En revanche, pour construire son propre portefeuille de FNB, c’est-à-dire pour détenir deux FNB ou plus, il faut au minimum 25 000 $, estime Alain Desbiens, vice-président, Québec et Atlantique, FINB BMO, chez BMO Gestion mondiale d’actifs.
Selon diverses études, il importe de rééquilibrer régulièrement les différentes catégories d’actif au sein d’un portefeuille, car l’évolution des marchés peut faire en sorte que le portefeuille n’a plus la répartition souhaitée. Or, pour le faire de façon économique, il faut un certain niveau d’actif.
«De même, plus le portefeuille est simple, plus le rééquilibrage sera facile et peu coûteux», note Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital.
Stratégie
D’autre part, il y a aujourd’hui de nombreux FNB sur le marché, qui répondent à tous les besoins : gestion passive ou active, indices filtrés, fonds spécialisés, fonds avec effet de levier… Résultat, il est relativement facile de se constituer un portefeuille à l’aide d’une foule de produits, et ainsi de s’exposer à une grande variété de catégorie d’actif et de risques qui leur sont liés.
En fait, leur polyvalence et leur diversité permettent d’appuyer sans peine la stratégie d’investissement retenue par le conseiller et son client.
En effet, on emploie ces fonds aussi bien dans une stratégie simple qui vise tout bonnement à «acheter et conserver» que dans une stratégie plus complexe qui implique une gestion des risques à court terme.
L’approche la plus simple est de composer un portefeuille avec quelques FNB qui reproduisent les grands marchés clés.
Toutefois, il est également possible de construire un noyau principal constitué d’indices majeurs et d’y greffer des satellites comme un secteur, un pays ou une ressource naturelle qui semblent pouvoir se démarquer à court terme.
«Ces produits ont été créés pour simplifier la gestion tactique et stratégique, remarque Raymond Kerzérho. Il est possible de passer instantanément d’un secteur à l’autre, d’un pays à l’autre, d’une devise à l’autre.»
«Ces fonds permettent de modifier aisément la répartition d’actif d’un portefeuille en fonction des conditions changeantes du marché, ajoute Ian Gascon, président et fondateur de Placements Idema. On peut par exemple le protéger contre une hausse soudaine des taux d’intérêt».
Il existe en outre des FNB qui permettent de faire de l’argent lorsque le marché est baissier. Ces produits peuvent aisément servir de couverture pour le portefeuille.
En fait, certains FNB sont conçus aussi bien pour permettre de protéger le portefeuille lors des baisses de marché que pour optimiser le rendement lors des hausses.
Ces produits donnent donc la latitude aux conseillers prêts à consacrer le temps et l’effort nécessaires pour gérer le risque du portefeuille, plutôt que de se concentrer sur les stratégies traditionnelles d’achat à long terme.
Diversification
Un autre élément important à considérer dans la composition du portefeuille est la combinaison des FNB, qui demande un certain doigté. Ainsi, un portefeuille composé d’actions du marché australien, du marché canadien et d’un FNB lié au pétrole sera très vulnérable à la baisse des prix des ressources naturelles…
«En établissant le portefeuille, il faut prendre le temps de regarder la composition du produit, remarque Raymond Kerzérho, et d’ajouter des FNB qui amélioreront la diversification du portefeuille.»
Notons que certains FNB sont spécialement conçus pour bonifier la diversification en proposant une catégorie d’actif peu corrélée aux marchés d’actions et d’obligations. C’est le cas, par exemple, des FNB liés à l’agriculture ou aux infrastructures.
Il reste qu’en dépit de la diversification qu’ils procurent, certains FNB n’éliminent pas le risque de marché lié à l’actif détenu par le fonds, c’est-à-dire la probabilité d’une variation défavorable du marché.
Temps
Naturellement, les conseillers n’ont pas tous beaucoup de temps à consacrer à la gestion du portefeuille. Ceux qui se spécialisent dans la gestion de l’actif peuvent plus facilement le faire. Mais ceux qui mettent l’accent sur la planification financière en délégueront souvent la gestion à quelqu’un d’autre.
Pour tenir compte de cette réalité, l’industrie des FNB a développé une panoplie de solutions au cours des dernières années.
On trouve en outre des modèles de portefeuille construits pour différents besoins et niveaux de risque. Publiés sur des sites Internet, tels www.canadiancouchpotato.com ou www.fnb.bmo.com, ces modèles, que les conseillers peuvent facilement réemployer pour leurs clients, peuvent contenter tous les goûts (sophistiqué, aimant le revenu, ultraconservateur, etc.)
Il y a aussi les fameux FNB de FNB mentionnés précédemment. Une formule qui a donné naissance aux portefeuilles modèles axés sur les FNB, conçus à l’intérieur d’une structure de fonds communs ou de fonds à structure de capital.
Avec le temps, ces produits se sont spécialisés davantage, ouvrant la voie aux portefeuilles modèles avec gestion tactique, tels que les BMO FNB gestion tactique et les portefeuilles Tacticiel Invesco. Les fonds indiciels passifs sont alors gérés activement de manière à protéger le portefeuille contre des risques à court terme, et à saisir les occasions qui se présentent.
«Le seul problème avec ces solutions, pense Ian Gascon, c’est que le portefeuille n’est pas personnalisé. Or, un investisseur prudent peut avoir des enjeux fiscaux ou avoir besoin d’un certain niveau de décaissement.»
C’est pourquoi, en parallèle, de petites boîtes de gestion utilisant uniquement les FNB, comme REGAR Gestion Privée et Placements Idema, se sont développées. Les conseillers peuvent leur déléguer la gestion du portefeuille de leur client.
Autrement dit, construire un portefeuille de FNB est désormais tout aussi complexe ou tout aussi simple qu’un conseiller le désire.