Le ministre québécois des Finances, Éric Girard, a tenu à rappeler que l’environnement favorable des taux d’intérêt n’est pas envisageable à long terme, et qu’élargir les déficits pour sauver l’économie n’est pas la meilleure solution.
En conférence virtuelle animée par le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, le ministre a plaidé pour la diversification du financement public dans une année ou l’augmentation des déficits est estimée à 12 à 15 milliards de dollars.
« On bénéficie de taux qui sont bas, donc il est intéressant d’allonger notre financement, mais le plus important, c’est de ne pas présumer que les taux d’intérêt seront toujours bas dans les 20 prochaines années, a-t-il prévenu. Pour cela, il faut faire attention à l’argument selon lequel ce n’est pas grave si on fait des déficits importants. Ceux-ci sont nécessaires pour nos entreprises, mais il faut revenir à un équilibre budgétaire. »
À court terme, le ministre précise qu’un des indicateurs-clés de l’efficacité du plan fiscal est un retour, en décembre 2021, à un niveau de PIB similaire à celui de décembre 2019.
Il a aussi détaillé certaines difficultés auxquelles fait face le Québec, et qui ont été aggravées par la crise liée à la COVID-19.
« La crise a montré nos vulnérabilités, dont trois principales : la première est que nous avons une population vieillissante et la démographie du Québec fait en sorte que cela s’accentue. La deuxième est que 2019 est la première année ou la performance de productivité a été suffisante pour générer la richesse à long terme requise pour offrir les services nécessaires à la population en santé, éducation, transport…etc. Ensuite, le Québec demeure relativement endetté et le fait de se retrouver dans un déficit qui va augmenter notre endettement fait qu’on va devoir refaire des efforts à long terme pour revenir sur un chemin de l’équilibre budgétaire », a-t-il précisé.
Pas de hausse des taxes
Le ministre québécois a rejeté la possibilité d’augmenter le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises, précisant que l’équilibre budgétaire ne sera atteint que dans trois à cinq ans.
« Il n’y aura pas de hausse d’impôt au Québec. Ce n’est pas dans notre philosophie de gouvernement. Il y aura une baisse de taxes scolaires, comme prévu dans le dernier budget, au mois de juillet. Et nous n’avons pas l’intention d’augmenter la taxe provinciale, d’augmenter l’impôt des particuliers, l’impôt des entreprises. Il n’en est pas question. Ce n’est pas par là que passe le retour à l’équilibre budgétaire », a tranché le ministre québécois des Finances.
« Le retour à l’équilibre passe par une croissance des revenus qui sera légèrement supérieure aux dépenses », a-t-il ajouté.
Le Québec recevra moins de péréquation et c’est une bonne nouvelle
Questionné sur l’efficacité de la formule de distribution des ressources canadienne à travers les provinces, le ministre des Finances s’est dit satisfait des répartitions actuelles, et vise une diminution de celles-ci au Québec.
« La formule que nous avons est bonne jusqu’en 2024, a-t-il précisé. Nous sommes la province qui en reçoit le plus en dollars absolus, et le moins par habitant. On est conscient que lorsqu’on regarde l’horizon 10 ans, le Québec recevra moins de péréquation, et ce sera un grand jour parce que ça reflète l’évolution du Québec dans la fédération. On représente 23% de la population, on doit représenter au moins 23% de l’économie. »