Les titres à revenu fixe sont habituellement peu excitants, convient Félix Duchaîne, analyste de produits d’investissement chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD). Mais, certains produits peuvent être utilisés de manière stratégique pour donner du oumf à un portefeuille d’obligations.
Il propose deux fonds communs et un fonds négocié en Bourse (FNB), qui ont ceci en commun qu’ils sont axés sur le revenu, tout en offrant une plus grande diversification qu’un indice général d’obligations.
«Ils peuvent représenter un niveau de risque légèrement différent. Mais les obligations du Canada s’échangent à 73 points de base, et les obligations américaines de cinq ans sont à 1,2 %. Si on soustrait les impôts et l’inflation, il ne reste plus grand-chose !» souligne Félix Duchaîne.
1. Fonds à revenu stratégique Manuvie (série F)
Création : novembre 2005
Actif sous gestion (ASG) : 6,8 G$
Ratio des frais de gestion (RFG) : 1 %
Rendement annualisé depuis sa création : 6,78 %
Rendement en 2015 : 5,47 %
Ce fonds commun est une bonne solution pour diversifier un portefeuille de revenu fixe, selon Félix Duchaîne. Le mandat des gestionnaires est assez vaste : ils peuvent investir dans plusieurs catégories d’actif comme des obligations de pays émergents, des obligations à haut rendement et des titres adossés à des actifs. L’actif sous gestion du fonds s’élève à 6,8 G$.
«Le gestionnaire du fonds, Daniel S. Janis III, et son cogestionnaire, Thomas Goggins, sélectionnent les titres qui offrent la meilleure valeur relative et font une gestion active de la devise et du taux d’intérêt», explique l’analyste de VMD.
Au 31 mars dernier, le rendement annualisé du fonds était de 5,7 % depuis cinq ans (par rapport à 4,2 % pour la moyenne de sa catégorie), et de 6,8 % depuis sa création il y a plus de 10 ans. «Il a su entrer dans des actifs risqués et en sortir au bon moment», note Félix Duchaîne.
En 2008, le fonds a connu sa meilleure année, soit un rendement de 21 % réalisé dans un contexte difficile. Depuis, il n’a enregistré que des rendements positifs.
«On apprécie ce fonds pour plusieurs raisons : le rendement qu’il a réussi à générer, l’équipe en place et le processus de sélection de l’actif.» Ce fonds est d’ailleurs très populaire auprès des clients de VMD, souligne-t-il.
2. Fonds de revenu mensuel PIMCO (Canada) F (PMO205)
Création : janvier 2011
ASG : 7,8 G$
RFG : 0,83 %
Rendement annualisé depuis
sa création : 12,3 %
Rendement en 2015 : 2,8 %
PIMCO est le premier gestionnaire d’obligations du monde ; l’actif sous gestion de son Fonds de revenu mensuel s’élève à 7,8 G$. «Ce sont ceux qui ont le plus d’expertise en revenu fixe si l’on considère le nombre d’analystes et de gestionnaires en place. Ils font même des recommandations aux banques centrales», dit Félix Duchaîne.
PIMCO compte en effet quelque 600 professionnels de l’investissement partout dans le monde, qui analysent chaque titre de façon spécifique. «Chez PIMCO, le gestionnaire de portefeuille est un généraliste qui tire profit des analystes auxquels il a accès pour bâtir le meilleur portefeuille global en fonction du risque», souligne l’analyste de VMD.
À 83 points de base, son RFG est concurrentiel, constate Félix Duchaîne. «Son exposition à une augmentation des taux d’intérêt est faible. Si le taux d’intérêt montait de 1 point de pourcentage, l’investisseur perdrait 2,7 %. Et c’est en théorie, car les taux d’intérêt n’évoluent pas de la même façon partout, et ce fonds est mondial.»
De 25 à 30 % de l’actif est constitué de titres de créances hypothécaires, selon Félix Duchaîne. «Ils n’achètent pas de titres de créance au plein prix, donc le niveau de risque n’est pas si élevé et le rendement potentiel est intéressant.» C’est la partie la plus risquée du portefeuille, dont la moitié est composée de titres jugés plus à risque.
«À mon avis, ce fonds s’adresse aux investisseurs qui veulent diversifier une partie de leur portefeuille de revenu fixe. Je ne conseillerais pas d’y investir à 100 %, mais l’épargnant inquiet d’une possible hausse des taux qui veut réduire un peu la duration de son fonds pour se protéger et ajouter du rendement pourrait placer de 15 % à 20 % de son revenu fixe dans PIMCO.»
Le fonds a réalisé un rendement annualisé de 12,3 % depuis sa création et de 4,8 % au cours des trois dernières années, par rapport à 4,5 % et 3,2 %, respectivement, pour l’indice de référence (en date du 31 mars 2016).
3. FINB BMO obligations de sociétés américaines de qualité à moyen terme couvertes en dollars canadiens (ZMU)
Création : mars 2013
ASG : 579,1 M$ (au 20 avril 2016)
RFG : 0,28 %
Rendement annualisé depuis sa création : 3,8 %
Rendement moyen pondéré à l’échéance (au 31 mars 2016) : 3,2 %
Ce FNB reproduit l’Indice Barclays Capital U.S. Aggregate Bond Index. Il est composé d’obligations de sociétés américaines d’une durée de 5 à 10 ans. «Ce FNB couvre la devise. Il n’y a donc pas d’exposition au dollar américain», précise Félix Duchaîne.
Le ZMU, qui détient quelque 450 titres obligataires de sociétés américaines, est récent, mais connaît déjà une bonne popularité, et au 20 avril 2016, son actif sous gestion s’élevait à près de 580 M$. «Il permet d’aller chercher un rendement supérieur pour une duration inférieure, tout en étant plus diversifié que le marché canadien, où les obligations de sociétés sont concentrées dans le secteur bancaire», dit l’analyste de VMD.
Au 22 avril, le ZMU était le FNB canadien qui avait obtenu le plus d’entrées de fonds depuis le début de l’année, soit 318 M$ US, souligne Félix Duchaîne. «On voit un attrait des investisseurs pour des obligations de sociétés américaines de qualité.»
Le rendement à l’échéance est supérieur à l’indice obligataire canadien. Le fonds est plus risqué cependant, car sa duration est de 6,5 ans, mais on peut le combiner à son équivalent ZSU, spécialisé dans les obligations à plus court terme (de 1 à 5 ans), pour réduire la duration globale.
Au 31 mars dernier, le fonds ZMU affichait un rendement annualisé de 3,8 % depuis sa création, par rapport à 3,9 % pour l’indice de référence. Le fonds investit principalement dans les titres de consommation de base, du secteur bancaire et de l’énergie. L’épargnant obtient ainsi une bonne diversification sans s’exposer au dollar américain. «Si vous pensez que le huard peut s’apprécier davantage par rapport au dollar américain, il peut être intéressant d’avoir une stratégie qui couvre la devise», rappelle Félix Duchaîne.
Cela dit, BMO offre un FNB équivalent au ZMU, mais sans couverture de devise, le ZIC. Il existe aussi une version en dollars américains de ce FNB, le ZIC-U.