La quasi-totalité des titres de Wall Street s’effondrait lundi, les craintes liées au ralentissement de l’économie américaine s’aggravant et entraînant une nouvelle chute des marchés financiers dans le monde entier.
L’indice élargi S&P 500 était en baisse de 2,1 % au milieu de la journée, après avoir connu sa pire semaine depuis plus de trois mois. La moyenne Dow Jones des valeurs industrielles perdait 763 points, soit 1,9 %, à 12 h 20, heure normale de l’Est, et l’indice composite Nasdaq reculait de 2,4 %.
Ces baisses ne sont que les dernières d’une vague de liquidation qui a balayé la planète. Le Nikkei 225 du Japon a clôturé la journée de lundi en déclin de 12,4 %, ce qui en fait sa pire journée depuis le krach du lundi noir de 1987.
C’était la première occasion pour les négociants de Tokyo de réagir au rapport de vendredi montrant que les employeurs américains ont ralenti leurs embauches le mois dernier, bien plus que ne le prévoyaient les économistes. Il s’agit de la dernière donnée sur l’économie américaine à être plus faible que prévu, ce qui a suscité la crainte que la Réserve fédérale n’ait trop freiné l’économie américaine pendant trop longtemps en appliquant des taux d’intérêt élevés dans l’espoir d’étouffer l’inflation.
Les pertes subies ailleurs dans le monde ont été presque aussi spectaculaires. L’indice sud-coréen Kospi s’est écroulé de 8,8 %, les marchés boursiers européens perdaient environ 3 % en milieu fin d’après-midi et le bitcoin fondait de 12 %. La bourse de Shanghai a reculé de 1,5 % et le Hang Seng de 2,6 % à Hong Kong. Sydney a culbuté de 3,7 %.
La Bourse de Toronto étant fermée en raison du congé civique l’indice S&P/TSX est resté inchangé.
Même l’or, qui a la réputation d’offrir la sécurité en période de crise, perdait près de 1 %.
Cela s’explique en partie par le fait que les opérateurs se demandent si les dégâts sont si importants que la Réserve fédérale américaine (Fed) devra réduire ses taux d’intérêt lors d’une réunion d’urgence, avant sa prochaine décision prévue pour le 18 septembre. Le rendement des bons du Trésor à deux ans, qui suit de près les attentes de la Fed, est tombé à 3,70 %, contre 3,88 % vendredi dernier et 5 % en avril. Il a plus tard rebondi et est remonté à 3,93 %.
« La Fed pourrait monter sur un cheval blanc pour sauver la situation avec une forte baisse des taux, mais les arguments en faveur d’une baisse entre les réunions semblent peu convaincants, a estimé Brian Jacobsen, économiste en chef chez Annex Wealth Management. Ces réductions sont généralement réservées aux situations d’urgence, comme la COVID, et un taux de chômage de 4,3 % ne ressemble pas vraiment à une situation d’urgence. »
Bien entendu, l’économie américaine est toujours en croissance et une récession est loin d’être assurée. La Fed a été claire sur la corde raide qu’elle a entamée lorsqu’elle a commencé à relever fortement ses taux en mars 2022 : une politique trop agressive étoufferait l’économie, mais une politique trop molle donnerait plus d’oxygène à l’inflation et nuirait à tout le monde.
Après avoir laissé le taux des fonds fédéraux inchangé la semaine dernière, avant que plusieurs rapports économiques décourageants ne soient publiés, le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré que les autorités « disposent d’une grande marge de manœuvre pour réagir si nous devions constater une faiblesse » sur le marché de l’emploi, après avoir porté leur taux principal au niveau le plus élevé depuis plus de vingt ans.
David Mericle, économiste chez Goldman Sachs, estime que la probabilité d’une récession est plus élevée après le rapport sur l’emploi de vendredi. Mais il n’y voit toujours qu’une probabilité de 25 %, contre 10 % auparavant, en partie « parce que les données semblent bonnes dans l’ensemble » et qu’il ne voit pas de « déséquilibres financiers majeurs ».
Néanmoins, les actions des entreprises dont les bénéfices sont les plus étroitement liés à la vigueur de l’économie ont subi de lourdes pertes en raison des craintes d’un ralentissement brutal. Les petites entreprises de l’indice Russell 2000 ont chuté de 2,8 %, ce qui a encore réduit à néant ce qui avait été une reprise pour cet indice et d’autres secteurs du marché en perte de vitesse.
Pour aggraver la situation à Wall Street, les actions des grandes sociétés technologiques ont également chuté, car le marché le plus populaire depuis le début de l’année a continué à s’effriter. Apple, Nvidia et une poignée d’autres valeurs technologiques connues sous le nom de « Magnificent Seven » ont propulsé le S&P 500 vers des dizaines de sommets historiques cette année, en partie grâce à une frénésie autour de la technologie de l’intelligence artificielle. Leur force a été telle qu’elle a éclipsé la faiblesse des secteurs du marché boursier affectés par les taux d’intérêt élevés.
Mais la dynamique des grandes entreprises technologiques s’est inversée le mois dernier, les investisseurs s’inquiétant d’avoir pris leurs prix trop au sérieux et de voir les attentes en matière de croissance future devenir trop difficiles à satisfaire. Les résultats décevants de Tesla et d’Alphabet ont renforcé le pessimisme et accéléré le déclin.
Apple chutait de 3,7 % lundi après que Berkshire Hathaway, la société de Warren Buffett, eut révélé qu’elle avait réduit sa participation dans le fabricant de l’iPhone.
Nvidia, le fabricant de puces qui est devenu l’enfant-vedette d’affiche de la manne de Wall Street en matière d’intelligence artificielle, glissait encore davantage, soit de 6 %. Les analystes ont revu à la baisse leurs prévisions de bénéfices au cours du week-end, après qu’un rapport de The Information ait indiqué que la nouvelle puce d’IA de Nvidia était retardée. L’entreprise a réduit ses gains pour l’année à 104 %, alors qu’ils étaient de 170 % à la mi-juin.
Étant donné que les « Magnificient Seven » sont devenues les plus grandes entreprises du marché en termes de valeur marchande, les mouvements de leurs actions pèsent beaucoup plus lourd dans le S&P 500 et d’autres indices. Nvidia, Apple, Microsoft et Amazon étaient les valeurs les plus importantes du S&P 500.
Dans une version précédente de ce texte, il était mentionné que l’indice S&P/TSX perdait aujourd’hui 500 points. Il s’agit plutôt des chiffres de vendredi dernier, la Bourse de Toronto étant fermée aujourd’hui en raison d’un congé férié.