Le groupe de défense des investisseurs déclare avoir du mal à obtenir du financement de la part des gouvernements, des organismes de réglementation et d’autoréglementation, rapporte BNN Bloomberg. Dans un récent rapport, FAIR Canada affirme ainsi que ceux-ci sont « généralement réticents à fournir un soutien adéquat ».
Pourtant, ils « ont la responsabilité de financer un organisme professionnel de défense des droits des investisseurs qui défende les intérêts des Canadiens ordinaires », fait valoir encore le groupe.
Remettre un don en pleine crise de liquidités
Alors que l’organisme peine à trouver des liquidités, il a dû remettre 2 M$ à la fondation Jarislowsky. La fondation du milliardaire Stephen Jarislowsky avait ainsi donné 2 M$ à FAIR Canada en 2012. Le don était assorti de la date limite du 30 septembre 2014 où le groupe de défense des investisseurs devait remettre le double de la somme initiale.
Voyant que FAIR Canada peinait à remplir ses engagements, la date limite a été repoussée plusieurs fois, pour tomber finalement le 30 septembre 2019. Pendant ces sept ans, FAIR Canada a réussi à obtenir 2 M$ en fonds de dotation de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) en 2014. Cependant, le groupe n’a jamais réussi à obtenir les 2 M$ supplémentaires requis.
« Outre le soutien financier de la CVMO, ces dernières années, les demandes adressées aux organismes d’autoréglementation ont connu un succès limité », explique le groupe dans son rapport.
FAIR Canada s’est notamment tourné vers l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM). Celui-ci a accepté un financement de fonctionnement de 250 000 $ provenant d’un fonds qui perçoit les amendes imposées pour avoir enfreint les règles de l’OCRCVM.
L’organisme de réglementation a ensuite fait valoir que l’OCRCVM avait déjà aidé FAIR Canada lors de sa création en 2008 et avait fait plusieurs donations au fil des années, pour un montant totalisant 4,9 M$. L’OCRCVM a fait valoir qu’il supportait également d’autres groupes qui offrent protection et éducations aux investisseurs.
« Dans l’ensemble, l’OCRCVM veut s’assurer que la voix de l’investisseur est entendue. À cette fin, nous travaillons avec un certain nombre de groupes pour solliciter et comprendre les points de vue de tous les intervenants, y compris FAIR Canada, CARP, Prosper Canada et notre propre groupe national d’investisseurs », fait valoir l’organisme dans un courriel.
Jarislowsky Fraser se retire
Jarislowsky Fraser a quitté le conseil d’administration de FAIR Canada. La fondation explique sa décision en disant ne pas vouloir demeurer associée à une organisation que les commissions des valeurs mobilières et les gouvernements ne soutiendront pas.
« Si je demeurais administrateur, mon association pourrait être lue par le public comme un appui à l’état insoutenable actuel de FAIR Canada », déclare Stephen Jarislowsky. Et, bien qu’il affirme respecter le travail accompli par FAIR Canada malgré ses budgets limités, il estime que la mission du groupe ne devrait pas être accomplie avec des fonds privés comme ceux de sa fondation, car « c’est le travail du gouvernement ».
Selon lui, les gouvernements, les organismes de réglementation et les organismes d’autoréglementation « ont les moyens financiers de permettre à FAIR Canada d’être durable et efficace dans sa mission de défense et de promotion des intérêts et des droits des investisseurs individuels. Ils ont collectivement plus de 100 millions de dollars d’amende. Ils ont maintenu l’organisation en vie, mais ils ne l’ont pas suffisamment soutenue pour lui permettre de réaliser son potentiel ou d’être viable sur le plan opérationnel. »