Le dossier nous a été présenté et je trouve l’idée intéressante, a dit le ministre Leitao, mardi, lors d’un entretien avec Finance et Investissement. « Il y a du mérite à regarder cette option et nous continuons à l’analyser, à réfléchir sur comment ça pourrait se faire. Nous n’avons pas encore pris de décision finale, d’un côté ou de l’autre ».
Le Fonds des générations, qui fêtait ses onze ans en juin dernier, est affecté exclusivement à la réduction de la dette du Québec. Les objectifs inscrits dans la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations sont de 45 % du PIB pour la dette brute au 31 mars 2026. Au 31 mars 2017, la dette brute était évaluée à 52,7 % du PIB, selon les données du ministère des Finances.
La valeur comptable du Fonds des générations était évaluée à 0,6 milliard de dollars (G$) en 2006-2007 et devrait s’établir à 13,1 G$ en 2017-2018.
Rappelons que depuis la création du Programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ) en avril 2015 à l’initiative du Chantier entrepreneuriat de Finance Montréal, plusieurs voix de l’écosystème financier s’élèvent afin qu’une part de l’actif du Fonds des générations y soit délégué. Le PGEQ poursuit l’objectif de confier des mandats de gestion à des firmes québécoises en démarrage ou de petite taille afin de les aider à percer le marché institutionnel.
Par exemple lors d’une table ronde du 10e Colloque de conformité du Conseil des fonds d’investissement du Québec (CFIQ), tenu à Montréal en 2016, Stéphane Corriveau, président et directeur principal d’Alphafixe Capital et pilote du comité chargé de trouver du capital d’amorçage pour le PGEQ au sein du Chantier entrepreneuriat de Finance Montréal, a notamment émis le souhait que l’équivalent de 1 à 5 % de l’actif du Fonds des générations soit géré par l’entremise du PGEQ.
« Le bénéfice d’une initiative telle que le PGEQ est indéniable pour le Québec, disait-il. Une firme de gestion qui se voit confier des actifs à gérer pourra soutenir l’emploi de quatre ou cinq personnes, en premier lieu le gestionnaire de fonds et les analystes, mais la firme va également avoir recours à des avocats, des comptables, des vérificateurs, de même qu’aux gens chargés des audits, et c’est pourquoi tout l’écosystème tire profit de l’initiative. »
En octobre 2017, le capital investi au sein du PGEQ est de 258 M$, selon son site Internet. Cet actif, réparti entre deux programmes, est géré par neuf gestionnaires en émergence québécois.
Lors de la création du Fonds des générations, le gouvernement a confié la gestion des sommes accumulées à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) afin de les faire fructifier. La CDPQ est l’un des partenaires du PGEQ. Pour le ministre Leitao, il faut « regarder sérieusement comment maintenir la mission du fonds et nous permettre d’atteindre le ratio dette/PIB souhaité, avec une ouverture qui est quand même intéressante qui consisterait à allouer la gestion d’une petite partie de l’actif à des gestionnaires indépendants. ».
La prudence demeure toutefois le principal mot d’ordre. « Pour nous le Fonds des générations est quelque chose d’extrêmement important. L’objectif avec ce fonds est de diminuer le ratio dette/PIB, alors quoiqu’on fasse, il faut toujours s’assurer qu’on soit très prudent et qu’on ne commence pas à s’éparpiller sur plusieurs enjeux », ajoute le ministre Carlos Leitao.