Les résultats de BMO ont été minés par les difficultés du portefeuille de prêts. De son côté, la Banque Scotia signale un bénéfice en baisse, mais voit un apaisement du stress financier.
Les difficultés du portefeuille de prêts de BMO pèsent sur ses résultats
Les difficultés du portefeuille de prêts de BMO Groupe financier ont une fois de plus pesé sur ses résultats trimestriels, ce qui a suscité des inquiétudes chez les analystes quant à la possibilité que la banque devienne une exception dans ce cycle de crédit.
La banque a annoncé le 28 août dernier que ses provisions pour pertes sur prêts s’élevaient à 906 M$ pour son troisième trimestre, en hausse par rapport à 492 M$ un an plus tôt, alors qu’elle a affiché un bénéfice ajusté en baisse par rapport à l’année dernière.
Le chef de la direction Darryl White a déclaré que l’ampleur des provisions pour pertes sur prêts ne répondait pas aux attentes de la banque et qu’elle s’attend à ce que ces provisions restent élevées à court terme.
« La combinaison de taux d’intérêt élevés sur une période prolongée, d’incertitude économique et de préférences changeantes des consommateurs a eu un impact aigu », a affirmé Darryl White.
La banque a souligné que si certains segments comme le camionnage et les prêts commerciaux ont été sous pression, dans l’ensemble, la hausse des pertes potentielles n’est pas concentrée géographiquement ou par secteur.
Il s’agit plutôt d’un dénouement général de l’environnement de crédit inhabituel causé par la pandémie, où les emprunteurs qui ont obtenu des taux d’intérêt bas et de l’argent gratuit grâce aux mesures de relance du gouvernement sont touchés par les taux plus élevés et le recul des consommateurs.
« Cela masque beaucoup de problèmes qui peuvent ensuite revenir plus tard », a souligné Darryl White.
Une grande imprévisibilité
Bien que la Banque du Canada ait déjà commencé à réduire son taux d’intérêt de référence et que la Réserve fédérale américaine devrait faire de même bientôt, il faudra du temps pour que la pression s’atténue et certaines entreprises auront des difficultés, a-t-il soutenu.
« Dans certains cas, il est tout simplement trop tard », a-t-il ajouté.
Le chef de la gestion des risques Piyush Agrawal a fait valoir que l’évolution des provisions est difficile à prévoir d’un trimestre à l’autre en raison de l’imprévisibilité accrue.
« Vous traversez un cycle où vous avez une entreprise à vendre avec dix enchérisseurs et tout d’un coup, il n’y a plus personne à la fin, ils s’en vont tous », a-t-il relevé.
L’augmentation des provisions au troisième trimestre a porté le ratio des prêts douteux par rapport aux prêts nets de la banque à 0,5 %, contre 0,21 % il y a un an et 0,41 % au deuxième trimestre.
L’augmentation des provisions au troisième trimestre est survenue après que la banque a également annoncé une hausse inattendue au trimestre précédent, qui a fait chuter le cours de son action de près de 9 % pour la journée. Le 28 août, les actions de la banque ont clôturé en baisse de 6,45 %, à 112,04 $ à la Bourse de Toronto.
Le deuxième résultat négatif en raison de problèmes de crédit a incité l’analyste John Aiken, de Jeffries, à déclasser la banque en raison de la dégradation des perspectives de crédit.
« Bien que nous nous attendions à ce que la croissance sous-jacente des plateformes américaines de BMO s’accélère, nous ne pensons plus qu’elle sera suffisante pour compenser les vents contraires du crédit », a-t-il indiqué.
BMO Groupe financier a réalisé un bénéfice net de 1,87 G$ au troisième trimestre.
L’institution financière a précisé que son bénéfice net s’est élevé à 2,48 $ par action lors du trimestre clos le 31 juillet, en hausse par rapport à un bénéfice de 1,57 G$, ou 2,12 $ par action, un an plus tôt.
Sur une base ajustée, BMO a indiqué avoir gagné 2,64 $ par action au cours de son dernier trimestre, en baisse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,94 $ par action au même trimestre l’année dernière.
Ses revenus ont totalisé 8,19 G$, en hausse par rapport à 8,05 G$ au même trimestre il y a un an.
Les analystes s’attendaient en moyenne à ce que BMO réalise un bénéfice ajusté de 2,76 $ par action au troisième trimestre, selon LSEG Data & Analytics.
Bien que les résultats hors provisions pour crédit aient semblé meilleurs que prévu, cela n’a pas suffi à contrebalancer les inquiétudes concernant le portefeuille de prêts de la banque, a déclaré Meny Grauman, analyste de la Banque Scotia, dans une note.
« Après un revers axé sur le crédit au deuxième trimestre, le marché s’est concentré sur le crédit à l’approche des résultats du troisième trimestre, et il est regrettable que ce soit là que se trouvent à nouveau les problèmes, a-t-il souligné. Le fait est que les craintes que BMO soit en fait l’exception de ce cycle de crédit continueront de peser sur les actions. »
La Scotia signale un bénéfice en baisse, mais voit un apaisement du stress financier
La Banque Scotia a vu ses bénéfices diminuer au troisième trimestre par rapport à l’année dernière, car elle a augmenté ses provisions pour créances douteuses, même si la banque affirme constater un certain apaisement du stress financier des consommateurs canadiens.
La banque a annoncé le 27 août qu’elle avait mis de côté 1,05 G$ pour les créances douteuses au cours du trimestre, un bond important par rapport à 819 M$ un an plus tôt, et une légère hausse comparativement aux 1,01 G$ du trimestre précédent.
Le montant des prêts douteux, ceux dont la banque ne s’attend pas raisonnablement à un remboursement complet, a en fait diminué pour les banques canadiennes au troisième trimestre par rapport au deuxième, passant de 399 M$ à 338 M$.
« Je continue d’être impressionné par la résilience du consommateur canadien pendant cette période, par les compromis qu’il continue de faire », a déclaré Phil Thomas, chef de la gestion des risques à la Banque Scotia.
La tendance se manifeste clairement sur les prêts hypothécaires à taux variable, a-t-il indiqué, qui ont également commencé à bénéficier de la baisse des taux de la Banque du Canada.
La Scotia constate aussi une stabilisation de ses prêts automobiles, un secteur qu’elle signale comme étant sous tension depuis environ un an, a affirmé Phil Thomas.
« J’ai été vraiment encouragé ce trimestre de voir que nous sommes enfin stables en ce qui concerne les radiations nettes dans ce portefeuille, a-t-il déclaré. Un trimestre n’est pas une tendance, mais je suis encouragé par ce que je vois ce trimestre. Et même si je regarde le prochain trimestre, je vois une stabilité dans ces portefeuilles à l’avenir. »
La Banque Scotia a un portefeuille de cartes de crédit beaucoup plus petit que certaines autres banques canadiennes, mais la tendance de sa marge de crédit non garantie ne semble plus s’aggraver, a indiqué Phil Thomas.
Bien qu’elles se stabilisent, les provisions pour pertes sur prêts plus élevées ont pesé sur les bénéfices, qui se sont chiffrés à 1,91 G$ ou 1,41 $ par action pour le trimestre clos le 31 juillet, contre des bénéfices de 2,19 G$ ou 1,70 $ par action il y a un an.
Sur une base ajustée, la Banque Scotia a déclaré avoir réalisé un bénéfice de 1,63 $ par action diluée, en baisse par rapport à un bénéfice ajusté de 1,72 $ par action diluée au même trimestre l’année dernière.
Les analystes s’attendaient en moyenne à ce que la Scotia réalise un bénéfice ajusté de 1,62 $ par action pour le trimestre, selon LSEG Data & Analytics.
Les revenus ont totalisé 8,36 G$, en hausse par rapport aux 8,07 G$ du même trimestre de l’exercice précédent.
Plus tôt en août, la Banque Scotia a annoncé qu’elle paierait environ 2,8 G$ US pour une participation de 14,9 % dans la banque américaine KeyCorp en deux étapes.
Certains analystes craignent que la Scotia consacre beaucoup de liquidités à l’achat d’une plus grande partie de la banque américaine, mais le chef de la direction Scott Thomson a déclaré mardi que l’accord visait à obtenir une exposition accrue aux États-Unis à un bon prix.
« Notre investissement dans KeyCorp représente une approche à faible coût et à faible risque pour déployer des capitaux sur le marché bancaire américain à un moment où les valorisations sont favorables et où l’environnement réglementaire et concurrentiel évolue », a-t-il soutenu.