Panneau de la banque laurentienne
dennizn / 123rf

La Banque Laurentienne a engagé l’an dernier environ 6 millions de dollars (M$) en lien avec le départ de son ancien président et chef de la direction et l’arrivée de sa remplaçante.

En poste depuis le 30 octobre dernier, Rania Llewellyn, âgée de 44 ans, a eu droit à une prime à l’embauche en espèces de 700 000 $, des attributions fondées sur des actions de 1,55 M$ ainsi que des options sur des titres évaluées à 750 000 $, pour des émoluments totalisant environ 3 M$ en 2020.

De son côté, François Desjardins, qui s’était retiré de ses fonctions en juin dernier dans ce qui avait été présenté comme un départ à la retraite même s’il n’était âgé que de 49 ans, n’est pas parti les mains vides. Il a eu droit à une indemnité de départ totalisant 1,7 M$ en plus d’une bonification de 1,3 M$ de la valeur de son régime de retraite.

Ces informations figurent dans la circulaire de sollicitation envoyée aux actionnaires de la septième banque en importance au pays établie à Montréal mais dirigée depuis Toronto, en vue de son assemblée annuelle des actionnaires prévue le 6 avril.

« C’est beaucoup (les 6 M$) pour une banque qui a connu des difficultés au cours des dernières années et également compte tenu de sa taille », a estimé le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), François Dauphin.

Au cours d’un entretien téléphonique, celui-ci a ajouté que ces pratiques de rémunération étaient « malheureusement » fréquentes dans le secteur financier. Il a ajouté que la banque avait probablement été contrainte de respecter certaines ententes du contrat de travail François Desjardins.

En tenant compte de ce qui a été offert à François Desjardins et l’actuelle présidente de la banque, la rémunération globale de la haute direction, qui tient compte des salaires de base et autres incitatifs comme les primes et options sur des actions, s’est élevée à 11 M$ en 2020, par rapport à 8,7 M$ l’année précédente.

À convaincre

Pour justifier le traitement offert à Rania Llewellyn, une ex-haute dirigeante de la Banque Scotia, la Laurentienne a expliqué, dans son document, que son conseil d’administration voulait l’« inciter » à « joindre » ses rangs.

« Le conseil a jugé approprié d’offrir un montant en espèces et un incitatif à long terme pour compenser la rémunération à laquelle elle renonce en quittant son ancien employeur », a-t-on fait valoir, en ajoutant que 75 % du traitement offert à Rania Llewellyn était lié au cours de l’action de la Laurentienne.

François Dauphin n’a pas caché que la prime à l’embauche offerte à Rania Llewellyn était « très généreuse », en suggérant deux hypothèses: la difficulté de recruter la « bonne personne » ou l’impression que Rania Llewellyn était la perle rare pour être en mesure de redresser la performance financière.

Les dernières années ont été mouvementées à la Laurentienne dans la foulée du plan de transformation déployé par François Desjardins, qui s’est traduit par la fermeture et la fusion de succursales ainsi que l’élimination de services au comptoir au profit d’un virage vers le conseil financier et les services numériques.

En 2020, la banque a vu son résultat net fléchir de 34 %, à 114,1 M$, ou 2,37 $ par action. Au printemps dernier, l’institution financière avait également décidé de sabrer son dividende de 40 % dans le contexte de la pandémie de COVID-19.

De plus, pour une deuxième fois en trois ans, un vote sur l’existence du syndicat, sur fond d’allégations de pratiques déloyales formulées à l’endroit de l’employeur, se tiendra à la Laurentienne à compter de lundi. Les quelque 600 syndiqués, qui représentent environ 20 % de l’effectif total de la banque, se trouvent essentiellement au Québec. On en recensait environ 2000 en 2015, avant le déploiement du plan de transformation.

La Laurentienne doit dévoiler mercredi ses résultats du premier trimestre.