L’exercice 2012 s’est terminé sur une diminution de revenus de 7 %, suivi d’un premier trimestre de 2013 (achevé en novembre) encore marqué par une baisse des ventes de 6,1 millions de dollars américains par rapport au même trimestre de l’exercice précédent, avec une perte nette de 1,6 M$ US. L’entreprise a toutefois enregistré une remontée de ses ventes à 62,6 M$ US et un faible bénéfice lors du deuxième trimestre de 2013 terminé en février.

L’objectif d’Exfo est de revenir à sa croissance historique au cours des prochains exercices, dit le pdg, Germain Lamonde.

À plus court terme, la direction vise une progression des ventes de 5 % et un bénéfice net variant de 0 à 4 cents américains par action pour l’exercice 2013 qui se terminera en août.

Dans une entrevue accordée à Les Affaires à son bureau de l’usine du parc industriel Vanier qui abrite aussi le siège social, le pdg et président du conseil se dit «très optimiste». Déjà, les commandes en mars ont été très bonnes, soutient-il.

Sa confiance repose à 60 % sur les cinq nouveaux produits que ses chercheurs ont élaboré au cours des 18 derniers mois et qui permettent aux clients d’accéder à des avancées technologiques majeures. Habituellement, les efforts de R-D étaient plutôt concentrés sur deux projets à la fois.

D’importants investissements chez les opérateurs

Les avantages comparatifs de sa «gamme de produits renforcée» arrivent juste au moment où, «après une période d’attente, on sent les opérateurs de réseau revenir» avec des projets d’investissement majeurs.

Cette période de flottement s’expliquait notamment par la crise européenne et le ralentissement en Chine lié au renouvellement des instances politiques, explique Germain Lamonde. Le fondateur de l’entreprise de Québec attribue seulement 30 % de son optimisme à ce changement de conjoncture.

Pourtant, China Mobile a annoncé une augmentation de 50 % de ses investissements annuels dans son service 4G (30 milliards de dollars américains), tandis que AT&T a ajouté 14 G$ US à ses budgets annuels destinés à renforcer son réseau à haute vitesse.

Pour Germain Lamonde, il est évident que les opérateurs de réseau veulent réduire leurs frais d’entretien et d’exploitation et qu’ils sont prêts à acheter des solutions plus coûteuses, mais plus productives. «Ils ont apprécié nos nouveaux produits.»

La stratégie d’Exfo concentre aussi ses efforts sur la gestion des grands comptes. Mettre l’accent sur les 15 plus grands opérateurs de réseau du monde, «c’est long, mais c’est intéressant», dit M. Lamonde.

C’est l’une des clés vers une remontée prévue du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) visant les 15 % des ventes d’ici trois ans. Cette donnée était de 12,6 % en 2011. Le BAIIA a touché un creux de 4,5 % au premier trimestre de 2013, avant de remonter à 7,1 % au plus récent trimestre.

Pas mort, le cuivre

Exfo revendique environ 36 % des parts du marché mondial pour les instruments de mesure d’efficacité des réseaux à fibre optique.

Il y a trois ans, dit son pdg, on pensait que l’ère du cuivre était terminée.

Mais de nouvelles technologies permettent maintenant de transporter sur cuivre jusqu’à 30 mégaoctets d’information par seconde. Le cuivre peut donc prendre le relais de la fibre optique déployée jusqu’à quelques centaines de mètres des résidences. Ainsi, la rapidité du signal augmente sans qu’on ait à «briser les fleurs» pour remplacer le câblage de proximité, explique M. Lamonde.

EXFO EN QUELQUES CHIFFRES

1 700 employés répartis dans 25 pays

2 000 clients

49,9 M$ US en frais de R-D en 2012

56,4 M$ US en encaisse au bilan au 28 février 2013

LES ANALYSTES SONT PARTAGÉS

Les avis des 11 analystes qui suivent le titre d’Exfo sont partagés. Trois d’entre eux recommandent de l’acheter, sept, de le conserver et un seul, de le vendre. Leurs cours cibles varient de 4,00 $ US à 6,50 $ US.

Les écarts reflètent principalement les perceptions divergentes des perspectives d’investissement par les opérateurs de réseaux de télécommunications, grands clients de l’entreprise de Québec.

Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale, estime la performance d’Exfo égale à celle des autres acteurs de son secteur. Mais Exfo reste à son avis soumise à des défis liés aux délais de déploiement des réseaux et à des pressions sur les prix. Il a ramené le cours cible de 6 $ US à 5 $ US.

Robin Manson-Hing, de Marchés mondiaux CIBC, recommande de vendre le titre, établissant son cours cible à 4 $ US. Il croit que l’entreprise de Québec effectue des prévisions plus réalistes, mais ratera ses objectifs pour la deuxième moitié de 2013.

Un des trois seuls analystes à recommander l’achat du titre, Dough Taylor, de Valeurs mobilières TD, parle d’un potentiel de 6,50 $ US. Il attribue la déception du dernier trimestre aux retards budgétaires des opérateurs de réseau. Il table sur les approbations reçues de plusieurs clients pour les nouveaux instruments et sur l’amélioration des commandes en mars.

Steve Arthur, de RBC Marchés des Capitaux, calcule un cours cible à 6 $ US et attribue au titre une performance comparable à celle de son secteur. Il constate une amélioration des marges bénéficiaires par rapport au trimestre précédent.