«Depuis le début d’avril, je fais une tournée des régions du Québec pour expliquer aux différentes sections régionales l’entente de principe menant au protocole d’entente», précise Mario Grégoire, président de la section lavalloise de la CSF et consultant principal de la CDPSF.
Si la majorité des sections appuient le protocole d’entente, on officialisera la création de la Corporation lors de l’assemblée annuelle de la CSF, le 6 juin prochain. Mario Grégoire est optimiste quant à l’obtention de cet appui.
La CSF soutiendra financièrement la nouvelle organisation au cours des trois prochaines années afin d’assurer la transition. «Le montant est décidé, mais je préfère attendre que nous ayons franchi chacune des étapes avant de l’annoncer», précise Mario Grégoire.
Il souligne que l’aide ne s’élève pas à 300 000 $, contrairement à ce que certains médias spécialisés ont avancé. L’aide financière devrait être régressive au fil des ans.
Pas de cotisation
Une fois que l’organisation sera légalement constituée, les 32 000 conseillers du Québec deviendront automatiquement membres de la Corporation. Ils n’auront pas à payer de cotisation.
Pour remplir les coffres de l’organisation, «nous devrons être créatifs», indique-t-il.
La CDPSF compte offrir des formations payantes. Elle mise aussi sur le développement d’un site Internet où les membres pourront, pour un montant qui n’est pas encore établi, accéder à des formations en ligne et à de l’information privilégiée.
«C’est une forme de cotisation indirecte et volontaire», remarque Mario Grégoire.
La CDPSF souhaite établir des partenariats stratégiques afin que les membres puissent bénéficier d’avantages ou de tarifs privilégiés auprès d’entreprises de télécommunication et de centres d’entraînement physique, entre autres.
Faire bonne impression
Dans les mois qui suivront sa création, «la CDPSF devra se faire connaître de l’ensemble des citoyens pour légitimer son existence», souligne Stéphanie Yates, titulaire adjointe de la Chaire de relations publiques et communications marketing de l’UQAM.
La CDPSF n’aura pas deux fois l’occasion de faire une bonne première impression, ajoute-t-elle. Pour ce faire, l’organisation ne devra pas hésiter à prendre position.
«À ses débuts, une nouvelle organisation de ce genre ne peut pas faire l’économie de relations publiques.»
Le regroupement devrait faire valoir sa connaissance du secteur pour convaincre la population que ses prises de position permettront d’améliorer le fonctionnement de l’industrie et de mieux protéger les épargnants.
«Compte tenu du sentiment de méfiance généralisé à l’endroit des intérêts corporatistes, le principal défi pour une nouvelle organisation est de convaincre les gens que les points qu’elle défend, ses revendications particulières, servent aussi bien l’intérêt public que ses propres intérêts», explique Stéphanie Yates.
«Au Québec, les fraudes mises en lumière récemment et la commission Charbonneau ont pour effet de susciter encore plus d’interrogations et de doutes», dit-elle.
Comment un nouveau groupe d’intérêt peut-il mettre fin à cette suspicion ? En misant sur la transparence, répond Stéphanie Yates.
Pour ce faire, la CDPSF peut se doter d’outils informatiques qui permettent au public de suivre ses dossiers. «De plus en plus, les groupes de pression affichent clairement leurs positions sur leur site Internet.»
«Je m’en tiendrais aux démarches formelles. Je ne ferais pas jouer mes relations personnelles et je favoriserais la transparence plutôt que les démarches opaques», précise Stéphanie Yates. Il en va de la crédibilité future de l’organisation, ajoute-t-elle.
Un des avantages de la CDPSF, c’est qu’elle parle au nom de l’ensemble des conseillers du Québec, souligne Stéphanie Yates.
«Ça favorise l’écoute des titulaires de charges publiques, puisqu’ils savent que les arbitrages et les compromis ont déjà été faits à l’intérieur de l’organisation. Ça donne plus de crédibilité au propos que lorsque plusieurs organisations s’expriment en même temps.»