Le taux d’intérêt payé sur l’emprunt sert de baromètre, ajoute-t-il. Exemple de situation où le coût de l’argent emprunté est certainement le plus élevé : les dettes sur une carte de crédit dont le taux d’intérêt s’élève à près de 20 %.
Si on y ajoute des prêts personnels, dont les intérêts oscillent entre 5 et 10 %, et un prêt hypothécaire, il est préférable de regrouper les dettes en un seul prêt au taux le plus bas possible. Cette stratégie est pertinente, que le client ait du mal à boucler ses fins de mois ou non.
«Il est de notre devoir de vérifier la capacité de remboursement du client et de lui proposer de réviser sa situation financière. S’il ne paie régulièrement que le minimum sur sa carte de crédit, la somme peut vite monter ; il mettra de nombreuses années à rembourser et sa dette lui aura coûté très cher», prévient Angela Iermieri, planificatrice financière au Mouvement Desjardins.
Plusieurs solutions
La consolidation de dettes a non seulement pour objectif de faire réaliser des économies au client en regroupant toutes ses dettes dans un même prêt moins coûteux, mais aussi «de lui faciliter la vie et de lui éviter des oublis, car il n’aura plus qu’un seul paiement à faire tous les mois», précise Angela Iermieri.
«Prenons l’exemple d’un client qui a un solde total de 25 500 $ sur deux cartes de crédit au taux de 21,5 % et qui ne paie que le minimum mensuel requis», illustre Gaétan Veillette, planificateur financier et conseiller au Groupe Investors.
«Si ce client s’engage à payer ces dettes sur un terme de 48 mois – sans effectuer de nouveaux achats -, le coût de son crédit totalisera 14 945 $. Mais il peut consolider ces dettes en les remplaçant par un prêt personnel non garanti au taux variable actuel de 6,45 % sur un terme de 48 mois. Ainsi, le coût de crédit sur la période sera de 5 811 $», explique-t-il.
Gaétan Veillette propose aussi une autre solution : une marge de crédit hypothécaire (programme tout-en-un) sur 48 mois à un taux d’intérêt annuel de 3,2 %. «Le coût de crédit sera alors réduit à 4 019 $», dit-il.
Bien connaître son client
Même si le sujet peut paraître délicat, le conseiller ne doit pas hésiter à proposer une consolidation de dettes à ses clients. «C’est le rôle du conseiller de dire à son client si son crédit lui coûte trop cher et de l’aider à en réduire le coût», insiste Gaétan Veillette.
Pourtant, «les gens ont souvent peur de venir nous voir et préfèrent prendre des cartes de crédit des magasins ou d’autres institutions financières pour continuer à acheter à crédit», observe Angela Iermieri.
«Parfois, les clients ont du mal à admettre leurs difficultés, mais ensuite, ils sont soulagés par la consolidation de dettes», souligne-t-elle.
Avant de proposer cette solution, le conseiller doit connaître la raison des différents emprunts du client : l’achat de produits de consommation ? Un investissement dans des biens durables ?
«Il faut également bien connaître son client pour comprendre les causes de l’endettement : est-ce dû à une perte d’emploi, à un style de vie, à une difficulté à gérer un budget ?» indique Angela Iermieri.
En effet, il y a un risque à consolider les dettes des personnes qui ont de la difficulté à gérer leurs finances personnelles : «Si elles obtiennent un prêt à taux moindre, ça les poussera à consommer davantage et à s’endetter encore plus», met en garde Jean-François Guay.
Ce dernier veille à ce que les nouveaux emprunts contractés pour consolider des dettes «ne laissent pas la possibilité aux gens de réemprunter avant d’avoir remboursé leurs dettes».
Sinon, il y a peu de cas où la consolidation de dettes ne soit pas pertinente. Le seul cas rédhibitoire, c’est l’insolvabilité.
En effet, pour pouvoir regrouper les dettes d’un client, «le premier critère à prendre en compte, c’est sa capacité de remboursement», rappelle Angela Iermieri.
Dans le cas du prêt hypothécaire et de la marge de crédit hypothécaire cependant, la propriété sert de garantie, ce qui offre une protection à l’institution financière.
Par ailleurs, la consolidation de dettes pourrait ne pas être une bonne solution «pour les prêts dont les intérêts sont déductibles d’impôts», souligne la planificatrice financière. Dans ce cas, il est préférable de conserver des prêts qui allègent la note fiscale plutôt que d’annuler cet effet par une consolidation de dettes.