Toutefois, il faut bien les «magasiner», car la mer des FNB recèle parfois de mauvaises surprises. «C’est une industrie en pleine explosion, dit Philippe Pratte. On a créé des fonds dans des niches très pointues où il y a parfois peu de volume négocié. Ces fonds peuvent avoir une performance excellente, mais leurs titres seront détenus principalement par des mainteneurs de marché, et en sortir peut coûter très cher», explique le gestionnaire de portefeuille.
Ces FNB sont à classer dans la catégorie des «fonds zombies», c’est-à-dire des fonds qui ont attiré peu d’activité d’échange ou peu d’investissements. Ils sont peu rentables pour les manufacturiers. D’ailleurs, en août dernier, BlackRock annonçait qu’il fermait 10 de ses fonds performants – certains avaient eu des rendements de plus de 30 % -, dont les clients ne voulaient pas.
«Dans l’univers des fonds communs, seule la performance compte, explique Philippe Pratte. Dans le monde des FNB, c’est bien différent. Il faut toujours vérifier que le fonds est beaucoup ou peu négocié afin de pouvoir facilement en sortir en cas de crise», dit-il.
Chez Pratte, gestion de portefeuilles, on a pris l’habitude de filtrer les offres de FNB pour ne pas tomber dans le piège des produits «zombies». «Nous regardons toujours le volume de transaction des 30 derniers jours et l’écart entre le prix d’achat et le prix de vente», précise Philippe Pratte.
Il suggère trois fonds de divers manufacturiers, dont le volume moyen de transaction se situe entre 250 000 et 450 000 parts échangées par mois et où les écarts de prix varient de 2 à 3 cents.
1. iShares Core S&P/TSX Capped Composite Index ETF (XIC)
Création : février 2001
Actif sous gestion (ASG) : 2,6 G$
Ratio des frais de gestion (RFG) : 0,06 %
Rendement annualisé depuis sa création : 6,24 %
Ce fonds lancé en 2001 par la firme canadienne BlackRock se négocie avec un écart de 2 à 3 cents entre le cours vendeur et le cours acheteur. «Il compte parmi les FNB les plus populaires du Canada», souligne Philippe Pratte, qui apprécie notamment son écart de suivi (tracking error) particulièrement faible, à 0,67.
Le fonds vise à offrir aux investisseurs une croissance à long terme en répliquant la performance de l’indice S&P/TSX. Il investit principalement dans les secteurs de la finance, de l’énergie et des matériaux de base. Parmi les principaux titres détenus, notons la Banque Royale (RBC), la Banque TD, Banque Scotia et le Canadien National (CN). Le rendement de ce FNB s’établit à 6,24 % depuis sa création, et son ratio de frais de gestion (RFG) n’est que de 0,6 %.
2. BMO S&P 500 Index ETF (ZSP)
Création : novembre 2012
ASG : 2,6 G$
RFG : 0,11 %
Rendement annualisé depuis sa création : 23,89 %
«C’est un fonds non couvert, donc il n’y a aucune protection de devise, mais il offre une grande liquidité», souligne Philippe Pratte. Avec plus de 250 000 parts négociées en moyenne par mois, l’écart entre le cours vendeur et le cours acheteur du fonds oscille autour de 2 cents. «BMO offre un produit qui donne une exposition pure au S&P 500 américain. On peut le détenir de façon passive ou le négocier de façon active», remarque le gestionnaire de portefeuille.
En raison de la baisse du dollar canadien, plusieurs gestionnaires optent depuis quelques années pour des fonds qui offrent une couverture du risque de devise. Or, certains estiment qu’à long terme, le rendement d’un fonds non couvert a de bonnes chances d’être plus élevé. «C’est une décision de gestionnaire, indique Philippe Pratte. Couvrir la devise peut être pertinent ou non, dépendamment du contexte.»
Ce fonds de BMO est principalement investi dans les technologies de l’information, avec des titres d’entreprises telles qu’Apple et Microsoft. Il est conçu pour des investisseurs qui cherchent de la croissance et investit dans les titres les plus liquides des plus grandes sociétés américaines. «C’est un produit tellement négocié qu’on peut y entrer sans montant minium à investir», précise Philippe Pratte.
3. Horizons S&P/TSX 60 Index ETF (HXT)
Création : septembre 2010
ASG : 824,7 M$
RFG : 0,03 %
Rendement annualisé depuis sa création : 6,14 %
Ce produit sert à répliquer l’indice du TSX 60, qui regroupe les 60 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Toronto. Il peut contenir des actions d’entreprise et des produits dérivés comme des accords de swap. Ses frais de gestion sont parmi les plus bas de l’industrie.
«L’objectif est toujours de s’assurer de ne pas tomber dans le piège des FNB zombies, dont l’achat est toujours facile, mais dont la sortie est pénible et coûteuse», dit Philippe Pratte,
Cet aspect est souvent sous-estimé quand vient le moment de choisir un FNB, selon lui. «Il faut faire une vérification diligente plus approfondie et ne pas s’arrêter à la stratégie ou à l’équipe de gestion. Il faut pousser l’analyse plus loin et se dire, « Si j’ai 2 M$ à placer dans un FNB, est-ce que je serai capable d’en sortir à moindre coût ? »» dit le gestionnaire.
Sortir d’un FNB zombie peut être ardu. «Quand vous voulez sortir, vous devez appeler le mainteneur de marché qui vous achète vos parts au prix qu’il veut, alors que dans un produit négocié, c’est la rue qui fixe le prix.»