Laforo occupe aujourd’hui 130 employés à temps plein et cherche à en recruter d’autres. De plus, elle s’attend à voir ses ventes croître de 33 % par année jusqu’en 2015.

«Dans toutes les récessions, il y a une épuration. On a investi dans l’amélioration de l’efficacité, on a mis en place un plan de redressement, et quand la reprise s’est pointée, d’autres fonderies avaient fermé. Alors, on a gagné des clients et on en a retrouvé d’anciens», explique Yvon Fortier, président de la Fonderie Laforo, qu’il a créée en 1976.

Une fonderie à relancer

Peu avant la récession, M. Fortier avait vendu son autre entreprise, Poulies Maska, à l’américaine Baldor. Il aurait pu alors ralentir ses activités professionnelles, mais il ne supportait pas de voir agoniser sa fonderie.

Il voulait en sécuriser les emplois et, pour son village, il tenait aussi à la santé de Baldor. Or, celle-ci est liée à la fonderie, car elle y achète ses pièces brutes. M. Fortier s’est donc investi à temps plein chez Laforo depuis 2009. «Je voulais aussi montrer qu’une fonderie peut rester concurrentielle en Amérique du Nord en utilisant la technologie», raconte l’entrepreneur de 64 ans.

M. Fortier admet candidement ne pas envoyer lui-même de courriels, comme si ce n’était pas de sa génération, mais c’est lui qui a investi dans la première cellule robotisée de la Fonderie Laforo pour le meulage et le contrôle de la qualité des pièces d’automobiles et de trains. Certaines pièces sont produites à raison de 25 000 unités par semaine, et aucun oeil humain ne peut vérifier d’aussi grandes quantités sans se tromper.

«Après la crise, il a fallu redéfinir notre mandat et se tourner vers des pièces plus difficiles à faire, ce qui exige un contrôle de qualité plus grand», précise le directeur général de la Fonderie Laforo, Gilles Beaulne.

Des arrêts de service bien plus courts

En tout, six millions de dollars ont été investis pour moderniser la Fonderie, tant pour accroître la productivité que pour améliorer la santé et la sécurité au travail, notamment en s’attaquant à la poussière. Les travailleurs respirent mieux.

Par ailleurs, un centre de contrôle informatisé permet aujourd’hui de prévenir les bris sur toutes les machines motorisées. Il détecte les anomalies avant l’arrêt des machines, si bien que la plupart des problèmes se règlent en deux minutes alors qu’avant, un arrêt typique coûtait une demi-heure de production.

Deux clés : formation et automatisation

Pour gagner en efficacité, Laforo investit aussi dans la formation de ses employés.

En négociant une convention collective de cinq ans, l’entreprise a de plus convaincu le syndicat d’accepter que la compétence prévale sur l’ancienneté.

«Le syndicat était conscient que, si les employés ne voulaient pas acquérir de compétences, on aurait de la difficulté à s’adapter à la demande sans offrir la qualité de produits requise», dit M. Beaulne.

Chaque employé a accès aux formations offertes et décide de son propre gré s’il veut obtenir les certifications en passant des tests. Les salaires augmentent selon les certifications obtenues.

Loin de songer à la retraite – «parce qu’à la retraite on fait ce qu’on aime, et je fais ce que j’aime en réorganisant les affaires» -, Yvon Fortier projette d’installer deux autres cellules robotisées, notamment pour l’ébarbage (retrait des excédents), une opération répétitive et plus risquée pour le personnel.

D’ici cinq ans, M. Fortier voudrait même automatiser le coulage. Il projette d’aller visiter une fonderie de Lyon qui est arrivée à le faire.

Son autre objectif sera de faire en sorte que la Fonderie Laforo soit reconnue parmi les 50 sociétés privées les mieux gérées du pays. «Aussitôt que j’aurai tout remis sur les rails, je vais m’inscrire à ce concours. On a été lauréats pendant six ans avec Poulies Maska; on était dans le club platine et je veux que Laforo y soit aussi !»