D’emblée, chers fidèles, je me dois d’implorer votre pardon, car j’ai péché. Je peux bien vous l’avouer, j’ai toujours douté des grands préceptes de ce nouveau prophète de la retraite. Nouveau en 1998, on s’entend ! Je trouvais ses enseignements trop draconiens.

Ceux-ci se résument essentiellement à quatre grandes règles de conduite :

-Ton emploi doit être ton meilleur deal financier, sinon tu le quitteras ;

-Tes cartes de crédit et même ta carte de débit, jamais tu n’utiliseras. Toujours, tu paieras comptant ;

-Ta retraite, tu l’oublieras. Toujours, tu travailleras ;

-Ta mort marquera l’épuisement de tes biens et de tes avoirs financiers.

Aujourd’hui, j’ai honte de le dire. J’ai failli suivre les règles de conduite d’un intégriste. J’étais alors, à mon corps défendant, jeune et naïf ! Depuis, j’ai fait pénitence.

Résolu à avoir une vie meilleure (du moins, certainement pas comme un ascète), j’ai donc continué ma quête de la recette parfaite pour ma lointaine retraite.

Je n’ai jamais perdu la foi. Dieu soit loué, car je l’ai trouvée avec le livre du grand maître Dany Provost. Vous serez même heureux d’apprendre que, grâce à lui, j’ai vécu l’illumination. Un état d’être et un stade de conscience rarement atteint, même par les plus spirituels d’entre vous.

Son livre Arrêtez de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir, publié aux Éditions Transcontinental en l’an de grâce 2005, s’est révélé pour moi comme le livre des livres. Même huit ans plus tard, chaque paragraphe reste bien ancré dans ma mémoire.

J’ai eu le privilège sacré de le lire avant sa publication. Mais ça, je crois que Dany ne l’a jamais su.

Son éditeur de l’époque, un bon ami (que j’avais moi-même embauché au début des années 1990) m’avait alors demandé ce que j’en pensais et si je pouvais commenter l’ouvrage. J’ai tout de suite été conquis par le titre. J’ai même embrassé la doctrine Provost.

Vous aurez compris qu’il était tout à fait normal dans le grand ordre des choses qu’il devienne un jour chroniqueur chez Finance et Investissement.

Du livre de Stephen M. Pollan, je n’ai retenu que le titre. C’est d’ailleurs encore mon but ultime, mourir cassé… mais peut-être pas comme un clou. Du livre de Dany Provost, j’ai fait ma philosophie de vie, mon outil de méditation.

J’ai trouvé dans ce livre tous les principes sur lesquels s’appuie ma stratégie de retraite. Je suis maintenant un homme libéré et heureux de pouvoir jouir sereinement de la vie au quotidien. Dorénavant, je ne planifie pas seulement ma retraite, je planifie mon plaisir. J’ai un équilibre de vie.

Plus qu’une question de sous

Pourquoi est-ce que je vous parle de l’évolution de mon cheminement ? C’est simple. Il y a des jours où j’ai l’impression que tous les Québécois sont obnubilés par leur retraite. Trop concentrés sur l’atteinte de leur ultime objectif monétaire, ils en oublient de vivre le moment présent.

Petite confidence, je n’aurais jamais imaginé qu’un adepte du capitalisme comme moi puisse un jour écrire cette dernière phrase !

Donc, trop concentrés sur la cible monétaire, beaucoup d’homos quebecus ne se préparent pas adéquatement au grand jour. Ils ne se sont pas dotés d’un vrai projet de retraite.

Certes, ils ont un bon plan financier, mais pas de vrais projets. La retraite ce n’est pas juste une question de sous. C’est aussi une question de psychologie. Un état d’âme qui deviendra permanent. Il ne faut pas l’oublier.

Rien de neuf de ce côté. Bon nombre de spécialistes l’ont déjà souligné à maintes reprises, me direz-vous.

Le problème est justement là. On ne fait que le souligner, sans plus. Regardez l’offre de conférences et de formations sur la retraite, la dimension psychologique est cruciale. Elle est pourtant évincée des discussions la plupart du temps (pour ne pas dire tout le temps).

Pour ma part, je dis que les conseillers ont pratiquement l’obligation morale d’intégrer ce volet de la retraite à leur pratique.

Qu’on se comprenne, je ne dis pas que le conseiller doit s’improviser psy du jour au lendemain. Pas besoin de planifier une séance sur le divan avec votre client. Juste quelques questions habilement posées et bien senties afin que votre client prenne une décision responsable.

Je suis convaincu que vous êtes la meilleure personne pour vous assurer que le client en face de vous est fin prêt pour la retraite. Il a besoin de vous, et surtout, il croit en vous.

Imaginez, chers fidèles, vous pourriez vous aussi faire vivre l’illumination à vos clients !

Sylvain Bédard

Éditeur