Martin J. Gruenberg. Crédit photo : Paul Morigi (avec licence Creative Commons - CC BY-NC-ND 2.0 DEED).

Des employées faisant l’objet de propositions sexuelles non sollicitées, des collègues masculins les suivant jusqu’à leur chambre d’hôtel lors de déplacements professionnels ou qui leur envoyaient des photos obscènes. Des relations personnelles non appropriées entre des cadres et leurs subordonnés. Des messages intimidants laissés à des employés par leur supérieur.

Ces comportements ont été tolérés à la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) au cours des dix dernières d’années, sans que des mesures correctives ou des sanctions contre les auteurs des fautes soient prises, installant une culture de travail hautement toxique.

La crise a atteint son paroxysme avec la publication le 7 mai d’une enquête indépendante révélant une culture de travail « patriarcale », « misogyne » et « insulaire » au sein de l’agence chargée d’assurer les dépôts bancaires aux États-Unis.

Cet examen fait suite à une longue enquête du Wall Street Journal révélant que la FDIC a, pendant plus de dix ans, créé un environnement de travail toxique dans lequel les femmes ont été victimes de harcèlement sexuel et de discrimination de la part d’employés masculins, y compris de la part de leurs supérieurs.

En outre, dans la plupart des cas, les allégations de harcèlement et de discrimination n’ont donné lieu qu’à peu ou pas de mesures disciplinaires à l’encontre des auteurs présumés, créant un environnement dans lequel les victimes ont été amenées à continuer à travailler avec leurs harceleurs. Ce qui a permis à la culture toxique de la FDIC de perdurer, selon une lettre émanant du Sénat adressée au président de la FDIC, Martin Gruenberg.

Le dirigeant — un démocrate dont le mandat de cinq ans s’achève en 2028 — a été longuement interrogé les 15 et 16 mai au Congrès à propos des conclusions de l’enquête. Il a reconnu les faits et en assumé l’entière responsabilité vis-à-vis de toutes les victimes.

Plusieurs élus républicains ont appelé à sa démission immédiate. Cependant, le principal intéressé a annoncé qu’il quittera son poste lorsque le président Joe Biden lui trouvera un successeur dont la nomination sera approuvée par le Sénat.

Une culture de « boys club »

Le rapport qui a mis le feu aux poudres, fondé sur une enquête du cabinet d’avocats Cleary Gottlieb Steen & Hamilton, est accablant. Il décrit la FDIC comme « un boys club où le favoritisme règne et où les cadres supérieurs, connus pour entretenir des relations amoureuses avec leurs subordonnés, jouissent d’une longue carrière sans conséquence apparente ».

Une ligne téléphonique d’urgence mise en place à la mi-janvier a permis aux enquêteurs de recueillir quelque 500 plaintes pour harcèlement et discrimination de la part d’actuels et d’anciens employés de l’agence.

Remarques sexistes et homophobes

Ces plaintes font état de remarques sexistes, racistes et homophobes, de harcèlement, de moqueries envers des employés porteurs d’un handicap, d’entre-soi d’hommes blancs.

L’enquête révèle également une peur généralisée des représailles qui a conduit à une sous-déclaration des fautes professionnelles au fil des années.

Les problèmes de culture à la FDIC ne sont pas récents. En 2008, l’agence avait déjà fait appel à un enquêteur externe pour examiner les plaintes concernant le tempérament colérique de son patron, selon d’anciens fonctionnaires.

Convoqué devant la Chambre des représentants l’automne dernier, le patron de la FDIC, reconduit à la tête de la FDIC en janvier 2023 pour un second mandat après avoir occupé les fonctions de directeur et vice-président depuis 2005, avait commencé par nier avoir fait l’objet d’une enquête interne avant de revenir sur son témoignage.

Un manque de sanctions

Les signalements de comportements inappropriés au sein de l’agence ne conduisaient qu’à peu ou pas de sanctions.

Selon les rapports publics de la FDIC, sur les 92 plaintes pour harcèlement déposées dans le cadre de son programme anti-harcèlement de 2015 à 2023, aucune n’a abouti à une quelconque mesure disciplinaire plus lourde qu’une suspension.