Même le correcteur d’orthographe français du logiciel Word le souligne en rouge. Ce n’est pas peu dire !

Vous conviendrez avec moi que la situation est pour le moins ironique : arriver avec un mot pareil pour combattre l’analphabétisme en matière de finances.

Les plus fins observateurs d’entre vous auront tôt fait de noter que je parle un mois à l’avance de littératie financière.

Je me permets de vous rappeler que vous tenez entre vos mains l’édition du mois d’octobre. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est le mois de novembre qui a été officiellement nommé «mois de la littératie financière au Canada».

Une deuxième incohérence, selon moi : un seul mois pour parler d’éducation financière, alors qu’on devrait en parler à longueur d’année.

Certains d’entre vous diront que c’est fort respectable quand on sait qu’une seule journée internationale dans l’année est totalement consacrée à la tolérance et à la gentillesse !

Trêve de plaisanterie !

J’affirme haut et fort que cette initiative doit être appuyée et encouragée par tous les acteurs de l’industrie financière à longueur d’année.

Après tout, en agissant de la sorte, les acteurs de l’industrie assurent en partie leur pérennité et ils garantissent votre avenir en tant que conseiller.

Ne soyez pas naïf : une saine éducation financière est la clé de l’indépendance financière. D’ailleurs, de nombreuses recherches le prouvent.

Plus les jeunes et les moins jeunes sont éduqués sur le plan financier, plus il est probable qu’ils aient des épargnes, qu’ils soient propriétaires et qu’ils investissent dans l’économie.

Autant de futurs clients qui viennent gonfler votre actif sous gestion.

Vous comprenez maintenant pourquoi j’applaudis les initiatives comme l’Académie du trésor (lire «La chasse au savoir» à la une de notre édition du mois d’août). Il faut plus d’initiatives de ce genre.

Pour ma part, je me souviendrai toute ma vie du seul et unique conseil que m’a prodigué mon beau-père, un personnage haut en couleur, en matière de finances personnelles : «Dépense moins que ce que tu gagnes, mon Bédard, pis tu vas voir, tu vas ben arriver !»

Pas mal comme conseil. Simpliste et rigolo, vous me direz. Mais vous savez quoi, ça marche ! C’était sa façon à lui de me dire de vivre selon mes moyens.

Comme le souligne Jean-François Guay, planificateur financier chez BMO, en page 31 de la présente édition, «Une seule constante [chez les jeunes] : un immense besoin de coaching, tant sur le plan du budget, de l’épargne et de la consommation que sur celui du choix des produits financiers.»

Vive les cours d’économie

Le coaching, voilà le mot clé. C’est d’ailleurs ce qui me fait dire que je militerais bien pour le retour des cours d’économie au secondaire.

D’autant plus que 99 % des Canadiens ont reconnu dans un récent sondage, commandé par BMO, qu’il est important d’acquérir très tôt de bonnes habitudes financières. Le problème : peu de parents passent beaucoup de temps à discuter d’argent avec leurs enfants.

J’élargirais même le spectre de cette formation et je parlerais d’économie familiale. Car c’est bien de budgéter et d’épargner, mais encore faut-il mieux consommer et bien se nourrir. Mais ça, c’est un autre débat !

Je suis déçu, mais pas étonné le moins du monde, quand je lis des commentaires comme celui que rapporte Suzie Labbé, de la Financière Sun Life (page 31) : «C’est qu’ils tombent souvent dans le piège du premier salaire. Comme ils n’ont jamais eu autant d’argent en poche, ils ont tendance à tout flamber».

Voilà la dure réalité.

Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à d’importants changements dans la pyramide des priorités financières chez la plupart des jeunes.

Pas besoin d’une étude scientifique pour découvrir que le téléphone intelligent et les gadgets technos trônent maintenant au sommet de la pyramide.

Bon nombre d’entre eux allouent de véritables petites fortunes à leur budget techno, un poste budgétaire devenu «indispensable à leur épanouissement personnel et à leur survie dans le monde moderne».

Si au moins les institutions financières étaient aussi efficaces que les sociétés de téléphonie mobile pour faire la promotion de la littératie financière. Nos étudiants seraient peut-être moins endettés !

Sylvain Bédard

Éditeur