Depuis leur arrivée, ces séries ont connu une forte croissance dans leurs premières années d’existence. En 2008, l’actif sous gestion de ces séries représentait 1,56 % de l’actif total au Canada. En 2009, cette part de marché passait même à 1,8 %, et en 2010, à 2,11 %, d’après les chiffres fournis par Pat Chiefalo.
La croissance de ces séries a toutefois ralenti par la suite, l’actif de ces séries représentant 1,78 % de celui de l’ensemble du marché en 2012 et s’établit à 1 G$.
Les séries Conseiller sont même en recul actuellement. Alors qu’on y enregistrait un actif sous gestion de 1,1 G$ à la fin de février 2013, un an plus tard, elles ne totalisaient plus que 1,02 G$. Elles représentaient 1,52 % des actifs totaux du marché des FNB à la fin de février 2014.
Et ce, malgré le fait que 93 des 297 FNB qu’on trouve au Canada soient assortis de la série Conseiller, d’après Pat Chiefalo.
« Plusieurs promoteurs offrent maintenant de ces séries, mais dans l’ensemble, on n’y décèle pas beaucoup de momentum », dit Yves Rebetez, analyste financier agréé et directeur général d’ETF Insight.
iShares domine
Un fait majeur ressort de l’analyse de ce marché : la présence massive d’iShares dans le secteur des FNBSC qui a racheté Claymore en 2012 et dont la part de marché totale s’élève à 86 %, selon Pat Chiefalo.
Les 10 plus importants FNB qui ont une série Conseiller proviennent du manufacturier iShares et représentent plus de 70 % des actifs sous gestion du secteur. Les autres acteurs se partagent une part de marché de 14 %, soit 7 % pour Horizons, 6 % pour First Asset et 1 % pour First Trust.
Ainsi, sur les 93 FNB dans le marché, plusieurs dizaines contiennent peu d’actif. « On en distingue une quarantaine où il n’y a que 400 000 $ ou 500 000 $ d’actif et qui n’ont même pas 1,0 M$, fait ressortir Yves Rebetez. Et ces sommes représentent en fait la mise de départ du promoteur. C’est une offre qui n’a pas rencontré sa demande. »
Transaction majeure
Une multitude d’hypothèses expliquent le déclin des séries Conseiller.
Un événement majeur semble en marquer le début : l’achat de Claymore par iShares en février 2012.
Jusqu’à cette date, les ventes de ces séries allaient encore bon train. En fait, comme le souligne Pat Chiefalo, le mois précédant cette transaction, on observait les plus fortes ventes jamais enregistrées : près de 78 M$ en un seul mois.
Puis, dans le mois qui a suivi la transaction, plus rien. En fait, mars 2012 accuse un rachat net de 3 M$, et les plus fortes ventes enregistrées depuis l’ont été en juin 2012, soit 18 M$.
Depuis la transaction, trois mois ont connu des reculs de près de 20 M$ et on compte autant de mois de remises nettes que de mois de ventes positives. iShares a refusé de nous accorder une entrevue pour expliquer cette situation.
Peu populaires
Même si le marché offre beaucoup de fonds assortis de ces séries, peu de représentants les utilisent, semble-t-il.
« J’y fais très peu appel, reconnaît François Têtu, conseiller en placements chez Valeurs mobilières Desjardins. Leur principal problème est le manque de liquidité. Supposons que mon client détienne 20 000 parts et veuille les vendre, mais qu’il ne s’en échange que 3 000 par jour. Je dois appeler iShares, passer mes commandes de vente et subir des écarts de prix. Si on considère la commission que ça rapporte et les casse-tête que ça entraîne, on préfère traiter seulement avec des FNB réguliers. »
Une difficulté administrative joue également contre ces séries, juge Patricia Dunwoody, directrice de l’Association canadienne des FNB.
« Le processus de commission n’est pas suffisamment détaillé », relève-t-elle.
Ainsi, dans le cas d’un fonds commun, le chèque de commission de suivi émis par le gestionnaire du fonds donne le détail de la part de commission pour chaque conseiller. Et en raison des nouvelles règles de relation client, ce détail ira jusqu’à la part pour chaque client. Dans le cas des FNB, le chèque émis par le gestionnaire donne seulement une somme totale pour le courtier, sans aucun détail pour les conseillers, note-t-elle.
Les séries Conseillers « ne sont pas très populaires parce qu’elles ne donnent que 50 points de base de commission, ce qui est inférieur à ce que payent les fonds communs », dit pour sa part Stéphane Martineau, conseiller en placement chez VMD.
« Ça ne décollera jamais, d’autant plus qu’une tendance de fond entraîne l’industrie du conseil vers les comptes à honoraires. En ce qui concerne les commissions de suivi, la concurrence des fonds communs est tout simplement trop forte », ajoute-t-il.