 10 000 $ et un taux d’imposition implicite de 25 % qui passera à 40 % après le congé, cela permet de récupérer 4 000 $ au lieu de 2 500 $.

Avantage du REEE

Quant au Régime enregistré d’épargne-études (REEE), «dès qu’il y a une épargne, elle devrait aller dans ce régime, pense Natalie Hotte, car les subventions gouvernementales sont généreuses.»

Maryse Filion conseille même d’inciter le couple à demander aux proches des cadeaux en argent qui iront dans le REEE. «Une contribution de 100 $ permettra de toucher des subventions de 30 $», dit-elle.

Le représentant devrait également aider le couple à choisir le REEE en lui expliquant les différentes offres et leurs avantages. «Par exemple, dit Nathalie Jacques, les régimes souples permettent d’arrêter les cotisations advenant un problème financier et de les reprendre plus tard, voire d’effectuer un rattrapage.»

Quant au REEE familial, il peut convenir aux couples qui désirent quelques enfants. «Si un des bénéficiaires décide de ne pas poursuivre d’études postsecondaires, les autres pourront bénéficier des fonds», remarque Maryse Filion.

Rajuster la couverture d’assurance

Toute naissance exige qu’on rajuste la couverture d’assurance. Il faut en outre ajouter l’enfant au contrat d’assurance habitation, souscrire une assurance vie, et peut-être même une assurance invalidité afin d’éviter qu’un décès, une maladie ou un accident ne nuise au niveau de vie de la famille.

«Si le couple doit magasiner ces polices, il devrait le faire pendant la grossesse, note Nathalie Jacques. Car après la naissance, tout ira très vite…»

L’enfant doit aussi être ajouté au régime d’assurance collective pour bénéficier de l’assurance santé et dentaire.

«Les employeurs ont l’obligation de continuer de payer et de percevoir ces primes durant le congé parental, remarque Nathalie Jacques. La personne qui prend ce congé doit donc s’entendre avec les ressources humaines sur un mode de paiement (par chèques postdatés ou envoyés par la poste). Sinon, elle aura une facture salée à son retour au travail.»